Chapitre 4

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Qui ose me déranger juste avant que je puisse manger mes bonnes tartines ! J'ouvre la porte d'un coup pour voir que c'est ce cher Thomas, veste en cuir, qui tranquillement est accoudé à l'encadrement de l'entrée.

« Salut ! » Me dit-il simplement.

Son apparition ne m'arrange pas du tout. Je suis encore en chemise de nuit bleue avec des lapins roses dessus, celle que j'ai depuis que j'ai 12 ans. En plus de ça, j'aurais bien aimé manger mes toasts, peinarde, sans être dérangée. Je le vois qui regarde et juge mon magnifique pyjama. « T'as un problème tête de nœud ?! » déblatère ma conscience. Je dois lever la tête pour regarder son visage, il est beau, c'est frustrant...

« Pourquoi viens-tu chez moi un dimanche sans avoir prévenu ? » Je récrimine un peu agacée.

Quand j'ai faim je peux devenir méchante. Je précise qu'actuellement il est 10h17 du matin, un dimanche et que j'ai des tartines qui m'attendent bien sagement sur la table de ma cuisine. Donc j'apprécierais qu'il fasse court.

« Madame est de mauvaise humeur ? » Questionne l'avorton avec un petit rire.

« Oui, qu'est-ce que tu veux du coup ? » Je reprends.

« Je passais dans le coin et j'ai pensé à toi donc je suis venu te demander si tu étais libre pour une petite virée aujourd'hui. » M'explique Thomas.

« C'est gentil mais j'ai pas encore mangé et surtout j'ai la flemme pour l'instant... » Je réponds le plus honnêtement du monde.

« D'accord je repasse cette aprèm, peut-être que tu seras plus apte à sortir. » Me propose-t-il en regardant encore mon accoutrement d'un air amusé.

« Si tu veux... » Je soupire.

Il me sourit de toutes ses dents et par pour rejoindre à nouveau son scooter. Je ferme la porte et prends enfin mes tartines avec moi pour les manger devant les Totally spies. Je suis méchante et froide avec lui mais il continue d'être gentil et compréhensif avec moi, ce gars est incroyable. Ça en devient mignon cette histoire. Il sait ce qu'il fait, il a surement l'habitude avec les filles. Je me reconcentre sur le dessin animé.

*ELLIPSE DE LA MATINÉE*

Je suis propre, habillée et j'ai mangé. Je n'ai plus d'excuse pour être désagréable avec Thomas s'il vient. La porte sonne à nouveau et en effet le narcissique est devant ma porte toujours avec un sourire cloué aux lèvres. Je n'ai plus envie de faire ma peste parce qu'il est trop aimable pour ça. J'ai été exécrable depuis que je le connais parce que je n'ai pas confiance. Mais je n'ai vraiment pas de raison de me méfier, il est juste sociable, beau et gentil. Je ferme ma maison à clé pour le suivre, aujourd'hui je vais faire un effort. Je mets son casque, monte sur son deux-roues, je m'attache à son sac à dos et il met les gaz pour m'emmener je ne sais où.

On est près d'un lac il gare sa motocyclette. Il m'aide à descendre en me prenant par la taille, j'ai l'impression d'être une princesse. « C'est trop niais ! » Me crie mon cerveau. Ce n'est pas faux... On marche pendant 10 minutes en parlant de plein de choses. Il s'arrête d'un coup pour me diriger vers un banc au bord de l'eau. C'est beau quand même, je m'imagine bien deux petits vieux s'asseoir ici pour regarder les jeunes se baigner. L'eau est surement encore chaude pour un lac, on sort tout juste de l'été quand même. Il sort de son sac une enceinte qu'il branche avec son téléphone. Il met de la musique d'ambiance, puis il se lève.

« On va se baigner ? » S'exclame Thomas.

« J'ai pas de maillot de bain moi ! » Je râle.

« Moi non plus ! » Rigole-t-il.

Il enlève sa veste, son t-shirt et tutti quanti « Ouah ! Vieille expression... » Je n'ai plus besoin de la présenter. Je le regarde faire ébahi, je ne m'attendais assurément pas à ça. Je remarque sur ses jambes de nombreuses coupures et cicatrices, il en a également une plus grande sur sa clavicule. Il pose ses affaires sur le banc et plonge pépouze dans le lac. Voyant que je ne bouge pas, hésitante et un peu désorientée d'incompréhension, il sort de l'eau avec son corps tonique. Il s'approche pour me faire un câlin. Le connard ! Il est trempé ! Je crie face au choc thermique entre ma peau à la chaleur normale et sa chair mouillée. De toute façon j'ai des sous-vêtements, c'est un peu comme un maillot de bain non ?

Je retire t-shirt et pantalon pour ensuite me rincer la nuque et faire une bombe le plus vite possible pour cacher mon corps dévêtu dans l’eau. Il me suit et me coule de temps en temps pour me faire chier. On se gicle, on fait des concours de nage. On rigole beaucoup. Je sors de l'eau parce que je suis fatiguée de devoir battre des pieds sans arrêt pour rester à la surface. Je me cale sur une pierre comme un lézard en été. Heureusement il fait grand soleil aujourd'hui mais il y a tout de même un petit vent des familles qui gèle quand on est humide.

Il se pose à côté de moi et me regarde. Il s'approche de moi, il avance son visage rapidement et pose ses lèvres luisantes d'eau douce sur les miennes. C'est la première fois que quelqu'un m'embrasse, c'est bizarre. J'ai des titillements dans le bas de mon ventre à mesure que nos bouches se meuvent. On se détache l'un de l'autre mais je tourne frénétiquement la tête pour ne pas croiser ses yeux atomiques. Je me lève pour aller chercher mes affaires.

« Il va bientôt faire plus froid, faudrait qu'on se couvre. » Je m'explique.

« T'as raison. » Répond Thomas un air un peu déçu sur le visage.

On se sape à nouveau et on rentre sans un mot. Il me dépose chez moi et pour me dire au revoir il m'attrape par les bras, me tire vers lui pour me faire un bisou sur la joue. Thomas s'en va en me laissant comme ça, un peu bête et clouée sur place. L'odeur d'essence me fait reprendre mes esprits, je retourne dans ma maison pour terminer mon dimanche à réfléchir sur cette après-midi mouvementée que j'ai eu.

*ELLIPSE DIMANCHE*

On est lundi, même train-train quotidien du matin et pouf j'atterris au lycée avec une boule dans le ventre parce que je ne sais pas ce qui va se passer. Je suis avec les filles et Jenifer nous raconte qu'elle a croisé Mr Finlay dans un supermarché.

« Nan mais j'essayais de le regarder mais j'avais pas envie qu'il me reconnaisse donc je me cachais quand même. » Explique l'amoureuse.

On rigole de sa connerie.

« C'est vrai quoi, s'il me voit et qu'il me reconnaît ça donnerait : Oh ! c'est toi l'élève chelou qui depuis qu'elle m'a crié dessus, me suis partout comme une psychopathe ? » Se justifie-t-elle.

« Il n'aurait pas tort du coup. » Se moque Alice.

« Je pense surtout qu'il te fuirait. » Renchérit Anna.

« Bon va falloir que je me calme cette semaine sur le matage de cul je pense... » Conclut tristement Jenifer.

*ELLIPSE DU LUNDI*

Je n'ai pas croisé Thomas hier, je n'ai pas non plus reçu de nouvelles via le cellulaire portatif. « Un cellulaire port…. Pouahahaha, un cellulaire portatif… Lol ! » Je rigole. D'un côté c'est bien, je ne savais pas comment réagir en sa présence. Mais du coup je ne sais toujours pas quoi faire si je le croise aujourd'hui. J'avance dans les couloirs du lycée avec Lyne, Alice a chopé la crève entre-temps. Soudain mon amie me prend par le bras et me tire d'un coup sec.

« Viens, y a Samuel en bas ! » S'écrit-elle toute contente.

Merde, s'il y a Samuel, il y a Thomas... Pour l'instant, je n'ai raconté à personne ce qui s'est passé avec lui dimanche. Elle m'amène jusqu'au petit groupe de mecs, bien sûr il y a le grand narcissique. Lyne saute sur Samuel et lui roule un palot bien baveux comme à son habitude depuis quelques jours. Je regarde les gars un par un avec un petit sourire gêné, puis mon regard s'arrête sur celui qui m'intéresse. Nos yeux se croisent, il me dit bonjour mais rien ne se passe ensuite. C'est comme si l'escapade au lac de dimanche n'était en réalité qu'un rêve. « Y a-t-il quelque chose qui cloche ? » je me demande. Il est temps de retourner en cours et c'est avec une petite épine dans le cœur que je passe mes deux premiers cours de l'après-midi. Prochain cours c'est espagnol... Je suis dans sa classe en espagnol... Pourquoi dois-je être dans sa classe en espagnol ? Je n'ai pas envie d'aller en espagnol, j'ai mal au ventre.

« On se revoit en physique ! » M'informe Lyne avec un grand sourire.

Et le pire c'est que Lyne fait allemand... « Ça va aller ! C'est qu'un malheureux cours d'espagnol. T'as juste à écouter la prof. » Me rassure mon cerveau. Oui c'est vrai, je m'assoie sur cette chaise, je sors mes affaires et j'écoute. C'est simple ça ! Je m'exécute donc. Pendant que l'enseignante parle, je sens des yeux vert clair me regarder avec intensité. Je me tourne donc dans la direction de ces billes de couleurs pour voir ce qu'il me veut. Il me fait un signe de la main et avec sa bouche il épelle « téléphone » pour que je regarde le mien. Discrètement je prends mon portable et regarde les messages sous la table pour ne pas me faire prendre la main dans le sac par Mme Carola. Elle gentille mais quand elle est fâchée ça devient un vrai dragon.

Le Narcissique : « C’est quand ton dernier cours ?»

Moi : « J’ai physique et après j’ai fini. Pourquoi? »

Le Narcissique : « Retrouves moi après ton cours derrière le panneau de bus. »

Peut-être qu'il va m'expliquer ce qui ne va pas du coup. Pourquoi derrière le panneau de bus d'ailleurs ? « C'est chelou quand même. » Me dit ma conscience.

Je passe mon cours de physique à me faire plein de films dans la tête. La sonnerie retentit annonçant la fin du cours et par conséquent mon espèce de rendez-vous avec Thomas. Je me dirige donc vers l'endroit où nous devons nous retrouver, c'est un coin un peu caché. Il n'est pas encore là, je l'attends bêtement parce que je suis curieuse de la suite des événements. Je le vois qui arrive, je n'ai même pas le temps de parler qu'il me pousse contre le mur pour m'embrasser. Son baiser est plutôt passionné voire violent. Il me lâche pour planter ses pupilles dans les miennes. Je ne sais pas quoi dire...

« J'en mourrais d'envie depuis dimanche. » M'informe le grand brun.

Il m'embrasse de nouveau plus doucement cette fois, puis il finit par un chaste baiser avant de se retourner et de partir en me faisant un clin d'œil. « Dis donc ! C'était inattendu ! » Commente ma voix intérieure. Bouche bée, je monte dans le prochain bus pour rentrer chez moi.

*ELLIPSE DE LA SOIRÉE*

J'ai vraiment eu du mal à dormir cette nuit, je n'arrêtais pas d'y penser... On est en couple du coup ? Je suis perdue... Comme à mon habitude je vais au lycée avec mon frangin, puis il me laisse pour qu'on retrouve nos potes respectifs.

Soudain une main prend la mienne pour m'emmener dans un coin de la cour. Encore et toujours le narcissique qui me donne un baiser précipité. Il regarde autour pour voir si quelqu'un nous voit puis, voyant que personne ne regarde, il m'enlace. « T'as pas l'impression qu'on deal de la drogue avec autant de cachoteries ? » plaisante mon cerveau.

« Pourquoi tu nous caches tout le temps ? » Je lui demande un peu agacée.
« Désolé, mes potes sont lourds quand il s'agit de ce genre de choses et j'ai pas envie qu'ils te fassent des commentaires... » m'explique mon kidnappeur tout penaud. « Et j'avais tellement envie d'être proche avec toi que je me suis pas posé de questions » continue-t-il.
« Je vois... » Je finis par lâcher suite à quelques secondes de réflexion.

Après quelques bécots de plus, on se sépare pour retrouver nos camarades en cours.

« Mais t’étais où on t’attendait devant le lycée nous ! » Me demande Lyne.

« Oh désolée, j’étais aux toilettes… J’ai dû me dépêcher d’y aller… » Je lui mens.

Je ne devrais pas leurs mentir mais je ne sais pas si j’ai le droit de leur en parler vu que Thomas n’en parle pas à ses potes. Je pense que si je leur dis tout ce qui s’est passé elles vont en parler et ça va se savoir et du coup ses amis vont le découvrir… Mais j’aurais bien aimé leur raconter. Je vais en parler à mon frère tout de même, lui je sais qu’il ne va pas en parler si je le lui demande.

*ELLIPSE DE LA MATINÉE*

Il est environ midi, je sors du bus avec mon frangin pour retourner à la maison.

« Matthias. » Je l’appelle. « Je dois te parler de quelque chose ! » Je sors toute contente.

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