Chapitre 7

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Thomas arrive vers nous, il me salue à nouveau devant tout le monde par un baiser passionné, si je puis dire. Après cette marque d’affection publique, il me lâche comme si de rien était et salue le reste de la bande avec un simple geste de la main. Il s’en va ensuite, les mains dans les poches.

Il me laisse comme ça ! Devant mes amies choquées qui vont me poser la masse de questions ! « Quel petit con celui-là ! » Confirme ma voix.

Je les regarde alors un peu gênée de la situation, et surtout sans savoir quoi dire.

« Bah alors ?! Tu nous expliques ?! » S’égosille Jenifer.

« Oui euh… Thomas et moi on s’est rapproché ces derniers jours… » Je commence.

« Et pourquoi tu ne nous as rien dit ? » Me coupe Anna.

« C’est que… » Je tente de répondre.

« Je croyais qu’on était amies ! » Me dépasse Alice visiblement vexée.

« Là n’est pas le problème. Thomas m’a demandé de ne rien dire à personne ! » Je réussis enfin à dire.

Un blanc se loge dans le groupe pendant quelques secondes qui durent une éternité. Elles semblent tout agacé. Je le sens mal…

« Je voulais tout vous raconter depuis le début mais Thomas m’a demandé d’être discrète là-dessus parce qu’il ne voulait pas que ses potes le découvrent. » Je continue en m’enfonçant encore plus.

« C’est pas possible, il vient juste de t’embrasser devant tout le monde ! Ne nous prend pas pour des connes ! » S’énerve Anna.

« Non je vous jure ! Il m’a dit que ses potes m’auraient fait des commentaires, du coup il ne voulait pas l’étaler pour me préserver de ça… » J’essaie au mieux de clarifier.

« Dans ce cas pourquoi il te roule une pelle devant tout le monde ?! » Renchérit Jenifer.

« Je ne sais pas moi-même pourquoi il a fait ça. » Je leur avoue un peu désespérée.

Je n’ai pas l’impression d’être bien reçu sur ce sujet.

« Pourquoi vous ne me croyez pas ? Je dis la vérité ! Je savais que de toute façon vous auriez su à un moment ou à un autre, je ne vois pas pourquoi vous le prenez comme ça. » J’argumente.

Léa qui n’avait pas parlé du repas, se lève toute pâle.

« Ça va Léa ? » Je lui demande inquiète.

Ses yeux attristés me scrutent, puis la petite blonde platine se retire de la cantine d’une vitesse folle.

Les autres fusillent du regard avant de prendre leurs plateaux, celui de Léa et s’en aller. Elles me laissent seule dans cette grande salle remplie d’élèves impitoyables qui me regardent. Je remarque même une fille qui me filme. Je sens une immense solitude m’envahir.

Qu’est-ce qui s’est passé ? Tout allait bien et d’un claquement doigt ça part en vrille. Je ne sais pas quoi faire ni quoi penser. Je n’ai plus faim et je ne supporte plus le regard des autres. Tranquillement je me mets debout, je prends mon plateau, marche calmement et le range sans gestes brusques. C’est comme si leur colère avait épuisé toutes mes forces.

Je sors du bâtiment vers la cour pour chercher un banc sur lequel je m’assoie. Pourquoi ça s’est passé comme ça ? Je ne comprends pas.

« Alex ! » M’appelle la voix de mon frère.

Il court pour me rejoindre.

« J’ai vu tout ce qui s’est passé… » Commence ce dernier. « Tu devrais les retrouver pour t’excuser. » Me conseil Matthias.

« M’excuser ? Mais je n’ai rien fait de mal, c’est même pas moi qui ai décidé de le cacher ! » Je me justifie.

« En attendant, la seule chose que ça prouve c’est que tu ne leur fais pas confiance ! » M’informe-t-il.

« Bim dans tes dents Alexandra ! » Ironise mon sarcasme. Ça me fait un coup dans le ventre. Il a raison… Thomas ne m’a pas dit de le masquer aux fille et pourtant je l’ai fait parce que je pensais qu’elles allaient en parler. Je n’ai pas été honnête avec elles et j’ai mis la faute sur Thomas.

« Je vais régler tout ça, merci frangin » Je lui annonce en me levant.

Je m’élance alors pour chercher mes amies. Je pense qu’elles sont aux toilettes, j’ouvre alors la porte des WC pour femmes. Elles sont bien là ! Léa pleure dans l’une des cabines et les autres essayent de la réconforter. À mon apparition elles se retournent toutes avec des yeux de loups enragés.

« Les filles… Je suis désolée ! Je ne voulais pas vous blesser. » Je m’excuse alors.

« Ouais bah fallait y penser avant ! » Marmonne Jenifer en montrant la cabine du pouce.

Je m’avance et ferme la porte.

« Oui, j’ai pensé que ce n’était pas grave parce que je le faisais pour Thomas. Je voulais faire les choses bien parce que c’est mon premier copain. Je me suis trompée, j’aurais dû vous faire confiance et vous en parler parce que vous êtes mes amies. Excusez-moi. » Je balbutie en baissant la tête.

« Ouais tu t’es bien gourée là-dessus ! » Me dit Alice avec un tout petit sourire en coin.

La tension s’est un peu dissipée.

« En attendant Léa est toujours enfermée… » Annonce Lyne.

Après quelques minutes de patience, Léa sort enfin des toilettes. Les yeux bouffis, rouges, elle renifle. La blonde aux yeux bleus se rince le visage pour se rafraîchir. Quand elle se redresse tout le monde lui demande si elle va bien.

« C’est assez gênant à dire maintenant… » Finit-elle par dire après un silence pesant.

« T’inquiète c’est que nous ! » Essaye de la rassurer Jenifer.

« C’est la situation qui est gênante… » Ajuste-elle.

« Vas-y dis-nous, on ne va pas te juger. » Promet Lyne.

« Je suis amoureuse de Thomas depuis quelque temps… » Répond alors Léa les yeux fuyants.

« Oh sh*t !!! » S’exclame ma tête. Ouais, ça ne va pas être simple… C’est ce qu’on appelle le mind f*ck.

« Ah oui c’est gênant en effet… » Acquiesce Alice sous le regard accusateur des autres. « Bah quoi ? » demande cette dernière.

« Tu ne vois pas que tu empires la chose ?! » S’égosille Lyne.

J’ignore la petite chamaillerie de Lyne et Alice et retrousse mes manches mentalement.

« Je suis désolée Léa… Je ne savais pas… Je ne sais pas quoi dire. » Je tente maladroitement.

« Et toi tu ne le dis à personne non plus ! C’est quoi ce bordel ! » S’offusque Jenifer.

« Si, je le savais moi. » Annonce doucement Anna, la tête presque rentrée dans son cou et la main levée timidement.

« QUOI ?! Mais, mais… » Bafouille Jenifer.

« Je ne voulais pas en parler c’est un peu la honte. » S’explique Léa.

« Je l’ai deviné toute seule ! Je suis assez perspicace pour me rendre compte de qui mon amie est amoureuse. » Se vante alors Anna d’une voix ridiculement distinguée.

Le mal est passé, on discute de ce sujet jusqu’à ce que la cloche sonne. Un mal pour un bien, grâce à cette dispute j’ai pu parler avec Léa et je pense que ça nous a toutes rapproché.

*ELLIPSE DE L’APREM*

Thomas est venue me chercher pour me ramener chez moi en scooter. Il me dépose à une rue de ma maison. Il me fait un bisou sur la joue puis il allait mettre son casque quand je l’arrête.

« Pourquoi tu m’as embrassé devant tout le monde, tout à coup ? » Je lui demande.

« Je n’en pouvais plus de garder le secret, je veux te montrer à tout le monde. » M’explique simplement comme si c’était normal.

« Mais tu aurais pu me prévenir au lieu de faire ce genre de chose. J’ai failli me faire des ennemis de mes amies à cause de ça ! » Je le sermonne.

« Oui mais que ce soit maintenant ou après je pense qu’elles auraient toujours réagi comme ça. » Répond l’avorton tranquillement.

« Mais… » Je proteste avant de me faire couper.

« Je dois y aller maintenant, n’y pense pas trop ça s’est bien passé au final ! Je t’aurais protégé si ça n’avait pas été le cas. » Se rattrape ce dernier avant de me faire vite fait un bisou sur la bouche.

Il remet son seul casque pour ensuite partir sur sa mobylette. Je soupir, puis je rentre chez moi.

*ELLIPSE DU VENDREDI SOIR*

Ce samedi c’est atelier peinture. J’ai partagé mon souhait de décoration de chambre à ma tante, elle m’a répondu avec un argument de choc « On va faire une peinture murale ! Honnêtement chérie, qu’est-ce qu’il y a de plus décoratif que la peinture ?! ».

C’est vrai on a des gênes d’artiste dans ma famille. En effet mon grand-père était artiste peintre, il refaisait les façades décorées de peintures des monuments historiques. Quel métier incroyable ! Ma tante d’ailleurs est illustratrice, son truc c’est le dessin. Mon frère et moi aussi on aime dessiner et peindre. On va alors faire un truc de fou, on va peindre un mur entier de ma chambre et on va faire pareil dans celle de mon frangin.

D’ailleurs Maxine, l’amie de Matt, est aussi passionnée de dessin. Donc il lui a demandé de se joindre à nous pour cette journée qui s’annonce très drôle. C’est ainsi qu’on se retrouve moi, tant Agathe, mon Matthias et Maxine les pinceaux à la main pour faire des fleurs des champs en vert sur mon mur. Plus tard on s’attaque au mur de mon frère pour faire des feuilles tropicales et quelques bananes par-ci par-là.

On se met de la peinture partout sur les vêtements, sur le visage. On a même commencé à faire l’un des trucs les plus clichés du monde, on fait une bataille de peinture. Ma mère entre dans la pièce pendant la bataille et manque de bol sa sœur est d’humeur taquine.

« Jeanne, tu sais que je t’aime toi ?! » Dit tante Agathe en s’approchant de maman.

Une fois assez près, elle lui met directement le rouleau imbibé de peinture dans la tête. Attention maman dinosaure va se réveiller ! Ma mère prend le pinceau des mains de mon frère pour peindre les cheveux bruns de ma tante.

Une fois tout le carnage nettoyé, on lave nos pinceaux à l’eau chaude puis on passe à table pour manger le déjeuner (entre le petit dej’ et le souper quoi). On n’a toujours pas fini les murs mais nos ventres grondent, donc on les écoute.

L’après-midi se passe sur des jeux de société tel que l’énigmatique Cluedo, l’indémodable Monopoly, le réprimandable 1000 borne ou encore des jeux de cartes : Belotte, Président et autres… Bien sûr tout ça avec des gages pour ceux qui perdent et de la musique pour nous ambiancer.

Maxine a plein de ressources c’est incroyable ! Elle fait de la gym, du ukulele, de la guitare, du piano, du chant, du dessin et maintenant elle a une nouvelle idée. Elle veut redessiner des cartes du jeu Les Loups Garous de Thiercelieux avec les personnages qu’elle a inventés. Je la trouve trop cool ! En plus elle est vraiment jolie et tout le monde l’apprécie. Je voudrais tellement être comme elle… « Mais tu n’es que toi ! » Me rappelle ma conscience mesquine. Oui je ne suis que moi. Je soupire.

« C’était quoi ce long soupir ? » Me demande ma mère.

« Non rien, j’étais dans mes pensées. » Je réponds à ma génitrice avec un sourire.

*ELLIPSE DU SAMEDI SOIR*

Max est partie hier mais Matthias va la voir avec Jean et Ben pour faire un devoir en groupe. Ils vont surement beaucoup s’éclater aujourd’hui. Moi je ne sais pas quoi faire, c’est dommage il fait beau. J’ai envie de voir Thomas et d’aller au lac. J’envoie alors un SMS à ce dernier pour lui demander si on peut se rejoindre là-bas. Sa réponse ne se fait pas attendre.

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