Petit à petit les choses
« Petit à petit les choses se sont gâtées et je crois bien que les parents de Giuliano avaient en quelque sorte ourdi un complot à mon encontre. Je pensais alors à cette curieuse survivance de la « vendetta », cette sourde vengeance soudée au corps et à l’esprit, qui devient le lieu d’une terrible obsession. Il n’était pas rare que, me levant le matin, je ne découvrisse, clouée contre mon volet, le corps à demi décomposé d’une chauve-souris ou bien, dessinée à gros traits à la peinture, la silhouette de deux couteaux croisés à la lame généreuse, elle aurait pu trancher la carotide à seulement s’appuyer dessus ! »
« Mais comment avez-vous fait pour résister à ces comportements ? Ils devaient vous atteindre dans votre chair même ? »
« J’ai voulu résister, ne nullement donner blanc-seing à de tels actes qui signent le manque de savoir, de recul par rapport aux événements, parfois une noirceur d’âme qui serait à jamais fixée, indéracinable en quelque sorte. Ce sont les personnes les plus âgées qui m’ont le plus attaquée, les jeunes sont bien plus insouciants, leur jugements libres vis à vis des relations dans le couple. J’en étais arrivée à être en fuite de tout et de moi-même. Je fuyais les gens. Je fuyais les rues. Je fuyais la mer et le vol des oiseaux. C’est alors que j’ai décidé de porter cette étrange perruque rose, de ne plus sortir que la nuit, à la chute du crépuscule, aux premières lueurs de l’aube. »
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