Nom d'un marin d'eau douce !

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Fin d'après-midi, il me fallait trouver des toilettes. Après nos adieux au Randy , son capitaine nous a recommandé un arrêt au Fisherman's Wharf ; petit endroit touristique où se balader et se restaurer. Ne tenant plus tant j'avais l'impression que ma vessie allait rompre sa poche des eaux, Can a marchandé avec le propriétaire d'une confiserie. C'est donc sur ce valeureux motif de dignité, que je me suis retrouvée culotte aux chevilles à me soulager dans un modeste espace privé, à l'arrière d'une boutique.

En témoignage de ma profonde gratitude pour le commerçant, j'ai acheté de quoi remplacer mon sachet vide de graines de tournesol. Presque rien. Mon poids en bonbons, à peu de grammes près... Les mains dans les poches, aussi immobile qu'une étendue d'eau, Can n'a pipé mot toute la durée de mon pillage de gourmandises sucrées. Néanmoins, son silence ne m'a dispensé de son attention verrouillée sur l'accumulation des sachets à mes pieds, ni d'un échange de regard complice teinté d'amusement avec le vendeur.

Le tiroir-caisse de ce dernier généreusement approvisionné par mon porte-monnaie, l'Aventurier lui a exposé une dernière requête : une photo avec moi en compagnie de mes achats compulsifs. Le commerçant s'est prêté au jeu, comme Kurk précédemment lorsqu'au retour, le capitaine m'a confié les commandes de son navire. Une part de bonheur immortalisé dans un cliché. Gouverner le Randy a été génialissime !

En temps normal, je n'aime pas user de la serviabilité des autres. Mais puisque nous étions entourés de magasins de souvenirs, j'ai consulté Can pour évaluer la possibilité que l'on étire encore un peu notre présence ici. Sans aucun projet urgent - ou excuse recevable - pour le reste de sa journée, il m'a suivi dans ma recherche de babioles à ramener pour mes proches.

Le crépuscule règne à présent sur Monterey lorsque l’on passe les portes d'un petit bistrot local à la carte alléchante. Si mon expérience n'a plus rien à prouver du peu de critères requis à mon estomac pour se nourrir, ce lieu pourrait bien être le premier à condamner mon appétit. Ce n'est pas tellement sa vétusté, d'après l'état piteux des banquettes ou l'épaisse couche de poussière sur les lustres. Ni la décoration outrageusement chargée d'objets en rapport avec la pêche, à commencer par ce surprenant filet suspendu au plafond, les cordages tout autour du comptoir ou encore cette réplique grandeur nature d'un espadon flippant harponné sur un mur. Mais sitôt que l'ambiance me parvient, elle m'agresse. L'ivresse des clients et leur attitude imbriaque me mettent mal à l'aise. Radicalement inconfortable. Principalement parce que je ne sors jamais et que je suis bien trop coincée pour ce genre de spectacle, la preuve en est du fiasco de la soirée des Enfers où m'a traîné Elly. Je grimace à la vue de deux pintes se frapper l'une contre l'autre, des projections de bières se renversant au sol. Les deux hommes à qui elles appartiennent ne semblent plus en état de contrôler leurs gestes. Ils ne sont qu'un vague aperçu de ce que nous nous apprêtons à affronter. Une espèce de pressentiment s'empare de moi et de mes pieds cloués au sol.

— On peut aller ailleurs, doit y avoir des restaurants plus conventionnels dans le coin, me glisse mon accompagnateur à l'oreille.

Et prendre le risque de passer pour une fille précieuse ? Can a assez partagé de son temps pour que je fasse la difficile. J'en suis à espérer qu'ils soient tous assez grisés pour nous porter le moindre intérêt.

— Celui-ci fera l'affaire.

Mes jambes reprennent leur avancée jusqu'à ce qu'un sexagénaire me heurte durement l'épaule alors qu'il fonce en direction de la sortie.

— Pardon p'tite, mais faut pas rester dans l'passage comme ça, balbutie-t-il en s'allumant une cigarette, le regard aviné, sans nous dispenser d'une hygiène buccale rudimentaire.

Je change d'avis et opère une marche arrière quand l'Aventurier dresse un bras devant moi.

— Alors quoi ? Tu vas vraiment laisser un vieillard décider ce qui est le mieux pour ton estomac insatiable ? Tu as convenu vouloir manger ici, non ? Ces hommes sont probablement des anciens marins du port, je suis presque certain que Kurk est l'un de leur compère. Vraisemblablement, se sont devenus des piliers de bar un peu bourrus, mais ils m'ont tout l'air de brailler plus que de chercher des ennuis.

Il n'a peut-être pas tort, si ce n'est celui assis sur une chaise à l'écart, la mine mauvaise. Son regard lubrique balaye mon corps de manière suggestive. Sans perdre de vue son sourire ne laissant aucun doute sur l'immoralité de ses pensées, une frayeur sourde crispe mes membres.

— Ce type ne te fera rien, continue-t-il. Premièrement, parce qu'il n'est pas en état de le faire et deuxièmement, parce qu'il serait crétin d'agir en présence de ton mec.

Je me tords le cou, atteins son regard et le questionne de deux sourcils courbés à l'excès. C'est alors qu'il coince les sacs en plastiques dans une seule main en échange d’attraper la mienne et d'entrelacer nos doigts.

— Peu importe son degré de danger, tout comportement jugé louche requiert de la prudence. Suis-moi.

Can file en direction du comptoir et m'invite à le suivre de près par son geste. Même si l'individu se présente inoffensif de par le litrage d'alcool qu'il a dû s'ingurgiter, l'Aventurier tient à le garder éloigné. Il nous commande le menu du jour additionné de deux bières. L'individu douteux se retrouve assis dans notre dos.

— Hey... psssittt ! Toi, la jolie brune ! Fais pas semblant de n'pas m'entendre poupée. C'ton gars avec toi ? Non parce que, r'garde un peu comment j'suis cochon. Regarde poupée, j'ai fait tomber de la soupe sur mon pantalon. T'veux pas m'aider à arranger ça ? Oh, allez... r'tourne toi que je vois ta jolie bouche me sourire.

Après ce speech répugnant, le type se met à me siffler. Ses bruits de bouche sont carrément obscènes ! Mon petit ami de substitution accentue sa prise autour de mes doigts. Nos bières servies sur le comptoir, Can lâche ma main, récupère nos boissons et à ma grande consternation, les déposes sur la table de l’ivrogne. Une fois les paquets abandonnés au sol, il se laisse tomber sur la chaise en face du type et m’ attire sur ses genoux. Son geste inattendu est succédé par une anomalie de mon cerveau ; un clignement répétitif de mes yeux. Sourire rusé rallongé d'un clin d'œil, Can plonge l'avant de son bras dans un sachet puis en ressors un long spaghetti acidulé.

— En attendant l'arrivée de nos plats, tu veux grignoter bébé ?

Le ton caricatural qu'il emploie me soutire un ricanement. Mais je ne ris que trois secondes. Parce qu'à la quatrième, l'Aventurier des Enfers entreprend de glisser le bonbon entre mes lèvres avant d'y mettre l'extrémité entre les siennes.

— Hey l'cow-boy, t'vois pas qu't'es à ma table là ! aboie le type de sa voix caverneuse. Eh, t'm’entends ! T'fous quoi ? T'vas pas la galocher d'vant moi l'ami ?

Pourtant, c'est bien parti pour être le cas si Can continue d'entamer cette friandise. L'un de ses bras longe le bas de mes reins tandis que son autre main repose sur ma cuisse. Lentement, son buste s'incline en avant. Ma vue est en train de méditer sur cette bouche se rapprochant dangereusement de la mienne... Machinalement, je ferme mes paupières. 

— Nom d'un marin d'eau douce, Henry, r'met moi un verre et dépêche-toi de servir les deux jeunes mariés avant qu'le cow-boy fasse un p'tit à sa poule !

Maudit soit cet ivrogne ! À la seconde où il s'est levé de table, Can a tiré sur l'élasticité du spaghetti. Désormais segmenté, je mâchouille ma part avec la sensation contrariante que l’on me fixe. Puis comme une gifle d’esprit, j’intègre avoir gardé les yeux fermés ! À vitesse éclair, j’envoie à nouveau valser ma faculté d’égarement en les ouvrant en grand. Me confronte alors un regard où se mêle l'amusement à la réflexion. Une hypothèse le taraude. Facile, l’Aventurier vient de piger que j’étais prête à le laisser gagner mes lèvres. Mais il la garde muette, sans doute pour ne pas franchir une limite. Notre précédente conversation quant à sa faculté de m'intimider où ses questions trop audacieuses doit lui revenir en mémoire.

— Jeunes gens, voici votre repas. Pardonnez ce vieux grincheux aux manières parfois canailles. Baptisé Haddock, c'est un vétéran de la mer qui flirte encore avec l'espoir de séduire une jolie souris. Tous les soirs ou presque depuis des années, Haddock est assis à ce coin de table. Toujours le même repas, le même verre à son nom dans lequel carbure la bière et les mêmes fourberies. Bon appétit les amoureux.

Ledit Henry délaisse notre compagnie pour vaquer derrière son bar après nous avoir apporté un plat typique de la région. Une soupe de palourdes servie dans un gros pain rond auquel on a retiré la mie pour y verser le potage. La présentation est grossière, l'aspect ne fait pas saliver, mais ça a l'éloge d'être local. Heureusement, la nourriture à la grandeur d'âme de balayer mes grands moments de solitude et remettre mon humeur au vert.

Je saisis mon verre, quitte le confort des cuisses de Can et part m'installer devant mon assiette, sur la chaise dorénavant libre.

— Alors, qu'est-ce qu'on en pense de ce plat, Championne ?

— Qu'il n'a pas fière allure. Elly te dirait qu'il n'est même pas Instagramable. Cependant, l'odeur met en appétit. Je pense reconnaître le parfum du poireau et à la couleur, il est probable d'y trouver de la carotte. Voyons voir... Bingo ! Du poireau et... du céleri aussi ! Attends, y a un truc fumé... comme du lard. Can, l'esthétique ne fait pas honneur à ce... Comment tu appelles ce truc hideux déjà ?

Un infime sourire tente de se dissimuler derrière une cuillère de soupe.

Suis-je si comique ?

— Le Clam Chowder. On porte un toast à cette journée ?

— Pour ma part, je porte mon verre aux Randy au pluriel !

Je n'en reviens toujours pas que le bateau portait le prénom de mon père. Se pourrait-il vraiment que ce soit lui qui m'envoie un signe du destin ?

— À toutes les femmes que tu vas honorer ou inspirer avec cette campagne, coupe-t-il le fil de mes pensées.

— Ne dis pas n'importe quoi, je suis juste l'illustration du contenu.

— Ce n'est pas l'impression que donnait la guerrière en côte sur le navire...

Je trinque et avale quelques grandes gorgées. Tout ça pour éviter l'impact que ses yeux en pointe de flèche peuvent avoir sur moi.

— La vache ! Cette bière a combien de degrés ? Tu m'étonnes que ces hommes tanguent autant que leur embarcation !

Cette fois, il ne tente pas de dissimiler son sourire. Non, l'Aventurier va même jusqu'à lâcher un éclat de rire.

Ce dîner est un étouffe-chrétien, entre le pain et l'épaisse soupe un peu trop relevée en sel, j'étanche ma soif avec une deuxième bière. Nous ne parlons pas beaucoup, mais je présume que pour une conversation, il faut être deux. Or, j'ai tendance à les esquiver avec mon voisin d'en face.

— Si je te posais des questions, tu y répondrais ? je demande hésitante.

— Je pourrais essayer, Championne.

— Ok, dans ce cas, je te propose quelque chose. À chaque réponse que tu voudras bien me donner, je te délivrerais une vérité de mon choix.

— Ça me semble honnête. Deal.

Can pose sa cuillère, s'accoude sur la rambarde de droite, replie sa cheville sur son autre cuisse et glisse un cure-dent entre ses lèvres. C'est certainement la posture que je redoute le plus chez lui. Il n'a rien à envier aux investigateurs, son regard plein de malice est opérationnel, surentraîné pour psychanalyser des jeunes filles innocentes.

Moi, en l’occurrence.

— Je t'ai demandé une fois pourquoi tu voyageais autant, mais j'aimerais comprendre maintenant comment un tatoueur obtient-il un CV défiant toute concurrence ? Ne te méprends pas, je veux dire par là que tu ne visites pas seulement des pays, tu y travailles. Je sais que tu as été photographe, mais Elly m'a raconté que tu as aussi été marin, puis œuvré pour des missions humanitaires. Avoue tout de même que ce n'est pas commun comme choix de vie.

— J'ai vécu auprès de mon oncle et Karen depuis l'âge de mes six ans. Enfant unique, j'étais déjà débrouillard et Ibrahim incarnait l'homme libre même marié et travailleur acharné. Il a été bien plus qu'un représentant légal, je le trouvais charismatique et toujours juste. Je n'avais connu que la Turquie et me suis confronté à une autre langue, une autre culture, mais Karen me répétait que j'étais un enfant facile, qui s'adapte et s'intéresse aux choses qui l'entourent. Ils m'ont élevé comme un fils avec des valeurs telles que celles du travail, l'altruisme et la permission de rêver. Mon admiration pour mon oncle n'a fait que s'accroître. J'aimais sa philosophie et il a compris rapidement que je ne serais pas l'homme d'un seul continent. Plus tard, est né le refus d'un choix. Pourquoi s'enfermer dans un seul métier ? Plutôt que de les opposer, j'ai souhaité les superposer. Cette façon d'envisager ma vie professionnelle était ma source d'épanouissement personnelle.

— Karen et Ibrahim sont un couple très dévoués aux autres. Je m'en suis rendu compte peu après mon arrivée. J'ai vu et entendu à quel point ils étaient fiers de toi. Can Özkan, je tiens à vous avouer vous avoir mal jugé. Il se peut vous avoir même qualifié d'explorateur se donnant bonne conscience en intervenant à l'occasion au Bebek, qui ne bosse que deux mois par an et... incapable de se trouver un toit seul.

Je souris en me remémorant ma conversation du premier jour avec Elly. Lui ne fronce pas un sourcil, pas même une ombre de mécontentement. Non, tous les reproches où défauts que je peux lui balancer depuis le début lui passent au travers.

— Et maintenant ? Comment Arizona Sawyer me qualifierait-elle ?

— C'est bien essayé, l'Aventurier, mais c'est...

— L'Aventurier ? s'esclaffe-t-il.

— Mais c'est toujours moi qui pose les questions.

— Tu me dois toujours une vérité.

J'aime son assurance et sa répartie, nos échanges m'amusent.

— Tu te souviens du moment où je t'ai dit avoir mes raisons pour venir en Amérique, et qu'aucune d’entre elles n’impliquaient à devenir une serveuse de ton expérience, ni à me mélanger à l’élite des quartiers huppés ?

— Difficile de ne pas m'en souvenir, Championne, tu me l'as scandé comme le slogan d'une manifestante exaltée.

— Pas du tout ! Bref, ma venue ici est le résultat d'un challenge personnel. Contrairement à toi, je me complais dans une routine que je maîtrise d'une main de maître. Pour te mettre dans le contexte, je possède deux agendas identiques, l'un est en papier et l'autre est électronique. Ils me garantissent l'assurance du bon déroulement de mon programme journalier. Je suis le genre de personne qui planifie chaque journée des semaines à l'avance, je ne laisse aucune place aux imprévus. En septembre, je devrais abandonner mon statut d'étudiante et recommencer une nouvelle routine consacrée au monde du travail. Ça me laisse deux mois pour faire une incartade à ma ligne de conduite habituelle. Seulement, je ne suis pas comme la guerrière que tu as décrites ce matin... je crains l'inconnu. Faire les choses seules me terrifie. Pas glorieux, hein ? Jérémy m'a soutenu en s'infligeant son propre challenge. Nos objectifs nous ont demandé à chacun six mois de préparation. Le mien était de quitter la France pour un mois dans le but de rencontrer ma correspondance américaine, celle que ton oncle qualifie de voisine farfelue.

— Le mystère est donc levé sur le lien qui t'unit à Elly.

— Je comprends que notre amitié interpelle, elle est exubérante et je suis... moi. Mais elle représente cette petite voix qu'on a tous besoin, celle qui nous pousse à faire des choses qu'on aurait même jamais pu prononcer à voix haute. Au-delà des apparences, elle est dotée d'une écoute sincère et d'un humour capable d'estomper les moments de cafard. Revenons à toi, pourquoi avoir appelé ta moto, Lust ?

Can opère de léger hochements de tête tout en se caressant la barbe. Mes questions paraissent lui plaire, sa gestuelle montre qu'il s'attache à y répondre au mieux.

— Avant de devenir explorateur, alors qu'une jeune fille en France passait chacune de ses soirées à organiser les suivantes, je passais les miennes à faire mes devoirs sur une table du Bebek. Je gagnais mon argent de poche en débarrassant les tables et en rangeant la réserve, puis Karen venait me chercher pour le dîner. Après mangé, je griffonnai des dessins jusqu'à ce qu'un rugissement familier dresse mes poils. Ibrahim rentrait du travail chaque soir sur un merveilleux destrier, une Harley-Davidson. Ce bijou était ma convoitise, je ressentais pour cette monture quelque chose d'indécent, de sauvage. Pour mon passage à l'âge adulte, Ibrahim et Karen m'ont offert le droit d'y succomber. J'ai jeté mon dévolu sur une moto, séduit par ses courbes, sa couleur flamboyante et surtout, le son qu'elle émettait quand je la montais. Elle incarnait pour moi la luxure, le plaisir que je prenais à la piloter était inégalable. J'ai décidé de la baptiser, Lust a mérité son nom à bien des reprises. Mes pourboires économisés, j'ai gagné l'acquisition de mon premier cuir.

— Can Özkan, est-on en train d'avoir une vraie conversation ? Ça mérite non pas une, mais deux confessions ! La première pourrait être que la bière commence à me tourner la tête, mais ce ne serait pas équitable en termes de confidences alors... Je dirais que je trouve aussi que cette moto est super sexy. Je n'y connais absolument rien, mais en tant qu'ignorante confirmée, j'aurais probablement choisi ce modèle ! Tu sais que la voix off dans ma tête a pris pour habitude de l'appeler par son surnom ? J'aime bien, Lust. Il se passe un truc spécial lorsqu'elle batifole avec la vitesse, une espèce de phénomène cataclysmique qui réveille une partie endormie de ma personnalité !

Je prends conscience que j'appuie mes paroles avec de grands gestes. C'est un signe que je ne dois pas ignorer, révélateur du stade dans lequel je me situe vis-à-vis de ma sobriété. Les fossettes sur le visage de Can attestent bien de l'amusement que lui procure mon état.

— À présent, je vais te livrer l'histoire de mon prénom. Si Elly a le mérite d'être une formidable correspondante, elle n'a pas celui d'être la raison de mon bilinguisme. Je suis la digne descendante d'une mère française et d'un père américain. Bien qu'il est connu ma mère en France, mon paternel a été l'un de vos voisins. Né en Arizona, il y a vécu jusqu'à ses vingt-et-un ans avant de quitter le continent et ne jamais y revenir. Pas même avec ma mère. Mais je suis venue au monde, lui donnant une bonne raison de renouer avec ses origines.

Je marque une pause pour déglutir, la suite me noue la gorge, mais je reprends :

— Deux minutes. C'est le temps qu'il a fallu entre le moment où Randy Sawyer a posé les yeux sur moi pour la première fois, et celui où il a compris qu'il m'aimait déjà assez pour me donner le prénom d'un Etat d'une superficie de 295 254 km². Dans ma liste des choses à faire dans ma vie, il y avait celle de fouler la terre d'une partie de mes racines. C'est maintenant chose faite.


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