Bonheurs - 2ème partie : en famille

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Samedi 31 août 2013, de l'autre côté de l'Atlantique :

Boyd était de retour aux Etats-Unis depuis trois jours. Anne l'avait encouragé à rendre visite à Carolina et à leur enfant. Pour le moment, elle ne voulait pas intervenir car cela eut été déplacé selon elle. Elle se devait de rester à l'écart pour la première rencontre entre Richard et son fils.

Lorsque Carolina ouvrit la porte à son ancien compagnon, ce dernier faillit ne pas la reconnaître. Elle avait vieilli prématurément, sans doute en raison de sa maladie. Richard ne savait pas de quoi elle souffrait, la jeune femme lui ayant seulement confié que son mal était incurable. Il prit Carolina dans ses bras et celle-ci s'y réfugia quelques secondes avant de faire entrer le quinquagénaire dans le pavillon où elle vivait avec Alan. Le petit garçon jouait avec des voitures miniatures, tout en émettant de sonores “vroum vroum”. Il leva les yeux sur Richard en entendant sa voix puis les reporta presque aussitôt sur ses jouets. Les deux adultes prirent place sur le canapé du salon, à quelques mètres. Carolina pouvait ainsi garder un œil sur son enfant pendant qu'elle et Richard discutaient à voix basse. La jeune femme ne souhaitait pas inquiéter son fils, pour lequel elle voulait amener les choses en douceur.

Après quelques minutes à évoquer le passé, Carolina expliqua à Richard que, deux mois plus tôt, on lui avait diagnostiqué un cancer gastrique en phase terminale. Elle ne s'était pas inquiétée plus que ça de ses maux d'estomac qui évoluaient depuis environ un an, jusqu'au jour où ceux-ci s'étaient intensifiés, finissant par devenir insupportables. Malheureusement, il était trop tard. Ce cancer était très agressif et, au moment du diagnostic, il était déjà métastatique. Depuis trois mois, elle avait non seulement des maux de ventre mais aussi des douleurs osseuses et de violents maux de tête. Richard ne trouvait rien à répondre et prit les mains de Carolina dans les siennes, tout en la regardant dans les yeux avec émotion. La jeune femme lui adressa un timide sourire et son ancien compagnon lui dit qu'il prendrait soin de leur fils lorsqu'elle ne serait plus là. Il remplirait et signerait les papiers pour l'adoption quand Carolina le souhaiterait. Il lui demanda si elle accepterait qu'Anne, avec qui il avait renoué et envisageait un avenir commun, devienne la mère adoptive d'Alan. La jeune femme se raidit et un rictus de contrariété étira ses lèvres. "Comme la vie était injuste" songea-t-elle. Elle, encore si jeune, n'aurait pas l'occasion de voir grandir son fils. Et c'est son ancien compagnon (qui n'avait pas voulu d'enfant lorsqu'ils vivaient ensemble) qui emmènerait Alan à l'école, assisterait à sa remise de diplôme universitaire et serait un témoin privilégié de sa vie d'adulte. C'était à hurler mais Carolina ne se laisserait pas aller en présence de son enfant. Après quelques instants, qui parurent à Richard une éternité, elle acquiesça et précisa froidement qu'elle contacterait son avocat dès le lundi, afin que les papiers pour l'adoption soient modifiés en ce sens.

Carolina se leva et se dirigea vers un petit meuble à tiroirs dont elle ouvrit le premier. Elle en sortit des photographies et revint s'asseoir en face de Richard. Elle lui tendit les clichés qui représentaient tous son fils. Il les contempla, attendri, jusqu'à ce la jeune femme lui dise de les emporter. Elle n'en aurait bientôt plus besoin et tenait à ce que Richard les conserve précieusement. En attendant la rencontre d'Anne et Alan, il pourrait ainsi montrer les photos à sa future femme. Richard et Anne avaient en effet décidé de se remarier afin de sceller leur amour, pour toujours cette fois-ci.

Alan lâcha ses voitures et regarda sa mère et l'homme assis face à elle. Peu farouche, il vint les rejoindre et sauta sur le canapé, entre les deux adultes, un léger sourire se dessinant sur ses lèvres. Il tourna la tête vers Richard et plongea son regard dans le sien. Le quinquagénaire craignait d'avoir du mal à endosser une nouvelle fois le rôle de père. Même si son coeur était prêt à s'ouvrir pour son fils, une sourde angoisse s'infiltrait en lui.

L'après-midi se déroula dans le calme, parfois entrecoupé par les rires de l'enfant. En partant, Richard et Carolina se promirent de se retrouver dans le courant de la semaine suivante. Anne serait de la partie et ferait ainsi connaissance avec Alan. Ils aviseraient alors de la conduite à tenir, en fonction de l'avancée de l'avocat en ce qui concernait les papiers pour l'adoption.

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