13. Les conseils de Clémence

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13.     Les conseils de Clémence

 

Madison regardait Clémence qui digérait ce qu’elle venait d’apprendre. Elle finit par lui dire,

— Alors tu vois, quand je te regarde et que je vois comment tu arrives à te faire respecter dans ton couple, moi, je suis prête à prendre tous les trucs que tu pourras me donner !

Clémence éclata d’un rire nerveux, se reprit puis lui dit,

— Tu sais, je n’ai pas toujours été comme cela moi non plus… Et même si ma première fois a été plus tardive, cela n’a pas été dans de meilleures conditions non plus.

Madison était ébahie,

— Ah bon ?!

— Ben… Comment dire, mon premier amant ne m’a pas respectée non plus, j’ai fini par le mettre à la porte de chez moi.

Après un silence, elle reprit,

— Tu sais, pour se faire respecter, il faut d’abord se respecter soi-même Madison. Plus jeune, j’estimais que je  n’intéressais personne, que je n’étais pas quelqu’un d’attirant, avec qui on aurait envie de faire l’amour, que tout cela, c’était de ma faute… Tout cela, ce respect, je l’ai construit en arrivant à identifier mes désirs et mes besoins… Et en rencontrant Christophe qui lui-même avait appris à se respecter. Quand tu sais ce que ça veut dire que se respecter soi-même, de fil en aiguille, tu respectes l’autre.

Voyant la mine un peu perdue de Madison, elle précisa,

— Quand tu sais ce que tu veux, mais surtout, ce que tu ne veux pas, cela te permet de dire à l’autre « non, ça, je ne veux pas » ou « ça, oui, ok, mais à telle ou telle condition », c’est plus clair, pour tout le monde et ça permets d’être à l’aise parce qu’on sait chacun jusqu’où on peut ou veut aller. Et plus la confiance s’installe, plus on peut aller loin dans la découverte de ce que l’un ou l’autre peut proposer comme nouveaux petits jeux par exemple. Je ne sais pas si je suis très claire Mad…

Clémence reprit Madison dans ses bras et lui dit,

— Tu n’as que dix-neuf ans Madison et tu as déjà connu des choses tellement horribles… Je comprends que tu aies des appréhensions, mais celui que tu vises, il est comment ?

Madison eut un petit rire nerveux puis lui dit,

— C’est un collègue de cours, un gars sympa avec qui je fais souvent des labos de dissection. Depuis le début des études, on est quasi tout le temps en binôme pour les travaux à faire, on étudie ensemble, ça se passe toujours bien, il a toujours le mot pour rire et il dit qu’il aime bien mon humour noir.

Elle soupira puis ajouta,

— Mais moi si je lance des vannes bien dégueu, c’est pour qu’on reste à distance de moi, Clémence.

— Tu as peur de commencer une relation, avec lui ?

— J’ai juste l’impression qu’il est noté sur mon front tout ce que j’ai fait avec Nicolas et que, soit il me jugera, soit il me demandera de faire la même chose… C’est ça qu’ils aiment, non ?! Avec Christophe, tu fais les trucs qu’il veut, non ?

— Je… Non… Nous faisons les trucs que nous avons envie de faire tous les deux Madison, chacun demande à l’autre s’il est d’accord… Ce n’est pas la même chose, Christophe ne m’a jamais obligé à faire quoi que ce soit, ou de quelque manière que ce soit ; lorsque nous testons quelque chose, si ça ne plaît plus, à l’un ou à l’autre, on arrête, c’est tout, on ne se force pas… Et ça, depuis le début.

Clémence partit dans ses souvenirs de petite biche effrayée, songeuse et sans regarder Madison, elle glissa,

— Mon ex m’a forcée, je ne voulais pas de ça avec Christophe… Je ne voulais pas de ça, à nouveau.

Elle se reprit, regarda à nouveau Madison et lui dit,

— Parle avec ce copain, dis-lui tes craintes. Avec Christophe, c’est ce que j’ai fait, c’est comme ça que, lui aussi, m’a parlé de ses soucis. Tu sais, ça permet de mettre les choses au clair, dès le début.

— Tu lui en as parlé dès le premier soir ?

— Non, elle sourit, non, là, nous étions tellement tous les deux dans une bulle d’amour inconditionnel que tout s’est bien passé pour tous les deux, c’est après, dans la semaine qui a suivi, quand je me suis rendu compte que j’étais réellement attachée à lui, que mon vécu est remonté à la surface et que nous en avons parlé.

Comme Madison fronçait un peu les sourcils, Clémence lui dit,

— Après lui avoir expliqué les choses et parlé en quelque sorte du dégoût que j’éprouvais pour moi-même, c’est comme si j’avais revécu ma première fois avec lui ; je lui ai donné le feu vert et carte blanche pour qu’il me fasse l’amour… Il a été super doux et à l’écoute. Tu sais, avec lui, j’ai accepté mon corps, j’ai eu envie de lui donner du plaisir, de toute sorte de façon, sans être dégoûtée et sans qu’il n’y ait de geste déplacé.

Madison gloussa et lui demanda, en rougissant,

— Tu parles des pipes, là, non ?

Clémence rosit un peu et lui répondit,

— Oui… Entre autres.

— Mais… Tu aimes faire ça ?

— Les fellations ?

— Oui.

— Eh bien… Oui… Avant, ça ne me tentait même pas d’essayer, je trouvais ça dégueu aussi, mais avec Christophe, c’est venu spontanément… C’est moi qui le lui ai proposé, j’avais envie de tester des choses… J’avais envie d’essayer.

— Ah bon, et quoi, t’étais pétée ou quoi ? T’as bu un verre pour oser le faire ?

— Non, totalement sobre, mais aussi totalement en confiance avec lui ; il m’a laissé faire, à mon rythme, il m’a prévenu quand il allait arriver, il m’a demandé ce que je préférais à ce niveau.

Clémence sourit en y repensant,

— Il avait peur que je sois dégoûtée de son « goût »… On en a déjà discuté, tu sais et c’est le plaisir de voir que j’aime lui faire ça qui l’excite encore plus. S’il venait à me forcer où à s’enfoncer plus loin que ce que j’accepte, ce ne serait plus la même chose entre nous.

Soudain, Clémence se saisit puis dit à Madison,

— Mais euh… Je… Tu ne dis pas à Christophe que je t’ai raconté ça hein ?!

Madison passa ses doigts devant sa bouche, mimant une fermeture éclair et lui fit un clin d’œil.

— Je ne dirais rien t’inquiète.

Elle soupira,

— Ça me rassure un peu, tu sais…

Clémence la regarda avec des yeux interrogateurs,

— Ça me donne de l’espoir, peut-être que j’arriverais à construire un jour quelque chose de beau avec quelqu’un de bien.

Elles terminèrent la soirée à parler de choses plus légères puis allèrent se coucher, il se faisait tard et Christophe devait arriver tôt samedi matin.

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