Poète

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Un soleil radieux accompagnait leur route. Ils voyageaient en bordure de montagnes, leurs chevaux avançant d’un pas tranquille. Sur la droite murmurait un clair ruisseau, bordé de fleurs sauvages aux tons pastels. Au-delà s’étendaient des champs d’orge et d’avoine, dont les épis légers se balançaient dans la brise. À leur gauche commençaient les pentes rocailleuses, d’un beau gris anthracite, régulières et lisses, accueillant quelques brins d’herbes et un ou deux sapins. Au point de convergence des contreforts de pierre, les sommets présentaient leurs neiges à l’éther, reflétant la blancheur des nuages et l’éclat des rayons.

« Regarde, Azzur ! Un renard ! »

Elle lui désigna le petit animal qui avait traversé le sentier qu’ils suivaient, puis sauté par-dessus le ruisseau, et qui à présent disparaissait entre les épis d’orge.

Le jeune homme sourit.

« Un instant fugace qui deviendra un joli souvenir. commenta-t-il.

- Tu fais de la poésie ? s’amusa-t-elle.

- Pas spécialement. Je profite de ce moment.

- Tu dois en vivre souvent de semblables, n’es-tu jamais lassé ?

- Je ne me pose pas la question. Si je voyage, ce n’est pas uniquement pour les grandes cités et les fastes humains. Je fais aussi attention à ce genre d’éclairs, qui agrémentent mes périples.

- C’est de là que tu tires ton inspiration pour jouer au beau parleur ? plaisanta-t-elle.

- En partie. » confirma-t-il avec un joli sourire.

Ils poursuivirent leur chemin quelques minutes encore, puis il annonça :

« Il est temps de faire une halte.

- Enfin, soupira-t-elle, je vais pouvoir me dégourdir les jambes. »

Ils arrêtèrent leurs montures et mirent pied à terre. Elle fit quelques pas, les jambes raidies d’avoir passé tant d’heures en selle. Il resta debout près des chevaux, tenant leurs rênes. Il la regarda s’approcher du cours d’eau et se baisser pour y tremper la main.

« Elle est toute fraîche, c’est agréable.

- C’est la récompense du voyageur, répondit-il, apprécier doublement les petits détails de la vie. »

Elle se releva et se tourna vers lui.

« Tu es vraiment d’humeur poétique, aujourd’hui.

- Peut-être. Mais qui ne le serait pas par une si belle journée et en si charmante compagnie ?

- Tu vas me faire rougir, fit-elle mine de protester, viens plutôt te rafraîchir au lieu de raconter n’importe quoi.

- Si tu veux. »

Il attacha les chevaux à un arbre à côté, déposa son luth contre le tronc, et la rejoignit. Ils s’assirent dans l’herbe au bord du courant. Comme elle quelques instants auparavant, il testa la température de l’eau.

« En effet, remarqua-t-il, elle n’est pas désagréable.

- Si ce ruisseau avait été une rivière, j’aurais aimé m’y baigner. déclara-t-elle.

- Et les règles de la bienséance, Astrée ? réagit-il d’un air faussement réprobateur.

- Dit celui qui badine depuis tout à l’heure.

- Chercher à faire plaisir à une dame n’est pas un crime bien grave.

- Tout dépend de l’auteur des compliments.

- Sous-entendrais-tu que mes intentions sont condamnables ?

- Non, je te connais, et je sais ce que tu as en tête. »

Tous deux sourirent. Ils demeurèrent quelques instants silencieux. Elle commença à cueillir des pâquerettes pour en faire un collier, et il lui offrit un coquelicot. Ils profitaient de ce moment de détente, savourant leur liberté, heureux d’être ensemble, simplement, comme le seraient deux enfants. Quelque part dans le lointain, un rougequeue noir se mit à chanter. Il ferma les yeux un instant, se basant uniquement sur ses autres sens pour percevoir ce qui l’entourait. Le souffle ténu et régulier du vent, la caresse des brins d’herbe sur ses doigts, le chuchotis du ruisseau sur les galets, le parfum sucré des fleurs, et le bruit à peine perceptible des mains d’Astrée s’activant autour des tiges. Cela faisait une éternité qu’il n’avait pas pris le temps de se poser, et cette sensation était apaisante.

Il rouvrit les yeux. La jeune femme nouait une pâquerette aux pétales teintés de rose. Quand elle eut terminé, elle ferma le collier et le lui montra.

« Quelle belle œuvre d’art, sourit-il, je connais plus d’un orfèvre qui serait jaloux de ton talent.

- Tu crois que ton cheval va le manger si j’essaye de lui mettre ?

- Tu peux toujours essayer. »

Ils se levèrent et rejoignirent les montures. Elle parvint sans problème à passer sa création autour de l’encolure de l’équidé.

« Alors, demanda-t-elle à Azzur, qu’en penses-tu ?

- J’ai là un fier palefroi. Il va falloir que je te rende la pareille, sinon ta haquenée va être jalouse.

- Tu sais faire des colliers de fleurs ? s’étonna-t-elle.

-Et bien d’autres choses encore. acquiesça-t-il.

- Tu es décidément plein de surprises. »

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