En quête d'émotion

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Une fois de plus, le réveil fut brutal. Le son strident qui remplissait la chambre était à peine supportable pour l’oreille humaine. Pourtant ça ne semblait pas affecter qui que ce soit. C’était une grande chambre, du moins c’est le nom qu’on lui donnait. Il n’y avait pas de lit, pas de commode, pas d’armoire ou encore de table de nuit où l’on pouvait déposer ses lunettes avant de partir au pays des songes. Tout ce qui se trouvait dans cette chambre c’était des capsules à une température de -300°C où se trouvaient des êtres en apparence identiques. Et dès que le réveil sonnait, les capsules s’ouvraient et les créatures à l’intérieur en sortaient. Des robots, ni plus ni moins. Et, comme d’habitude, ils s’avançaient tous de trois pas, se faisaient face et pivotaient à 90°, tous pointant dans la même direction. Puis, sous un rythme constant, ils commencèrent leur marche.

Les portes automatiques de la chambre s’ouvrirent, faisant apparaître une immense salle des machines dont les bruits étaient plus insupportables les uns que les autres. On entendait des grincements, le métal qui claquait contre le sol et le brouhaha des machines qui s’exécutaient tant bien que mal. Mais eux, ça ne les dérangeaient pas le moins du monde. Ils traversaient le couloir toujours au même rythme tandis que des hommes en tenue noire admiraient leur avancée, arme en main. Il n’aurait pas fallu que l’un d’eux soit défectueux, ils devaient être parfaits. Et ce jour-là ne fit pas exception à la traditionnelle exécution. Plus qu’un devoir, c’était un passage obligatoire pour ces humains qui ne savaient pas comment tuer le temps, comment occuper leurs journées. Au hasard ils tiraient sur un robot qui s’écrasait immédiatement par terre. Pas de rire, pas de sourire et pas de larmes. Les robots laissaient un frère mort au combat derrière eux, et ce, sans jamais se retourner.

Au bout de la grande pièce se trouvaient deux élévateurs, chacun pouvant supporter au mieux un robot. Ils savaient bien évidemment comment cela marchait et attendaient leur tour sans broncher. Puis, quand chacun était arrivé, ils s’avançaient et prenaient place afin d’effectuer leurs tâches.

C’était quelque chose qu’ils faisaient tous les jours, sans parler, sans se plaindre et toujours effectué de la même manière. Ils travaillaient sur un prototype dont même eux ne connaissaient pas la finalité.

Dehors, la nuit était noire, sans étoile dans le ciel, ni de lune pour éclairer quiconque souhaiterait sortir. Et c’était exactement pareil la journée. Personne n’avait de lumière, chacun était devenu aveugle contre son gré à ne rien voir d’autre que les ténèbres du monde qui les entourent. Et petit à petit, la parole s’est envolée car rien ne servait de parler dans un monde où il ne se passe rien. Petit à petit, l’odorat s’est envolé et la faim a suivit. Les hommes en avaient oublié le feu et toute autre technique de survie. Pourquoi vivre dans un monde qui n’a pas de sens ? Leur vie future serait sûrement plus brillante. Sortir de chez soi n’apportait plus de but, tout était désert, tout était mort. L’espoir avait quitté les hommes.

Un jour arriva où le réveil ne sonna plus pour les robots et les capsulent ne répondirent plus jamais. Un jour arriva où l’usine dont ils étaient les employés arrêta totalement sa production. Les lumières s’étaient éteintes et eux aussi.

Dans le monde entier on se rappela de ce matin-là, un matin où une famille, vide à l’intérieur, se dirigea vers son salon, guidée par quelque chose. Il y avait une boîte sur la table de chacune des maisons dans le monde entier. Elle était entre ouverte et laissait apercevoir de la lumière. Tout le monde fut d’abord ébloui par celle-ci mais l’humanité entière ouvrit la boîte. Dedans, il y avait une danseuse qui tenait sur une seule jambe et une musique était jouée. Une musique apaisante et différente pour chacun. C’était ce qu’ils pouvaient entendre de plus beau au monde, c’était une nouvelle lumière qui leur allait droit au cœur.

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