Chapitre 5

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Il est environ midi, je sors du bus avec mon frangin pour retourner à la maison.

« Matthias. » Je l’appelle. « Je dois te parler de quelque chose ! » Je sors toute contente.

« Bah vas-y ! » Me dit-il curieux.

« Tu sais la dernière fois, je t’avais dit qu’avec Thomas on était allé au lac. » Je tente.

« Oui… Tu m’as caché quelque chose ? » Me demande ce dernier.

« Peut-être bien… » Je réponds un peu honteuse. « En fait voilà… » Je lui explique donc tout ce qui s’est passé jusqu’à maintenant.

« Mais pourquoi tu m’en parles que maintenant ? » Me questionne-t-il à nouveau.

« C’est que je ne savais pas trop quoi en penser moi-même… » Je lui avoue un peu gênée.

« Je tiens à être franc avec toi petite sœur, je n’aime pas vraiment ce gars et je ne trouve pas que ce soit un bon signe que tu me l’aies caché… » Avance Matthias un peu vexé.

C’est vrai que je ne lui avais rien caché de si important avant. Mais ma vie n’était tout simplement pas intéressante! Et puis c’est lui qui m’a dit de me dérider je ne vois pas pourquoi il le prend comme ça !

« Je suis désolée de te le dire que maintenant… Mais c’est toi qui m’as dit de foncer alors je ne vois pas pourquoi tu le prends comme ça ! » Je l’accuse.

« Oui mais je te disais ça en général, je m’attendais pas à ce que tu te fasses avoir par ce bâtard ! » Se justifie-t-il en haussant un peu la voix.

« Mais c’est quoi le problème ! Thomas est gentil et on a les mêmes goûts. » Je rétorque avec le même ton que lui.

« C’est pas une bonne personne tu devrais le savoir, toi qui gossip tout le temps sur tout le monde avec tes potes ! » Relève mon frère énervé.

« T’es vraiment chiant quand tu t’y mets ! Je ne te parlerais plus de ce genre de choses ! » Je cris de colère. « Et t’as pas intérêt à en parler à qui que ce soit, surtout pas à papa et maman ? » Je continue avant de marcher plus vite pour ne plus le voir.

Je savais déjà qu’il ne l’aimait pas particulièrement, mais ce n’est pas à lui de choisir avec qui je dois sortir ou non, lui il n’a jamais pris mon avis en considération pour ses copines. Et pourtant il y en a eu qui n’étaient pas vraiment recommandables. Il ne m’avait pas écouté à ce moment-là et ça s’est mal terminé. Une fois à la maison je monte directement dans ma chambre pour éviter de me coltiner mon imbécile de frère.

C’est un bouffon ! Un imbécile ! Il devrait fermer sa gueule des fois ! Je le déteste ! Je le déteste ! Je le déteste !

« Non, ce n’est pas vrai… » Me rappelle ma conscience. Je ne le déteste pas vraiment, je l’aime, c’est mon frère. En plus je n’affectionne pas particulièrement me fâcher avec lui mais là c’est de sa faute.

On passe toute l’aprèm à s’éviter et on reste dans nos chambres respectives. C’est super long de devoir s’occuper en sachant qu’on ne peut pas sortir pour une raison ou une autre. On a toujours des idées d’activités qui nécessitent un déplacement alors qu’en soit j’ai Netflix, mais je n’ai pas envie aujourd’hui. Ce qui veut dire que je pense encore et encore au comportement de mon frère, et plus j’y pense, plus ça m’énerve.

Soudain la porte sonne et m’ôte de mes pensées, je descends alors pour voir qui ça peut bien être. Depuis les escaliers je peux entendre la voix de ma tante

« Agathe ! Entres, entres vite ! » Propose ma mère le sourire aux lèvres en faisant un geste de la main, l’invitant à passer la porte.

La sœur de ma mère se permet alors d’entrer et de poser ses valises sur le paillasson pour embrasser tout le monde chaleureusement. Je l’adore cette femme, elle est vraiment cool. Avec elle, on fait toujours pleins de choses comme de la randonné, du canoë, de l’accrobranche... Une fois on est aller dans un festival de musique gratuitement parce qu’elle connaissait personnellement l’un des groupes qui y passaient.

« Mes neveux préférés !!!! » S’exclame tatie Agathe en nous faisant un gros câlin avec mon frère. « Vous ne dites pas que j’ai dit ça à votre oncle ! » Nous dit-elle en faisant chut, l’index sur sa bouche.

Elle sort un rire clair puis nous nous déplaçons dans la salle à manger pour s’asseoir tranquillement et discuter. D’après ce que j’ai compris elle sera là pour une durée indéterminée, elle va dormir sur le clic-clac du bureau.

« Bah alors vous vous êtes disputé ? » Demande ma tante en passant son regard azur de Matt à moi.

« C’est pas grand-chose… » J’interviens rapidement en baissant la tête.

L’intéressé me toise, méfiant. Je ne veux pas en parler je n’ai pas envie que Matthias dise à mes parents que Thomas est une mauvaise fréquentation. Je n’ai pas non plus envie d’avoir les mêmes commentaires que ceux de mon frère.

La sœur de ma mère, peu convaincue, laisse passer voyant qu’elle ne pourra rien tirer de ses neveux. On passe assez rapidement au repas pour ensuite jouer au UNO, le meilleur jeu du monde entier. Ça va mieux avec mon frère puisque le UNO c’est magique et qu’il s’est pris pleins de +4 dans les dents. Je pense que c’est ce que l’on appelle plus communément le Karma.

Après nos nombreuses parties de UNO, Je retourne dans mon antre pour travailler un peu mais le cœur et surtout le cerveau n’y sont pas. Ma chambre est trop mal rangée pour faire quoi que ce soit d’inspirant. Ça fait déjà 1 mois que je me dis qu’il faut que j’organise tout mais je remets toujours à demain. Ce soir je ne me sens pas très bien et je sens qu’il faut que je m’occupe pour oublier tout ça. Je branche mes écouteurs, puis mets la musique Golden de Harry Styles sur mon iPod.

En dansant aléatoirement, je jette tous mes vêtements qui sont par terre dans une seille. Ils sont sales de toute façon. Je glisse le panier jusqu’au couloir pour ne pas l’avoir dans les pieds. Je m’attaque ensuite à la masse de bibelots que j’ai empilés dans des cartons pour le déménagement. Il faut que je trie tout ça puisque j’en ai vraiment trop et que j’ai envie de nouvelles choses, j’ai comme la sensation que ses vieilles choses m’étouffent. J’ai besoin de vide !

Je me débarrasse de tout ce qui ne m’inspire plus pour les mettre dans des cartons dans le but de les vendre plus tard dans un vide grenier. Et oui ! Tout ce qui est seconde-main est écologique et économique ! En plus, des choses qui ne me servent plus peuvent faire le bonheur d’une petite grand-mère ou d’un petit garçon de mon quartier, qui sait ?!

J’enlève les draps de mon lit et de mes coussins pour les mettre au sale. Je descends pour en chercher des propres dans l’armoire de la buanderie. J’entends les voix de ma mère et sa sœur en passant, l’une des deux pleurs.

« Ça ne va plus… Il m’a quitté parce que j’ai pris du poids. » Explique tatie Agathe tristement. « C’est toujours comme ça de toute façon. Je ne peux plus continuer comme ça… » Continue cette dernière.

Je m’avance à pas de loup pour ne pas me faire surprendre. Je jette vite fait un coup d’œil dans la cuisine puis me cache derrière le mur qui la sépare du salon. Elles sont assises côte à côte, ma tante, la tête sur l’épaule de ma mère, pleure tandis que ma maman lui caresse gentiment les cheveux.

« Elle t’a dit quoi la nutritionniste ? » Lui demande ma mère calmement.

« Que je devais voir une psychologue… Mais j’en voit déjà une… C’est pas le problème ! » S’indigne-t-elle plein de larmes dans les yeux.

« Oui je sais, je sais… » La rassure ma mère en l’enlaçant.

Sa sœur pleure de plus belle. Je décide de les laisser, je sais que ce genre de moment est important il ne faut pas les gâcher. J’ai l’impression que plus on grandit et moins on arrive à pleurer, pourtant c’est un processus nécessaire pour se délivrer et passer à autre chose. Donc il ne faut pas empêcher quelqu’un de pleurer parce que c’est qu’il en a besoin.

Ma motivation est maintenant un peu cassée par la discussion que j’ai entendue. Mais je dois m’occuper donc je continue sur ma lancée avec les chansons les plus joyeuses et entrainantes de ma playlist pour m’enjailler, si je puis dire. Le temps passe vite et il est déjà 22h 34. Je dois me préparer à dormir si je ne veux pas m’endormir en cours. Je décide alors d’arrêter là et de continuer demain.

Je me lave puis je m’écroule sur mon lit, je m’apprête mentalement à dormir quand je reçois un message sur mon téléphone. C’est Thomas, il me demande si j’ai passé une bonne journée. Je lui explique presque tout, je n’ai pas envie de lui dire que mon frère ne l’aime pas donc je ne lui parle pas du sujet de la dispute. Je passe donc presque 2h de plus à lui parler par messages, je vais enfin dormir. Ce qui est sûr c’est que demain, le réveille va être salé.

*ELLIPSE JEUDI DE COURS*

Je suis dans le bus pour retourner chez moi, j’avais du mal à écouter mes profs aujourd’hui. De 1 parce que je suis fatiguée « On se demande pourquoi… » Me coupe ma tête, de 2 parce que j’étais obnubilée par la dispute avec mon frère et de 3 à cause de la discussion entre ma mère et ma tante. Trop de choses à penser. Sans oublier cette histoire de cachoterie avec Thomas… Je me sens submergée de choses qui sont incontrôlables, comme si elles me glissaient des mains sans que je puisse faire quoi que ce soit.

Bon pensons à quelques choses d’autre ! Comme tous les jeudis, je finis plus tôt, j’aurais donc le temps de finir ma chambre. Je vais peut-être passer chez le fleuriste du coin pour prendre des plantes. J’ai envie de décorer ma chambre de végétaux, c’est naturel et apparemment ça aide à mieux dormir. Peut-être que je pourrais acheter aussi des visses et des crochets pour accrocher les pots.

C’est mon arrêt, je descends du car et je marche tranquillement pour rejoindre le magasin. J’avance en regardant le sol comme à mon habitude mais je fonce dans quelqu’un.

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