Chapitre 2. Les lendemains

3 minutes de lecture

Le lendemain matin, Anaïs laissa dormir son mari qui était rentré à pas d'heure. Il allait avoir besoin de toute la journée pour s'en remettre. Passé quarante ans, les lendemains de veille sont bien plus difficile à gérer. Elle l'avait entendu restituer le reste de son repas dans la salle de bain à son retour. Heureusement qu'il avait bien visé, elle n'aurait pas à nettoyer. Cela faisait quand même quelques années qu'il ne s'était plus mis une murge pareille. Comme elle s'y attendait, il avait fallu attendre le milieu de l'après-midi avant que cette marmotte ne daigne sortir du lit, la tête chiffonée et les yeux pas totalement en face des trous. Elle l'obligea à boire beaucoup d'eau ; rien de mieux pour faire passer une cuite. Michel lui raconta le reste de sa soirée, en passant sous silence certain détail.

- Il faudra absolument remercier cet Alexis de t'avoir ramené.

- Bho. Je ne crois pas que c'est nécessaire.

- Ha si ! Il n'était vraiment pas obligé. Demande à Jacques son numéro pour que je puisse lui dire merci, insista Anaïs.

Le couple allait devoir attendre avant de faire les remerciements, le fêté était toujours au fond de son lit. Le lendemain, Anaïs pu remercier vivement Alexis de son aide lors de la fête et lui proposa de venir manger à la maison un soir de sa convenance. Le policier refusa poliment, la récompense était trop importante par rapport au simple fait d'avoir ramené Michel sain et sauf. Anaïs insista. La jeune femme avait envie de revoir ce bel homme. Elle n'avait pas tellement eu l'occassion de discuter avec lui, mais elle le trouvait charmant. Alexis finit par accepté, ne voulant pas être impoli.

Michel avait écouté la conversation d'un air distrait, mais n'en avait pas perdu une miette. Il ne savait pas ce qu'il ressentait. Il était content à l'idée de revoir l'homme de l'autre soir, enthousiaste même. Pourtant, il avait peur d'une confrontation. Il n'avait pas oublié qu'ils avaient failli s'embraser, et surtout qu'il avait du s'arracher, à contre coeur, pour mettre fin à ce moment. Il ne voulait pas tromper sa femme, il l'aimait terriblement.

Le rendez-vous avait été pris pour le samedi suivant. Gentleman, Alexis avait apporté des fleurs pour la maitresse de maison et une bouteille de vin à déguster durant le repas. Assez vite, la conversation tourna de nouveau vers leur passion commune. Anaïs n'y comprenait rien, mais adorait les voir discuter. Alexis était tellement séduisant et son homme... resplendissant. Lorsqu'elle se leva pour faire la vaiselle, ils proposèrent leur aide.

- Non, ne vous tracassez pas. J'ai besoin d'une dizaine de minutes de calme sans entendre parler de voiture, dit-elle en rigolant.

- Hooo je suis vraiment désolé. Je monopolise la parole, s'excusa Alexis.

A son retour, ils firent l'effort de changer de sujet. Michel apporta le dessert, un tiramisu qu'il avait préparé dans la matinée.

- Huuum Michel ! Mais c'est un régal, s'exclama Alexis à la première bouchée. Bon alors... Parlez moi un peu de vous deux ! Je veux tout savoir.

- On s'est rencontré il y a un peu plus de dix ans. Via Jacques justement, expliqua Anaïs.

- Le monde est petit ! S'amusa Alexis.

- Comme tu peux le voir : pas d'enfant, pas de chien, pas de chat ! Continua-t-elle.

- Ho. Et, sans indiscrètion... Je peux savoir pourquoi ?

- Ça met des poils partout, dit Michel pince-sans-rire.

Alexis éclata de rire.

- Et toi alors ? A part le fait que tu sois policier, on n'en sait pas beaucoup plus sur toi ! Dit Michel.

- Et bien... Pas marié, pas d'enfant mais trois chats !

- Divorcé ? S'interrogea Anaïs.

- Non. J'ai vécu une histoire difficile, il y a quelques années. J'ai mis du temps à m'en remettre. Je me suis focalisé sur le boulot pendant longtemps. Et puis... l'occasion ne s'est jamais présenté comme on dit.

- J'espère sincèrement que tu trouveras l'amour encore une fois. Ma vie ne serait pas tout à fait équilibrée si je n'avais Anaïs à mes côtés, dit Michel en regardant amoureusement sa compagne.

- Votre amour est vraiment beau à voir. Bon... Je n'aurai pas dit cela il y a quelques années. Mais maintenant, j'ai fait mon deuil. Je pense effectivement être prêt pour la perle rare, dit Alexis en souriant à Michel.

Ce dernier se sentit troublé par les dernières paroles de son ami. Il prétexta de débarasser le couvert pour s'éclipser quelques minutes. Il observa Anaïs, qui souriait à leur convive. N'avait-elle pas compris le sous-entendu ? Mais y avait-il vraiment un sous-entendu ? Il n'en était pas certain finalement.

La soirée toucha à sa fin dans la bonne humeur et Alexis rentra chez lui. Heureux d'avoir revu Michel, mais avec un petit pincement au coeur tout de même. Il était clair que cet homme aimait sa femme. Il allait devoir l'oublier et passer à autre chose.

Annotations

Vous aimez lire Léa Labranche ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0