Chapitre 1. La fête

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La fête de Jacques, pour ses quarante-cinq balais, battait son plein. Il avait invité sa famille, ses amis et quelques collègues. En tout, ils étaient une petite centaine de convives. Il faisait bon en ce mois d'avril, ils pouvaient donc profiter également de l'extérieur. Les enfants jouaient sur la balançoire, les fumeurs s'aéraient en extérieur sur des mange-debouts et le DJ avait déjà commencé à officier.

Vers vingt-deux heures, Anaïs alla se resservir en dessert. Le buffet était magnifique. Tous ça ira probablement se stocker dans ses cuisses, mais bon... Il faut savoir vivre de temps en temps. Elle ira faire quelques longueurs de plus à la piscine dimanche matin, et voilà ! En passant près de la porte-fenêtre, elle vit son homme discuter avec plusieurs personnes. Dès qu'il avait un peu bu, il recommencait à fumer. Malgré cette mauvaise habitude, elle le regarda tendrement. Michel était toujours à l'aise avec les autres. Il entamait facilement la conversation et trouvait des sujets de discussions communs. Elle n'était pas du genre timide, mais elle ne se liait pas aussi facilement que lui.

Dehors, Michel parlait justement d'elle à Alexis, un collègue policier de Jacques. Ils venaient de se découvrir une passion commune pour les voitures, le premier collectionnait les modèles réduits et le second restaurait des ancêtres. Michel expliqua qu'il n'avait jamais participé à un rallye touristique parce que sa femme, Anaïs, n'aimait pas tellement être copilote et préférait conduire. Au contraire, Alexis adorait ça, mais en tant que pilote ! Un jour, si l'occassion se présentait, ils iraient en faire un ensemble. Michel vit sa compagne passer avec une nouvelle assiette remplie de dessert. Il sourit en se disant que son régime avait tenu seulement deux semaines. Selon lui, elle n'en avait absolument pas besoin. Il la trouvait toujours aussi belle et désirable. Mais quand Anaïs avait quelque chose en tête, inutile d'essayer de lui faire changer d'avis.

Un peu avant minuit, Anaïs proposa à Michel de rentrer. Elle était fatiguée et ses connaissances étaient déjà parties. Il ne restait déjà plus que quelques amis et collègues de Jacques.

- Noooon, mais reeeste. On s'amuse bien !

- Je suis vraiment fatiguée. J'aimerai rentrer, insista Anaïs.

- Moi, je veux rester, bouda Michel.

- Mais je peux pas te laisser dans cet état là ! T'es bourré, mon coeur. Comment tu vas rentrer si je pars maintenant ?

- Je peux le ramener quand la fête sera finie, si vous voulez, intervint Alexis qui avait entendu la conversation.

Il n'habitait pas très loin de chez eux et n'avait pas bu. Anaïs accepta la proposition. Son mari ne risquait rien avec un flic sobre ! Elle lui donna leur adresse et partit l'esprit tranquille.

Après son départ, le DJ passa "Les lacs du Connemara" de Michel Sardou et les garçons se retrouvèrent sur la piste à sauter dans tous les sens et à faire une grande farandole ensemble. Michel, d'ordinaire peu démonstratif, se mit à danser comme jamais. Alexis n'était pas en reste, même s'il n'avait toujours pas bu. Il contempla Michel qui se lâchait complètement. Après s'être déhanché comme des fous, les deux hommes avaient besoin de prendre l'air. En sortant, Michel empoigna une boutelle de vin traînant par là et ils se réfugièrent sur les balancoires, que les enfants avaient quittés depuis longtemps.

Ils discutèrent de tout et de rien, refaisant le monde comme s'ils se connaissaient depuis toujours. Au troisième verre de vin, Alexis se dit que Michel avait probablement bu bien plus que de raison. Il renversa la bouteille par terre "par accident".

- Ho nooooon. Y a plus ! Dit Michel en se levant, avec la ferme intention d'en prendre une nouvelle.

- Je pense que tu n'es plus en état. Vaut mieux s'arrêter là.

Michel tituba quelques pas de plus, se prit les pieds sur les dalles de la terasse et se rattrapa comme il pu à Alexis. Ces deux âmes, qui ne s'étaient jamais croisées auparavent, se regardèrent sans prononcer une parole. Seule la chanson de Céline Dion "D'amour ou d'amitié" vint perturber le silence qui s'était installé entre eux. A cet instant, le temps s'arrêta, personne d'autre n'existait au monde. Troublés, leurs lèvres s'approchèrent, se frôlèrent... Michel mit brutalement fin à leur étreinte et courut vers les toilettes, pour vomir tout ce qu'il avait ingurgité de la soirée.

- Je crois qu'il est l'heure pour toi de rentrer, dit Alexis qui l'attendait derrière la porte avec un verre d'eau.

- Merde. J'en ai mis sur ma chemise, râla Michel d'une voix pâteuse.

- J'ai des fringues de rechange dans le coffre. Attends-moi ici.

Alexis revient avec un t-shirt et aida Michel, en équilibre précaire sur ses jambes, à retirer sa chemise. Il aurait aimé laisser ses mains se balader sur ses poignées d'amour, jouer avec la fine toison de son torse, mordiller son cou... Il se retint. Malgré le "presque baiser" sur la piste de danse, c'était un homme marié. Alexis avait déjà été trompé par le passé et ne voulait pas faire vivre cela à quelqu'un d'autre. Il ramena donc chez lui son nouvel ami, sain et sauf. A partir de la porte d'entrée, Il devrait se débrouiller seul pour grimper les escaliers. Alexis rentra chez lui en essayant d'oublier cette soirée magique.

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