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Il voulait pleurer sans témoin ni explications. Il lui fallait s’assurer que sa femme ne le trouverait pas avant qu’il ait eu le temps de calmer ses larmes.

Va dans la pièce où tout est jalousie, tu y seras tranquille.

Si peu de temps devant et derrière soi et rien de joyeux ne s’annonçait pour les mois à venir. Paul allait devoir affronter tant d’épreuves. Sa femme rongée par le chagrin ; leur maison à peine achetée et bien entendu, ce putain de cancer qui lui grignotait le cerveau tel une chenille affairée sur la plus juteuse des feuilles de chêne de la forêt.

Paul pénétra dans la pièce aux jalousies ignorant l’avertissement de leur agent immobilier.

Pfff ! Après tout je risque pas de pourrir sur place en quelques minutes. Non, ça c’est le petit plaisir que se réserve mon nouvel ami, Monsieur Crabe.

Un frisson d’angoisse lui parcourut la colonne vertébrale.

La pièce dégageait effectivement beaucoup d'humidité sans que cela fût pour autant désagréable. Une douce chaleur régnait dans ce petit espace pourtant sans cesse caché du soleil. Une chaise en bois gisait dans un coin, abandonnée depuis très longtemps contre un des panneaux à jalousies. Elle ferait parfaitement l’affaire pour s’effondrer quelques instants.

— Quel malheur ! Je n’ai que trente-six ans, c’est injuste ! Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? Et Sandra, mon pauvre amour. Je ne veux pas la laisser seule dans cette maison qui ne nous appartient pas encore. Comment est-ce qu’elle va se débrouiller ?

Paul évitait soigneusement de prononcer les mots traitements, mort et enterrement. Toutes ces étapes auraient un coût. Ajoutez à cela les dépenses quotidiennes et le prêt pour la maison, vous obtiendrez une belle tarte à la merde dont vous devrez savourer chaque miette sans rechigner. Son mal allait provoquer beaucoup de dégâts et ne se contenterait pas des ruines de son hôte. Sandra devrait endurer les dommages collatéraux.

— Ouais mais elle au moins elle a la santé !

Ce ton méchant était totalement étranger à Paul. Ses paroles acides lui brûlèrent les lèvres. Comment pouvait-il se montrer aussi cynique et jaloux de celle qui, comme disait la chanson, tous les jours partageait son cassoulet ? Sauf que…

Sauf que dans cette pièce où tout est jalousie, il se sentait en sécurité et ouvert.

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