Alors, me frayant un passage

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Alors, me frayant un passage parmi les tiges de roseau, tâchant de passer inaperçu autant que faire se pouvait, il ne me fut guère difficile d’identifier « la casa della pazza vicino », elle était reconnaissable entre toutes. C’était une petite maison à un seul étage, toute crépie d’un enduit grossier couleur mastic. Au rez-de-chaussée une porte de bois foncé jouxtait une fenêtre de petite dimension, close elle aussi. Une curieuse échelle meunière, dressée contre le mur, permettait d’accéder à l’étage. Une porte d’entrée basse, sise sous un auvent. Puis une porte-fenêtre avec balcon de bois. Les ouvertures étaient peintes en un bleu métallique qui rehaussait l’impression bizarre de cette façade qui, pour autant, n’était nullement maussade, singulière seulement. Quelques vieux paniers traînaient sur le sol. Des bouquets de plantes sauvages ponctuaient, de leurs taches vert d’eau, la surface de ciment.

   Je fixai mon appareil photo sur un trépied. Je ménageai un étroit corridor parmi les roseaux. Ainsi pouvais-je voir sans être vu. J’étais, en quelque manière, un paparazzo involontaire mais il me fallait ramener quelque chose au Journal. Rentrer bredouille aurait simplement signifié me mettre en quête aussitôt d’un autre Hebdomadaire et j’avais déjà assez bourlingué pour ne pas être disposé à recommencer. Mon guet avait à peine duré une dizaine de minutes que la silhouette de « La folle » s’encadra dans l’espace de la porte du haut. Je n’avais d’autre moyen de la nommer. Je verrais plus tard. Autant que je pouvais en juger à distance, elle arborait une étrange chevelure rose, entre dragée et saumon. Son visage paraissait sans durée bien précise, si bien que je ne pouvais me décider à lui attribuer quelque âge que ce soit. Elle portait un sévère chandail noir moulant qui mettait en valeur un corps fin et sans doute nerveux. Une robe longue, couleur de terre, la drapait jusqu’aux pieds. Des bottines noires, lacées, terminaient son portrait.

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