14. Les envies de Christophe

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14.     Les envies de Christophe

 

Un matin d’octobre, Clémence se réveilla en sentant Christophe lui caresser l’intérieur du bras, il s’était visiblement réveillé avant la sonnerie du réveil qui ne s’était pas encore enclenché. Elle ouvrit les yeux et lui dit,

— Bonjour toi, bien dormi ?

— Oui, très bien dormi.

Elle se tourna et se colla contre lui, il l’accueillit dans ses bras et lui caressa le dos. Elle le sentit soupirer et lui demanda,

— Qu’est-ce qu’il y a Christophe, tu soupires…

Il la serra contre lui,

— Oui, c’est parce que je suis bien là, avec toi… Et que ça fait neuf mois qu’on est ensemble nous deux.

Elle sourit contre lui, puis se décolla de lui pour lui répondre,

— Déjà, oui… Et moi, je suis toujours aussi bien avec toi.

Il lui caressa à nouveau l’intérieur du bras et lui demanda,

— Dis, il agit combien de temps, l’implant que tu as ?

— Oh, ne t’inquiètes pas Christophe, il agit jusqu’à trois ans ! N’aie aucune crainte de ce côté-là, pas de risque que je tombe enceinte avant deux ans où avant un éventuel retrait.

Elle s’étendit pour se réveiller complètement puis le regarda, il était toujours couché sur le côté, mais il semblait songeur. Intriguée, elle lui demanda,

— Qu’est-ce qu’il y a Christophe ?

Il sortit de sa réflexion et lui dit,

— Quoi ?

— Ben, je ne sais pas, justement, tu es tout bizarre ce matin…

Il souffla puis lui demanda,

— Tu n’aurais pas envie de le faire retirer ?

— Faire retirer quoi Christophe ?

Elle le regarda, ne comprenant pas de quoi il voulait parler.

— Mais… L’implant.

Clémence resta sans voix puis, très étonnée lui répondit,

— Écoute, nous en avions discuté en mars, nous n’étions pas prêts, ni toi ni moi… Six mois ont passé, d’accord, mais je ne sais pas… Faire un enfant… Il faudrait qu’on soit plus stables, non ?

— Tu trouves que nous ne sommes pas stables ?

Il paraissait étonné par sa réponse, le voyant réagir, elle précisa sa réflexion,

— Non, pas dans ce sens-là, mais, au quotidien, tu vois ?

— Non… Je ne vois pas…

— Écoute, si nous devions avoir un enfant, il serait judicieux, je trouve, que nous vivions ensemble… Quotidiennement, tu vois ?

— Mais, on vit quasi quotidiennement ensemble, non ?

— Oui, mais toujours la semaine chez moi et le weekend chez toi… Tu imagines imposer ça à un bébé ? Il faudrait tout en double ; planche à langer, petit lit…

Il prit une grande respiration et s’exclama, soulagé,

— Ah oui, vu comme ça… Eh bien, ce serait l’occasion de savoir si nous pourrions envisager de vivre très concrètement ensemble, nous deux.

Elle sourit,

— Oui, ce serait l’occasion, mais comme je te l’ai déjà expliqué, je paie toujours l’emprunt pour mon appartement.

— On pourrait y vivre ensemble, au début, non ? On y a déjà nos petites habitudes de vieux couple, je trouve.

— De fait, oui, elle sourit franchement, si venir habiter chez moi, officiellement, ne t’effraye plus autant qu’au début de notre relation.

Il embrassa la main de Clémence qu’il avait dans la sienne et lui dit,

— Tu n’es pas Sophie et je te fais entièrement confiance, Clémence.

Cela la rassura, se souvenant de leur première discussion à ce sujet, puis, elle rebondit,

— En même temps, si tu songes à m’inviter à me faire enlever l’implant et qu’une grossesse arrive rapidement, mon petit appartement de 55m2 ne conviendra plus vraiment.

— C’est vrai, nous pourrions regarder ce qui nous plaît tous les deux et choisir notre futur nouveau « chez nous » ensemble. Et comme tu le proposais à l’aube de notre relation, mettre ton appartement en location pour te permettre de rembourser ton premier emprunt.

— Je vois que tu te souviens bien de notre discussion de l’époque Christophe…

— Mais oui, je t’écoutais, même si j’avais des appréhensions, tu te souviens…

— Oui, et heureusement qu’elles ont disparu ces appréhensions…

Elle se pelotonna à nouveau contre lui et lui glissa,

— Je propose de regarder les sites immobiliers ce weekend, quand nous serons chez toi, en attendant, il faut qu’on se lève pour aller bosser, non ?

— Oui, de fait…

 

 

***

 

  

La petite discussion qu’ils avaient eue le matin même préoccupa Clémence toute la journée.

Elle ne comprenait pas trop d’où cela pouvait venir ; s’ils faisaient un bébé, il serait désiré, ils seraient à deux pour le chouchouter… Non, autre chose la tracassait.

Finalement, c’est en croisant sa sœur sur l’heure du midi qu’elle eut un déclic ; elle appréhendait de rencontrer les mêmes problèmes que sa sœur ; des fausses-couches à répétition.

Le soir même, il s’en ouvrit à Christophe ; un peu timidement, elle lui dit,

— Dis, j’ai réfléchi à la possibilité de tenter une grossesse Christophe.

— Et ? Je te vois soucieuse, tu trouves que ce n’est pas le bon moment ?

Elle le rassura vivement,

— Non, non, ce n’est pas du tout ça, c’est moi…

— Euh, c’est toi… C'est-à-dire ? Je ne comprends pas en fait.

— Ben, c’est que, comment dire…

Il haussa les sourcils en signe d’attente et d’étonnement face à son hésitation.

— En fait, j’ai peur de ne pas savoir tomber enceinte !

Il fronça les sourcils et lui demanda,

— Mais… Il y a quelque chose que je devrais savoir, tu as été voir le médecin ? Elles viennent d’où ses craintes ?

— De ma sœur.

— De ta sœur ?! Explique-moi parce que là, je suis largué !

— Non, en fait, j’ai peur de connaître la même chose que ma sœur ; cinq fausses-couches avant d’avoir Ludo.

— Aaah ça !

Visiblement soulagé, Christophe continua,

— Ouf, dis, moi, je croyais que tu allais m’annoncer que tu avais une malformation de l’utérus ou un truc du style.

— Non, ce n’est pas ça, mais bon, si je n’ai que des fausses-couches, ça reviendra au même, si ce n’est avec à chaque fois un espoir qui s’écroule.

Il la prit dans ses bras et lui dit,

— Eh, de toute façon, avant de faire des plans sur la comète, il faudrait d’abord qu’on essaye, non ?

Elle rit, un peu nerveusement, mais acquiesça,

— Oui, c’est vrai… Si ça se fait, je tomberai enceinte de jumeaux dès le premier mois du retrait de l’implant !

Il rigola à son tour puis quelque chose dû traverser son esprit parce que tout d’un coup, il sembla songeur.

— Qu’est-ce qu’il se passe Christophe ? Tu es où là ?

— Ici, avec toi…

Il avait retourné son attention vers elle et la serra fort dans ses bras après lui avoir embrassé le cou.

Une fois qu’il la relâcha, elle lui caressa la mâchoire et lui dit,

— Je sais que quelque chose te tracasse, tu as envie d’en parler ?

Il soupira puis l’invita à s’asseoir dans le divan. Une fois installés, il lui dit,

— Tu te souviens l’état d’esprit dans lequel j’étais après avoir croisé Sophie au supermarché ?

— Oui, et ?

— Je l’ai croisée plusieurs fois au supermarché par la suite et je n’ai plus connu ce sentiment.

— Tant mieux, mais… Tu la rencontres souvent au supermarché ? Quand nous y allons ensemble, nous ne sommes visiblement jamais tombés sur elle…

— Non, je crois qu’elle m’évite quand elle voit que je suis avec toi.

— Mmh oui… Et ?

— Tu te souviens de Jérémy ?

— Comment ne pas s’en souvenir…

— Lui, je l’ai revu un soir que je revenais d’avoir été chez Romain, le cousin qui a déménagé avec sa nouvelle copine.

— Oui, je vois la période où tu avais aidé Romain, c’était il y a quelques semaines… Et ?

— Eh bien, je suis tombé sur Jérémy… Enfin non, Jérémy est tombé sur Romain et moi prenant un verre en terrasse, Jérémy était ivre et m’a balancé qu’il pensait que j’étais le père des jumeaux de Sophie.

Clémence se redressa et hurla,

— Quoi ?!

— Et cool ! Il était mort bourré Clem !

— Oui, mais quand même ! Il se basait sur quoi pour dire ça Christophe ?

Clémence ne se contrôlait plus, elle sentait des larmes monter au bord de ses yeux… Des enfants qui lui tomberaient de ciel, comme ça, alors qu’elle-même avait des craintes quant à sa fertilité…

— Clem, calme toi, j’ai demandé à Sophie, tu sais, entre le rayon poissonnerie et la boulangerie, l’air de rien…

Vivement, Clémence lui demanda,

— Et quoi ? Elle en dit quoi ? 

Étonné de la réaction de sa compagne, il la rassura immédiatement,

— Eh, Clem, ils ne sont pas de moi ! Sophie me l’a confirmé ; nous avons refait les calculs ensemble, ils ont été conçus au moins deux mois après la rupture, je dirais même trois mois vu qu’ils sont nés un peu plus tôt que prévu.

Visiblement soulagée mais un peu honteuse de son comportement, Clémence lui dit,

— Écoute, je suis désolée d’avoir réagi comme ça, mais ça m’a foutu la frousse… Je la voyais déjà te réclamer une pension alimentaire et te les coller en garde alternée une semaine sur deux !

Il rigola en entendant ses craintes puis lui expliqua,

— Ça n’arrivera jamais, Clem. Elle m’a expliqué qu’elle avait lancé ça à Jérémy pour le faire mousser lors de l’une de leurs disputes puis qu’elle lui avait bien prouvé par A + B qu’ils étaient de lui et les choses se sont tassées.

— Mais quand même, utiliser ses enfants pour nourrir les disputes et les rancunes d’un couple !

— Oui, je sais, ça fait écho pour toi.

Elle pelotonna contre lui et lui souffla,

— Oui, c’est tout à fait ça… Je trouve cela tellement petit et mesquin…

Elle se redressa et lui demanda,

— Et les enfants, ils ont assisté à ça ? Ils ont entendu ce qu’elle a dit à Jérémy ?

— Je ne sais pas, j’espère pour eux que non…

— Si ça se fait, ils pensent que tu es leur père…

Il se mit à rire puis lui dit,

— Mais non… Allez, on repasse à nous deux, on ne pense plus à eux !

Il la chatouilla,

— Donc, tu envisages de tomber enceinte de jumeaux, c’est ça ?

— Euh, non… Pas spécialement, un à la fois me suffira, je crois !

— Mmh… Que dirais-tu d’une répétition générale avant l’extraction de l’implant ?

Elle gloussa de rire puis lui dévora le cou de baisers. Ils finirent la soirée repus d’amour.

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