[Le scénario] - Préparer son récit

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“ Un film, comme un livre, comme la vie, a un début et une fin. Quand on commence à penser à une histoire, on doit chercher à définir au plus vite ces deux moments fondamentaux du récit ”

in : POSITIF n°363 mai 1991 Dossier. Scénario, scénaristes.

(Extrait de "Sriviamo un film", traduit de l’italien par Paul Louis THIRARD)


Avant de s'attaquer au récit, il est bon de consacrer un minimum de réflexion au sens de l'histoire : « savoir où on va ». Certains (comme moi) commencent par les extrêmes (le début et la fin ;-)), d'autres par l'énoncé d'une problématique plus ou moins développée puis se lancent.

Dans les domaines de la fantasy ou de la SF, un background cohérent est aussi un élément vital.

Mais commençons par le tout début : la problématique et l'idée.

Tout projet de récit commence forcément l'idée ! Celle-ci est ensuite développée tout au long d'un premier travail de gestation (qu'on appelle parfois le « travail debout », mais j'y reviendrai) qui va aboutir à un « sujet ». Une fois le sujet établi et l'éventuelle documentation ingurgitée (là-dessus aussi, j'y reviendrai), la phase suivante, le « travail assis » pourra commencer.

Pour mon premier récit, j'avais décidé de mettre en pratique quelques unes des choses que j'avais apprises à l'université (malheureusement, du fait d'une fâcheuse tendance à sécher certains cours, surtout ceux du matin, j'avais laissé pas mal de trous dans ma raquette).

J'avais donc décidé de commencer la rédaction d'une histoire en suivant les étapes normales de l'écriture d'un scénario :

- Idée

- Sujet

- Note d'intention

- Synopsis

Je n'avais pas besoin d'aller au-delà du synopsis puisque les étapes suivantes (continuité dialoguée, découpage technique etc.) sont spécifiquement liées à l'écriture cinématographique. Or, je voulais juste écrire un petit conte avec quelques ressorts dramatiques, histoire de me « faire la main ».

Ce texte, « la changeline et l'androloup », je ne l'ai toujours pas terminé. La façon dont je m'y suis pris explique nombre de mes déboires… A l'époque, je pensais que le style, l’orthographe et le vocabulaire seraient mes plus gros challenges. Avec du recul je me rends compte que le plus grand problème est venu de la construction du récit et de la rigueur à suivre un scénario.

L'orthographe peut être surveillée par des relecteurs, le style (même le plus pourri) peut quand-même permettre de vendre des milliers de romans (cf. Michael Moorcock, Pierre Bordage… en fantasy et en SF, les exemples sont innombrables, je vous assure !) et le vocabulaire peut se gérer avec un simple dictionnaire des synonymes (si si, moi j'ai le mien d'ouvert en permanence !). Ok, sur Wattpad on croise plus souvent des textes dignes de rédactions de collège bourrées de fautes et de problèmes de Français que des romans en quête de leur éditeur. Mais vouloir écrire c'est déjà une première phase. Savoir écrire c'est autre chose, ça demande de la volonté et de la persévérance, beaucoup de lecture, mais c'est néanmoins à la portée de tous. Construire un récit c'est encore une autre étape : celle qui sous-tend une réflexion sur le récit. On ne s'emmerde pas à rédiger un scénario quand on veut juste s'exprimer pour passer le temps ou vider ses querelles de lycée (encore que… ;-)).

Revenons donc aux étapes d'écriture :

- Idée

- Sujet

- Note d'intention

- Synopsis (ou traitement)

Ma première erreur a été, dès le départ, de négliger les deux premières étapes. Outrepassant l'idée et le sujet (que j'avais en tête et que, donc, je ne pensais pas nécessaire de coucher sur le papier), je suis directement passé à la rédaction du synopsis. Fatal error. Nous verrons pourquoi…

Qu'est-ce que « l'idée » ?

Certains théoriciens du scénario estiment que le nombre de problématiques originales se situe autour de 350 (je ne me souviens plus du nombre exact, c'est plus où moins selon les sources et selon les définitions du terme). J'entends par « problématique » la réduction à sa plus simple expression du résumé d'une histoire. Ça se résume à une phrase simple :

- Un homme aime une femme qui ne l'aime pas.

Voilà une problématique à l'origine de milliards d'histoires.

Ce que certains appellent « la proposition dramatique », qui définit l’action ; d’autres scénaristes l’appellent aussi l’intrigue. Elle exprime en une seule phrase : le personnage, le conflit et la résolution de l’histoire :« Celui qui ne pensait qu’au pouvoir va découvrir que l’amour est plus important. »

Cette proposition compose ce qu’on appelle en dramaturgie la « prémisse » de l’histoire.

« La prémisse est la force de motivation qui sous-tend tout ce que nous faisons. » Lagos Egri.

[Source : blog de Guy Morant (http://www.guymorant.com/reecriture-cinq-conseils/) ]

Complétée par la proposition thématique, qui définit le pourquoi de l’action, le sens de cette action, porté par le personnage principal, le protagoniste de l’histoire : « Parce que celui qui n’était que haine va ressentir l’amour. »

[source : High Concept - Marc-Olivier LOUVEAU).

Tout ça pour vous dire une chose qui me paraît fondamentale : il n'existe plus de problématique originale depuis des centaines d'années. Elles ont déjà toutes été trouvées et exploitées des millions de fois. Il en existe en revanche une infinité de variantes : c'est ce qu'on appelle une « idée ».

L'idée est le résultat d'une fusion de la problématique et d'une métaphore qui va l'illustrer.

Je vais tâcher de prendre des exemples et je vous invite à en mettre d'autres dans les commentaires afin de s'amuser à disséquer des récits célèbres en les réduisant à leurs paires « problématique » / « métaphore ».

Je lance le concours :

- Lutte du bien contre le mal, combat du faible contre le fort / un artefact magique, dans un monde fantaisiste, permet à un groupe disparate de contrecarrer les desseins du seigneur du mal…

Une lembas offerte à celui qui me donne le titre du roman ;-)

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