8. Tante Valérie

6 minutes de lecture

8.     Tante Valérie

 

Christophe s’approcha de sa tante, elle avait une bonne tête de plus que Mathilde, plus svelte. Elle devait bien avoir dix ans de moins. Blonde alors que Mathilde est brune, un air de famille, tout de même. Clémence se saisit lorsque Valérie la prit dans ses bras en hurlant.

— Enfin, je vous rencontre ! Ma sœur et mon beau-frère m’ont tant parlé de vous ! Clémentine, c’est ça ?

— Non Clémence, c’est Clémence.

Clémence observa Mathilde lever les yeux au ciel et André soupirer en regardant la scène.

— Oh, Clémence, Clémentine, c’est la même racine.

— De fait…

— Oh ! Je suis heureuse de voir en chair et en os celle qui a enfin sorti mon neveu de son célibat ; je n’y croyais plus, hein Christophe !

Elle tenait Clémence par les épaules, s’éloignant un peu d’elle pour la détailler physiquement, la scannant intégralement.

— Bon Tante Valérie, intervint Christophe, ça fait longtemps que tu n’es plus passée ici, que nous vaut cette visite ?

— Aaah ! Christophe, je suis amoureuse et je vais partir vivre en France très bientôt !

Elle lâcha Clémence pour se tourner vers son neveu,

— Bientôt ?

— Oui, dès que la maison sera vendue, Robert et moi avons déjà trouvé notre nid d’amour dans le sud de la France.

— Ah… Et Madison ?

— Mais c’est pour ça que je suis là, je venais proposer à Mathilde de la reprendre, comme il y a douze ans.

— Ah oui ?!

— Oui, écoute, elle ne serait ici que les weekends, la semaine, elle est à l’université. Elle pourra récupérer la chambre qu’elle avait à l’époque…

— Non, cette pièce n’est plus une chambre.

— Oh ! Ah, mais…

— Et oui, à force de décider avant de te renseigner, comme à ton habitude, voilà à quoi ça mène ; Madison devra dormir dans le salon.

Valérie fut contrariée de la réponse de son neveu, cela se voyait, son sourire actuel était feint.

Clémence observa Mathilde qui avait du mal à cacher un vrai sourire, elle. André s’était, lui, carrément retourné pour cacher son sourire franc. Madison, elle, était gênée et regardait le sol, ses yeux étaient brillants des larmes qui commençaient à poindre.  

Clémence proposa discrètement à Madison et Mathilde,

— On n’irait pas préparer du café ou du thé ?

Mathilde sauta sur l’occasion pour quitter la pièce avec Clémence et sa nièce,

— Oui, venez avec moi, j’ai aussi quelques biscuits.

Elles passèrent toutes les trois en cuisine, Christophe continuait à faire la conversation avec sa tante tout en ayant un sourire en coin lorsqu’il vit les trois femmes filer hors de la pièce.

Une fois dans la cuisine, Mathilde se confondit en excuses auprès de Clémence ;

— Je suis vraiment désolée Clémence ! Ma petite sœur a parfois un côté abrupt.

— Parfois ? S’indigna Madison.

— Madison, il s’agit de ta mère ! Gronda Mathilde.

— Oui et justement tantine, une mère qui dépose sa fille comme un paquet sans lui demander son avis !

— Tu ne veux pas venir ici ? Demanda Mathilde. Une pointe de tristesse filtrait dans le ton de sa voix.

— Mais non, c’est pas ça tantine, tu sais que j’aime bien être ici, c’est la façon dont elle me ballotte, comme elle l’a toujours fait… Qui me fait mal.

Mathilde prit Madison dans ses bras, cette dernière se laissa aller et versa une petite larme qu’elle écrasa vite.

— Désolée, Clémence, dit Madison, ce n’est pas glorieux dans la famille.

— Ne t’inquiète pas Madison, toutes les familles ont leurs secrets et leurs cadavres dans leurs placards.

— Oui, mais quand même…

En se retournant vers sa tante, Madison expliqua,

— Dis, tantine, en haut, on a discuté et on a pensé au bureau comme point de chute pour moi… Mon ex-chambre étant devenue un dressing.

Mathilde prit de temps de réfléchir à la proposition alors qu’elle rassemblait quelques tasses puis décréta,

— En fait, oui, c’est une bonne idée. Il nous faudra débarrasser l’endroit, mais il y a de la place, et en plus, c’est un peu excentré et près de la porte d’entrée, tu seras chez toi.

Madison souriait, elle était un rien plus relaxée ; une solution viable pour elle se profilait à l’horizon.

— Ouf… Je respire ! Mais il faudra effectivement aménager tout ça, lança Madison.

Clémence sauta sur l’occasion et proposa vivement,

— Et si on profitait de cette journée pour aller voir les magasins de déco ?  

Mathilde et Madison la regardèrent un peu perplexe. A voir leurs mines, Clémence ajouta,

— Euh… Oui, c’est pour éviter à Christophe d’être trop exposé à sa tante… Enfin… Je ne sais pas, je propose…

Mathilde explosa de rire, Madison sourit.

Clémence regarda Madison et demanda,

— J’ai fait une bourde ?

Mathilde se reprit et lui dit,

— Non, ne t’inquiète pas, je comprends tout à fait, et il faudrait même qu’on y retourne pour l’aider un peu.             

Comme les trois femmes revenaient avec du café et quelques biscuits, elles découvrirent Valérie, seule, dans le salon.

— Ah, vous êtes là ! Les hommes sont partis dans le bureau ; Christophe a proposé à André d’aménager votre bureau pour donner une chambre à Madison.

Mathilde déposa les tasses, Clémence fit de même avec le café. Après avoir ajouté le plateau garni de biscuits sur la petite table de salon, Madison proposa,

— On va voir ?

— Pff, vas-y, si tu veux Madison, moi, je me sers une tasse de café ! Décréta sa mère.

— Moi, je vais voir en tout cas, dit Clémence, Mathilde ?

Tant Mathilde que Madison lui emboîtèrent le pas, avec, toutes les trois, un sourire en coin.

Arrivant à proximité de la pièce en question, elles entendirent André et Christophe rigoler entre eux.

Clémence passa la tête dans la pièce et demanda,

— On peut entrer ? Tante Valérie n’est pas avec nous…

— Alors entrez ! Lança André.

Toutes trois trouvèrent la place d’entrer dans cette pièce que Madison estimait petite. Christophe le lui fit remarquer.

— Tu vois Madison, on est cinq dedans et il y a encore de la place… Et sans avoir déblayé !

— Oui, je constate… Et ça me plaît !

Mathilde et André discutèrent, un peu à l’écart, de l’endroit où déplacer ce qui encombrait la pièce, Clémence rejoignit Christophe. Il la prit par la taille, sans rien dire, mais en la couvant amoureusement du regard. Finalement, il lui glissa au creux de l’oreille,

— Ça va ? Pas trop perturbée par cette rencontre ? En tout cas, je trouve que tu as vite trouvé la parade pour lui échapper en filant dans la cuisine.

— Oui, désolée, je t’ai laissé tout seul face à elle…

— Il y avait mon père aussi… Je lui ai assez rapidement proposé d’évaluer les possibilités que pouvait donner cette pièce, elle a préféré rester au salon.

— Encore une preuve qu’elle n’en a pas grand-chose à faire de l’endroit où échouera sa fille…

— Oui, c’est vrai…

Il regarda vers Madison qui restait dans un coin de la pièce et lui fit signe de venir près de lui, elle se rapprocha. Christophe la prit par les épaules et lui dit,

— Tu vois Madison, tu pourras avoir une chouette chambre ici.

Madison soupira et lui dit,

— Oui, merci Christophe… Heureusement que vous êtes là pour moi, tes parents et toi, vous êtes super !

 Au même moment, André indiqua au reste du groupe,

— Bon, c’est ok, il y a parfaitement moyen de transformer la pièce en chambre, mais il faudra prévoir des travaux pour l’aménagement.

— Et pour la décoration, rajouta Mathilde, tu veux quel genre de chambre Madison ?

— Ah… Euh… Ben, j’ai pas d’idée précise, là, comme ça, tantine…

— On pourrait aller en centre-ville pour te donner des idées, proposa Clémence.

— Oui ! Cria presque Christophe qui pouffa de rire en se rendant compte du ton qu’il avait eu.

— Eh bien, lui dit Mathilde, tu caches très mal le fait que tu n’as pas envie de rester près de ta tante !

— C’est vrai maman, mais zut quoi, c’est toujours pareil avec elle !

— Je sais…

— Ok, c’est ta sœur, mais là, je n’ai vraiment pas envie… Je propose plutôt de prendre Madison avec nous pour aller en ville.

— Et quoi, vous nous laisseriez, seuls, André et moi, avec elle ? Répondit Mathilde en souriant.

— On peut y aller tous ensemble, tenta Clémence, elle aime faire les boutiques de déco ?

— Ouf ! Non, pas ça Clémence ! Lança Madison, ne fait surtout pas de shopping avec elle… Enfin, sauf si t’es complètement masochiste !

— Pourquoi ?

— Elle tentera d’imposer ses goûts à elle, pour tout, dit doucement Mathilde. Elle a bien cette tendance-là, aussi, hélas.

— Oh… Vous allez devoir rester avec elle, André et toi… Ça ira ?

Mathilde ne put s’empêcher de rire… André répondit,

— Je crois qu’elle ne restera plus très longtemps, surtout si elle n’a plus de public.

Mathilde lui fit une petite moue boudeuse… Il parlait de sa sœur quand même… André lui sourit en disant,

— C’est vrai non ? Elle a besoin d’avoir un public depuis toujours… Et nous deux, elle ne nous considère plus comme un public à sa mesure.

Mathilde souffla et fini par dire,

— Oui, c’est vrai, je le sais bien.

Les trois autres s’étaient faits discrets et attendaient que les aînés proposent la marche à suivre pour le reste de la journée.

Ils décidèrent alors d’envoyer la jeune génération en ville et se firent tous rendez-vous pour le goûter dans un salon de thé du centre-ville. 

— Comme ça, je ne lâcherais pas ma petite sœur tout de suite… Mais vous trois, vous serez plus à l’aise et vous pourrez déjà trouver des idées pour l’aménagement.



Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Dolhel ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0