IX

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 Mon rendez-vous est à 11h. Stressée, je me suis réveillée à huit heures pétante. Je ne me confis pas souvent, encore moins à des adultes. En fait, je ne me confie jamais. Ce n’est qu’un mauvais moment à passer. Une fois prête, j’ouvre la porte de chez moi. L’extérieur m’éblouit ; Il commence à faire bon. Le soleil est sortit, il baigne les passants de sa chaleur. Je reste quelque instants sur le seuil de la porte, j’ai peur. Quelqu’un me tire par la main. Je me retourne. Mon père est là, devant moi. Il me tient par le poignée, il ma fait mal en compressant mon entaille.

-Aïe, tu me fais mal ! Lui dis-je. Il me lâche, se rappelant de mes blessures.

-Ah désolé chérie. Il met son manteau. Tu ne pensais pas y aller en catimini sans ton père ?!

-Non. Lui dis-je, alors que c’était évidement ce que je voulais faire. Il ouvre la porte devant moi. J’hésite, j’ai peur de l’extérieur. J’ai pourtant tout fait pour me sentir à peu près bien ; j’ai mis un sweet assez large pour que mon ventre ne puisse pas trop se voir. Je sors de chez moi. Le soleil inonde ma blanche peau. Je ferme les yeux. Ca y est je suis dehors. Ce n’était qu’un pas mais c’est un bond en avant après plus d’une semaine confiné. Mon père ferme la porte derrière lui. ‘’On y va ?’’ me demande-t-il. Je me met à marcher en guise de réponse. Nous marchons ensemble quelque longues minutes. Le temps paraît s’écouler lentement. Je suis stréssée, je regarde mon sweet pour vérifier que rien ne paraisse tout le temps. Personne ne me regarde pourtant je regarde tout le monde. Ils sont tous là, dans la rue. Un couple marche tranquillement, ils rigolent. Une grand-mère traverse la rue avec sont petit-fils j’imagine, ils sourient. Une femme sort d’un appartement bien habillée, je pense qu’elle vient de passer un entretien d’embauche, elle tient une poignée de main à un homme, elle est contente. Une bande de jeune skate dans la rue, ils s’amuse. Moi, je vais chez le psychologue, je ne souris pas. Je vérifit toujours mon sweet.

-Ne t’inquiètes pas, on ne voit rien. Dit mon père en essayant de me rassurer.

A 10h moins le quart, nous sommes déjà devant chez la psychologue. J’ai peur. J’hésite. Mon père ouvre la porte, on entre. Nous allons à l’acceuil. Un homme est au téléphone, il note sur l’ordinateur quelque chose et raccroche.

-Bonjour, qu’est-ce que je peux faire pour vous ? Nous dit-il. Mon père prend la parole.

-On a rendez-vous avec une certaine Mme Smith.

-Au nom de ?

-Thomas, Adèle Thomas.

-Très jolie prénom ! Un instant. Il se lève et va toquer à un porte qu’il entrouvre peu après. Quelques secondes après, il en ressort. Vous pouvez y aller. Mon père me prend la main, nous échangeons un regard. Il faut y aller. C’est l’heure des confessions. Arrivé dans son bureau, une dame se lève, souriante.

-Bonjour Adèle. Me dit-elle. Vous venez de la part de Rose c’est ça ? Je hoche timidement la tête. Bien, oui, asseyez-vous. On s’exécute. Elle reprend. Alors voilà, si tu es là Adèle, c’est que ça ne va pas si bien. Bravo Sherlock ! Oui effectivement, quand on va pas bien, on va voir un psychologue ! Elle a l’air gentille hein, mais je n’aime pas ça. Voyant que je ne répondais pas, mon père à pris la parole.

-Oui. En fait, on est là parce que ça ne va pas, même pas du tout. Adèle a... a voulu mettre fin à ses jours il y a quelques semaines et…

-Je vois. Et c’est pour ça que tu es ici. Dans ces cas là, je préférerais parler seule à seule avec toi, mais c’est comme tu veux.

-Je, je ne sais pas… Dis-je, timidement.

-Bon, monsieur, si vous pouviez sortir, je pense qu’ Adèle serait plus à l’aise. Merci. Mon père se leva, posa ma main sur mon épaule et partit. L’ais-je blessé en faisant ça ? J’espère pas. Bien, reprit-elle, pour commencer, est-ce que tu pourrais me parler de toi ? Après un temps d’hésitation, j’ouvris la bouche.

-Je, je m’appelle Adèle Thomas, j’ai 17 ans

-Est-ce que tu peux me parler de ta famille?

-Je suis né en 2004, ma mère nous a abandonné après ma naissance. J’ai grandi avec mon père et mon frère. Apparemment, je n’ai pas non plus de grands-parents, enfin, je n’ai pas vraiment cherché. Et j’ai pas d’amis aussi.

-A qui te confies-tu quand ça ne va pas alors ?

-Je ne me confie pas.

-Ce n’est pas la meilleure de chose de tout garder pour soi. C’est une question de confiance ?

-Je sais pas vraiment. Je n’ai jamais vraiment eu d’amis à qui parler. J’ai toujours été la fille seule au coin de la cour qu’on vient embêter quand on a envie.

-Tu t’es faite harceler ?

-Pas vraiment, je n’avais pas envie de, d’aller vers les autres et vice-versa.

-Il y a bien eu une personne qui est venu vers toi un jour non ?

-Ouai, une fois, c’était en CE1. Elle s’appelait Charlotte. Elle est venue m’offrir des bonbons un jour. Elle était jolie avec ses taches de rousseurs. On s’est rapprochées, beaucoup rapprochées. Un jour elle n’a plus voulu me voir.

-Pourquoi ?

-On était vraiment proche vous savez ? J’ai vite compris que je n’étais pas une assez bonne amie. Elle a rejoint un autre groupe et a commencé à dire des trucs pas sympas.

-C’est pour ça que tu ne te fais pas d’amis. Tu ne fais plus confiance.

-Trouver ce que vous voulez, je crois qu’en fait ça m’est égale de savoir pourquoi je ne veux pas d’amis.

-Toutes les relations sont basées sur la confiance. La confiance en soi surtout est la plus importante. On va travailler sur ça, ne t’inquiète pas. J’imagine que vous avez une relation fusionnelle avec ton père et ton frère.

-Ouai. Dis-je avec un léger sourire en coin. Ca c’est vrai.

-Tu ne sais pas pourquoi ta mère est partit ?

-Non, personne ne sait. J’ai rapidement tourné la page vous inquiétez pas pour ça. De toute façon je ne l’ai même pas connu alors…

-Ca reste ta mère. Tu n’a jamais essayé de la retrouver ?

-Non plus.

-Ton père à tout supporter, ça doit être ton héros ?

-Oui, c’est mon héros.

-D’ailleurs, je lui ai coupé la parole avant qu’il parte. J’ai de bonnes raisons pour ça mais il allait dire quelque chose d’autre je crois.

-Ah, oui… Je suis enceinte aussi. Elle me ramenait à la réalité. Elle m’a regardé au niveau du ventre et à continuer de noter sur son calepin.

-Désole, je n’ai pas vu

-C’est fait pour. Dis-je tout bas avant de me mettre sur la défensive. J’étais pas consentante. Lui-dis-je en me triturant les doigts. Je l’ais vu, celui qui m’a fait ça…, je l’ai vu. Il m’a vu, il a souris et j’ai pas pu supporter.

-Tu as voulu te suicider parce que cet homme t’as violé ? A ce moment je n’ai pas pu retenir mes larmes plus longtemps.

-J’ai essayé de me débattre vous savez. Je l’ai supplié tellement de fois… il a rien fait. J’ai pas pu me défendre, j’ai pas pu fuir, j’ai juste attendu que ça s’arrête… Elle m’a tendu un mouchoir, je l’ai pris et a essuyé mes larmes. Vous savez, j’ai pas été très chanceuse dans la vie, mais cette fois c’était trop, j’ai pas pu le supporter, j’arrive pas à oublier, j’y arrive pas… Quand j’ai appris que j’étais enceinte, c’était trop… Je pouvais pas, c’était juste pas possible. Je me suis dit que j’étais perdue, que s’en était finit pour moi. Est-ce qu’on peut vivre après ça ? On meurt à la minute où tout commence.

-Ton père est au courant de ça ?

-Non.

-Tu devrais lui dire tout ce que tu viens de me dire. Elle marqua un temps de pose et repris. Qu’est-ce que tu ressens maintenant ?

-Je sais pas, plus. Ça me hante toujours. Toutes les nuits ça revient dans ma tête… J’y arrive pas.

-Tu n’arrives pas à quoi ?

-A ne pas y penser.

-Un traumatisme ne s’envole pas comme ça. Il faut du temps pour cicatriser.

-Vous ne pensez pas que sept mois c’est assez pour cicatriser ?

-Ça dépend des gens. Si je reprends tout, tu en es à la phase trois. En gros lors d’un traumatisme, il y a quatre étapes pour, pas oublier, je ne dis pas que c’est impossible mais c’est très difficile, bref donc d’abord tu es sous le choc, tu es perdue, anéanti et tu ne comprends pas pourquoi. Deuxième phase qui peut se révéler longue, tu ‘’vis’’, tu es toujours sous le choc mais tu reprends ta vie, fais le deuil. Troisième étape, tu comprends mieux ce qui s’est passé et tu commences à faire le deuil, tu veux t’en sortir. Dernière étape, tu décides de tout faire pour te sentir mieux. Tu en es à la troisième phase où tu commences à te révolter. Ca va peut-être être long mais tu peux t’en sortir si tu le souhaites vraiment et je n’en doute pas.

-Vous, vous le pensez vraiment ?

-Oui absolument. Tu sais, j’en ai vus passé des femmes violées, elles ont toutes finit par faire le bon choix. Tu ne pourras jamais oublier ce qui s’est passé c’est comme ça, mais tu peux décider de t’en sortir.

-Hmm

-Et cet enfant ? Tu lui en veux aussi ?

-Oui, enfin non, en fait, je ne sais pas. Je lui en ai beaucoup voulu quand j’ai appris, mais, je commence à me dire qu’en fait on est juste des victimes.

-J’imagine que tu n’as pas encore réfléchis à la suite.

-Pas vraiment non.

-Bon c’est bien Adèle. C’est bien. Je pense qu’on va s’arrêter là pour aujourd’hui. Ca va aller ?

-Oui.

-Ce qu’on peut faire, c’est se voir une heure par semaine pour continuer tout ça. Ca te va ?

-Ouai ok. Elle s’est levé et posa sa main sur mon épaule.

-On va y arriver. Je lui ai dessiné un faux sourire avant de partir de ce bureau. Mon père était assis dans la salle d’attente. Il s’est tout de suite levé. La psychologue m’a accompagné jusqu’à mon père.

-Bon, on a pas mal parlé aujourd’hui. J’ai proposé à Adèle de venir me voir une fois par semaine. Merci Adèle. Me dit-elle en souriant. Elle rentra ensuite dans son bureau tandis que nous allions prendre rendez-vous la semaine prochaine. A la réflexion, je pense que ça m’a fait du bien de parler. Je n’aurais bien sûr jamais cru dire ça de ma part mais pour être honnête, ça m’a fait du bien. J’ai comme l’impression qu’un léger poids s’est envolé. Ca fait du bien. Nous sortons du cabinet, il fait toujours aussi beau.

-C’est une parfaite journée pour manger une glace non ? me dit mon père, souriant.

-T’as raison. Merci papa. Lui dis-je en déposant un bisou sur sa joue. Il sembla hésiter, puis pris la parole.

-Tu me diras ce qui s’est réellement passé un jour ?

-Oui papa. Un jour. Lui répondis-je. On est allés acheter des glaces juste après : lui au chocolat et moi à la mangue. Et on a regarder le coucher de soleil ensemble.

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