Agonies - 3ème partie : la noyade de Richard

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Mars 1997
 
Presque quatre mois que le couple Boyd avait perdu Kate, après le décès subit de Bella. Richard se noyait chaque jour un peu plus. Après avoir porté plainte contre l'hôpital, il avait intenté un procès au Docteur Collins. Cela ne le soulageait pourtant en rien. Anne trouvait tout ça ridicule. Son époux ne faisait qu'alimenter sa colère et son chagrin, sans même s'en rendre compte.
 
Au fond du gouffre, Richard n'avait qu'un désir : venger sa fille Bella. Le Docteur Collins allait payer, d'une manière ou d'une autre ! Voilà ce que l'homme d'affaires s'était promis.

Malgré sa douleur et sa rage, le trader faisait toujours merveille dans sa profession. Personne, hormis sa femme, ne savait par quels tourments il passait. Tous louaient son courage et sa force.

Un matin, quelques jours avant le printemps, il écrivit une lettre au Docteur Martha Collins. Il se lâcha, ne mâchant pas ses mots. Il lui notifiait sèchement que l'on ne se limitait pas à ce qu'exprimait verbalement un malade, surtout lorsqu'il s'agissait d'un enfant. Il fallait savoir aller au-delà des mots et se montrer persévérant. Son attitude avait été totalement irresponsable. Elle était un danger pour ses patients.

Les mots employés par le père des jumelles touchèrent le médecin en plein coeur. A la mort de Bella, elle s'était remise en question. Elle se sentait minable. Ses collègues, ainsi que les infirmières du service, avaient pourtant tenté de la rassurer sur ses qualités professionnelles.

Boyd ne se contenta pas de cette lettre. A plusieurs reprises, il téléphona au Docteur Collins. Ce n'était pas vraiment du harcèlement. Il ne l'appelait pas tous les jours, non. Seulement, à chaque appel, le médecin accusait le coup.


Novembre 1997

A la une du New York Times, on pouvait lire : "Un médecin réputé se donne la mort". Dans l'article, le journaliste relatait la longue descente aux enfers du Docteur Collins. Une dépression l'avait engloutie après le décès d'une petite malade dont elle avait la charge. Elle avait tout expliqué dans une longue lettre. La mort du docteur faisait un orphelin.

Le Docteur Collins, dans sa lettre, ne mentionnait nulle part les multiples appels de Richard. Quant à la missive que celui-ci lui avait adressée, elle l'avait immédiatement brûlée.

Quand Boyd apprit la nouvelle du décès du médecin, il s'en réjouit. Le fait qu'un enfant se retrouvait sans parent le laissait complètement froid.
Malheureusement, le soulagement n'était pas au rendez-vous. Sa souffrance était plus intense que jamais. La rage était toujours là et il n'avait aucune idée de comment s'en défaire.


Février 1998

Un soir, Anne entendit son mari pleurer. Il parlait en même temps. Cela semblait être un monologue et elle ne comprenait pas ce qu'il disait. Emue, elle s'apprêtait à se rendre au chevet de son époux quand elle surprit quelques mots. Ceux-ci lui firent froid dans le dos quand elle assimila ce qu'il avait fait, quelques mois plus tôt.

Non, ce n'était pas possible ! Elle ne  pourrait plus le regarder en face. Au cours des derniers mois, ils s'étaient à peine adressé la parole mais ce qu'elle venait de découvrir dépassait l'entendement.

Quelques jours plus tard, n'ayant pas revu Richard, elle prit sa décision. Elle allait partir loin de cet homme qui était devenu un monstre à ses yeux. Elle l'aimait toujours mais elle ne pouvait plus vivre avec lui.

Boyd, plus seul que jamais, sombrait encore plus profond. Il n'avait plus rien, ni enfant ni épouse. Son coeur était vide, son âme de glace. Ses millions de dollars ne lui apporteraient aucune consolation. Il ne voyait aucune issue.

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