Plouk et Romantique

4 minutes de lecture

Je vais vous parler de Victor Plouk, scientifique un peu fou, et solitaire dans l’âme. Cette histoire se déroule dans le Londres du 19ième siècle. S’il passait son temps seul, c’est bien entendu car les gens s’éloignaient de lui quand ils le croisaient dans une ruelle alors qu’il allait dans une taverne boire jusqu’à plus soif et finir au fond du caniveau le lendemain matin. C’était un adulte boutonneux, avec une coupe de cheveux très longue, avec des cheveux bouclés et en bataille. Il portait des lunettes de vues dont les verres étaient ronds et faisaient pas loin de 10 centimètres d’épaisseur. C’était, pouvait-on le dire, un savant fou. Or, ses créations n’étaient pas reconnues à leur juste valeur. Personne ne savait vraiment ce qu’il faisait, seul dans son laboratoire toute la journée.

Tous les jours, Victor Plouk se rendait dans son laboratoire afin de faire des expériences diverses et variées, toujours accompagné de sa blouse blanche porte-bonheur qui, disait-il lui-même, « lui permettait de mieux réfléchir et de pouvoir percevoir les problèmes qui s’offraient à lui sous un autre angle ». Enfin, disait-il lui-même, il se le disait surtout à lui-même vu que personne n’était jamais là pour l’entendre le dire ou poser la question. Cette solitude était un fardeau pour Victor Plouk. Et il voulait y remédier.

Il savait pertinemment que les humains n’étaient pas faits pour lui, cette race inférieure ne méritait pas son génie. Alors il mit tout en œuvre pour créer l’être parfait. Il était obsédé par cette idée de se retrouver, à jamais avec quelqu’un qu’il aurait créé lui-même, quelqu’un qui le comprendrait et qui l’aimerait.

Il créa ainsi un robot, le bijou de sa carrière. C’était une femme. Enfin non, un robot plutôt. Mais croyez-moi, si vous l’aviez vu, vous ne vous seriez pas douté un seul instant de son inhumanité. Elle était parfaite, du moins pour Victor Plouk. Elle avait des cheveux blonds ondulés descendant jusque sur sa poitrine, un sourire éclatant et des yeux perçants. Ses formes étaient parfaites. C’était un vrai travail d’artiste.

Victor Plouk l’avait programmé pour que ce robot soit aimant et soit toujours à ses côtés, peu importe les épreuves. Il voulait qu’elle lui murmure des mots doux, qu’elle soit sa femme et pour cela, il lui donna un nom qui représenterait bien sa fonction. Romantique. C’était ça, le nom de l’être parfait.

Ils vécurent donc pendant plusieurs mois une vie paisible. Romantique ne cessait pas d’être gentille et aimante avec son créateur qui manquait toujours d’affection. Tout se passait pour le mieux. Ainsi, après quelques mois reclus chez Victor Plouk, ils décidèrent de se montrer au grand public. Fini l’alcool, fini de faire peur aux gens. Les londoniens verraient Plouk tel qu’il est, avec son être parfait.

Or, les choses ne se passaient pas comme prévu. Plouk, bien qu’étant un grand scientifique, n’était pas parfait. Et ses erreurs de calcul le mèneraient à sa perte. Une fois dehors, Romantique en oubliait totalement son créateur, l’homme qu’elle devait chérir tout au long de sa vie. Sa fonction était d’aimer, Plouk n’avait pas prévu qu’elle ne pourrait pas s’empêcher de le faire pour tout le monde.

Romantique rencontra alors deux hommes qui semblaient fort séduisants et s’empressa d’aller vers eux et de leur faire la cour. Plouk, très jaloux, partit rechercher sa dulcinée. Mais les deux hommes étaient plus costauds et plus nombreux forcément que Plouk. Ils n’en firent qu’une bouchée.

Le soir venu, Romantique rentra chez le Professeur, seule, tandis que Plouk était assis sur sa chaise, le visage complètement déformé. Elle retourna auprès de son créateur, lui chuchotant à nouveau des mots doux à l’oreille, l’aimant de tout on cœur. Mais Romantique ne serait jamais qu’à lui. Ce qu’elle voulait c’était des hommes, des hommes et encore des hommes. Et lui, ce n’était qu’un scientifique, un minable, un moins que rien qui avait besoin de grosses lunettes pour voir. La perfection n’existait pas. C’était la conclusion qu’il avait fait de son expérience. Peut-être serait-il mieux tout seul ? Après tout, Romantique était sa création, il pouvait en faire ce qu’il voulait. Il pouvait créer, et détruire autant qu’il le voulait.

Il se leva donc de sa chaise calmement et parti vers la cuisine. Romantique le suivit, ne comprenant pas bien ce qu’il faisait. Le scientifique se retourna et regarda sa création. Elle était sublime. La robe blanche qu’elle portait mettait parfaitement bien ses formes en valeur. C’était la plus belle créature existant sur terre, c’était à la fois un ange, et à la fois un démon. Et Victor Plouk comptait se débarrasser des deux. Il s’empara donc d’un couteau de boucher parfaitement aiguisé et regarda son chef-d’œuvre sans dire le moindre mot, sans expression, rien. Romantique ne bougea pas. Elle ne savait pas ce qu’était là peur, ou la mort, elle n’était pas programmée pour cela. Victor lui adressa donc un coup fatal, en plein ventre, ce qui déchira ses entrailles. Son regard s’éteignit et elle tomba à terre, hors service.

L’avantage avec un robot c’est qu’il n’y avait pas de sang. Il pouvait faire ce qu’il voulait avec la vie et la mort. Il n’avait qu’un seul regret, une chose qu’il pensait changer pour la prochaine fois qu’il créerait son être parfait. Il voulait faire en sorte d’effacer le sourire de ses victimes et qu’elles ressentent la peur, la peur de décevoir leur créateur, celui qui leur a donné la vie et qui peut la leur reprendre.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire PiAMo ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0