L'enquête - 3ème partie : les larmes de Chloé

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Début août 2013

Chloé pleurait toutes les larmes de son corps depuis quelques jours. Elle ne regardait d'ordinaire pas les journaux télévisés et ne consultait habituellement pas la presse. Cependant, son regard était tombé, le mercredi 31 juillet, sur la photo de Dorian en première page d'un quotidien. Au-dessus du visage de son amant figurait un gros titre alarmant : “Mort d'un passager du train Paris-Dijon”.
Elle avait donc acheté la feuille de chou et, après s'être assise sur un banc public, elle s'était mise à lire avidement l'article qui faisait la une. Au fur et à mesure que son cerveau enregistrait ce que ses yeux voyaient, ses larmes jaillissaient. Elle ne pouvait pas les endiguer. Dorian, qu'elle avait retrouvé par hasard en janvier, victime d'un meurtre ? Comment était-ce possible ? Il était tellement gentil. De plus, sa timidité l'empêchait d'aller au-devant des autres. Il n'avait que peu d'amis et Chloé aurait juré qu'il ne s'était fait aucun ennemi. Certes, elle savait peu de choses à propos de son petit ami. Les presque quatre ans qui avaient passé depuis leur rupture n'avaient pas rendu le jeune homme moins secret. Il n'était guère plus prolixe non plus.
Dorian avait malgré tout évoqué sa toxicomanie récente et avait demandé à son amante, au cas où celle-ci détecterait des signes montrant qu'il avait replongé, de prévenir le médecin qui l'avait suivi tout au long de son sevrage. Chloé lui avait été reconnaissante de cette preuve de confiance.

Une dizaine de jours après avoir appris le décès de son bien-aimé, la jeune femme était épuisée par le manque de sommeil et les torrents de larmes versés. Son intense fatigue et son désespoir lui brouillaient les idées. Elle ne savait ni où elle en était ni ce qu'elle devait faire. Appeler la police ? Elle avait noté, dans les quelques lignes consacrées au défunt, que l'enquête avait été prise en main par l'inspecteur Kleen et son équipe, à Sens. Selon elle, Chloé n'avait pas d'élément intéressant à leur fournir.

Ayant, après plusieurs rencontres, tissé des liens d'amitié avec les collègues de Dorian, Chloé envisagea de se rendre à l'établissement “Le Sancerre”. Ce dernier conjuguait restaurant, bar et brasserie, à l'angle du boulevard de l'Hôpital et du boulevard Saint-Marcel. Peut-être Cathy et Patrick détenaient-ils des informations importantes inconnues d'elle-même. En fait, elle comptait surtout sur eux pour orienter sa décision. Le chagrin la dévorait et elle ne parvenait ni à réfléchir ni à agir de manière cohérente. En outre, n'ayant ni mangé ni dormi depuis une bonne semaine, elle menaçait de s'écrouler à tout moment.

La jeune femme en était là de ses réflexions lorsque son téléphone portable sonna : numéro privé. En général, elle ne répondait pas lorsque l'appelant masquait son numéro. Toutefois, étant donné les circonstances particulières, elle prit la communication. L'officier de police Esteban Riveira s'annonça et lui demanda de confirmer qu'elle était bien Chloé Beaumont. Un soulagement immense envahit Chloé. Au moins n'avait-elle plus besoin de se demander si elle devait contacter le commissariat de Sens ! Après avoir décliné son identité d'une voix mal assurée, la jeune femme s'enquit de la raison de cet appel. Le policier lui répondit courtoisement qu'elle allait recevoir très prochainement une convocation en vue d'être interrogée. Après avoir vérifié son adresse, il la salua de manière formelle et raccrocha.

Chloé se doutait que les policiers l'avaient retrouvée grâce aux lettres qu'elle avait adressées à Dorian. Sur certaines figurait son adresse et elle se souvenait que, sur l'une d'elles, elle avait même indiqué son numéro de portable. Son mobile avait été volé et elle avait préféré, pour le remplacer, prendre un téléphone à carte prépayée. Comme elle n'avait noté nulle part le numéro de son amant, elle lui avait communiqué ses nouvelles coordonnées par voie postale. Dorian avait bien une adresse mail, mais il ne consultait que très rarement sa messagerie. Le jeune homme ressemblait à un extraterrestre en matière d'informatique.
La jeune femme, dont les pensées tourbillonnaient, se mit en route pour “Le Sancerre”. Elle avait hâte de retrouver les deux collègues de Dorian et de faire le point avec eux. Ils ne seraient sûrement pas très disponibles mais elle attendrait le temps nécessaire. Elle voulait être fin prête pour l'interrogatoire qu'elle allait subir. Elle devait découvrir tous les éléments qui pourraient être utiles à l'enquête. Elle désirait, plus que tout, que l'assassin de l'homme qu'elle aimait soit retrouvé au plus vite.

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