Chapitre 59. Face à son enfant

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Ambre fut conduite vers le lit où était sa fille. Lorsqu’elle vit que Louis était là, elle arbora un grand sourire.

— Louis, tu es là, avec notre fille, qu’en dis-tu ? Tu vois, moi aussi je sais te faire un enfant.

— Bonjour Ambre. Regarde ta fille.

Elle leva les yeux au ciel et lui avança,

— C’est bon, elle est comme tous les bébés, un paquet de chair rouge qui pleure et qui bave.

Sur un ton monocorde, il continua à la questionner.

— Tu comptes l’allaiter ?

Offusquée, elle lui répondit,

— Pour abimer ma poitrine, tu rêves !

Louis continua stoïquement.

— Tu veux la prendre dans tes bras ?

— Non, qu’elle reste dans son lit, elle est très bien là où elle est.

— Elle est trop maigre, tu ne l’as pas assez nourrie.

Exaspérée par ses questions qui ne tournaient qu’autour de l’enfant, elle répondit sur un ton brusque,

— Eh oh, ça va, j’ai même accepté d’être gavée ces trois dernières semaines !

Il soupira face à ce qu’elle donnait à voir de sa personnalité et continua ses questions. Les représentants officiels qui l’accompagnaient étaient toute ouïe.

— Tu as tenté de la tuer in utéro et d’accoucher à six mois en ingurgitant massivement de la sauge.

Avec un sourire mesquin, elle rétorqua,

— Un moment d’égarement… Sûrement. Louis. Maintenant, nous sommes enfin réunis, il n’y a que cela qui compte pour moi.

En tentant de garder un air détaché, il lui signifia,

— Pour moi cela ne compte pas, tu n’es plus rien pour moi, ce qui m’importe, c’est que Ninon vive.

Ambre gloussa,

— C’est quoi ce prénom ? Ninon… Pff encore une idée de la pouliche ?

— Non, une idée à moi, sachant que c’est le prénom préféré de Rachel.

Avec une moue moqueuse, elle lui répondit,

— Oh, notre bébé porte le prénom préféré de celle qui ne fera bientôt plus partie de ta vie ?

Sur un ton ferme et en la regardant dans les yeux, il rétorqua,

— C’est toi qui ne feras bientôt plus partie de ma vie Ambre, je compte te déchoir de tes droits parentaux.

Toujours moqueuse et avec un air outré elle susurra,

— Pour que vous puissiez adopter MA fille ?

— Non, pour que ta sœur puisse l’élever sereinement en Angleterre.

Ambre ne sut quoi répondre, elle était interloquée, saisie… Cet élément expliquait sa présence ici, avec Rachel. Ambre eut l’impression de se vider de son sang… Ça, elle ne s’y attendait pas… Ce n’était pas prévu dans son plan… Elle sentit le fiel monter dans sa gorge, elle ne pouvait supporter que Louis ait pu songer à prendre contact avec sa connasse de sœur pour se débarrasser de son enfant. Il s’agissait sûrement d’un plan de Rachel ! Finalement, elle articula, sur un ton plein de colère,

— Quoi Louis ? Tu ne vas pas élever notre enfant ?

En haussant les sourcils, il lui avoua,

— Non, ça t’étonne ?

Perplexe, elle lui répondit vivement,

— Mais oui, tu m’as toujours dit que tu voulais fonder une famille avec moi… Là, tout y est, non ?

Il soupira, puis, très posément, lui expliqua son projet.

— Non, ce bébé ne fait partie d’aucun désir de ma part, je n’ai eu aucun projet pour cet enfant, il ne fait pas partie de ma vie, tu m’as forcé la main, c’est tout. Et maintenant, comme j’ai trouvé la solution de ta sœur, Flore sera officiellement sa tutrice et l’élèvera loin de toi et les choses redeviendront comme avant dans ma vie avec Rachel.

Ambre fulmina

— Quoi ? Et j’aurais fait tout ça pour RIEN !

Elle hurla, ce qui alerta toute l’équipe de néonatologie, le policier lui demanda de se calmer, elle lui lança, vertement,

— Ta gueule toi ! Je viens d’apprendre que j’ai bousillé mon corps pour rien là, y a de quoi être en colère, non ?

Malgré le brouhaha, le délégué du service de protection de la jeunesse tenta,

— Et votre enfant, Madame ? Que représente-t-elle pour vous maintenant que vous l’avez sous les yeux ?

— J’en ai rien à foutre de cette pisseuse, elle ne me sert à rien si elle est élevée par ma sœur planquée en Angleterre !

Elle joignit le geste à la parole et tenta de pousser sa fille hors du petit lit, Louis la souleva juste à temps… il eut l’impression que le temps s’était arrêté, il scruta ce qu’il se passait autour de lui, protégeant Ninon avec ses deux mains en la posant contre son torse.

Il vit le délégué plonger sur Ambre, le policier tenter de la retenir pour limiter l’ampleur de son geste et l’équipe soignante faire barrage et réclamer sa sortie de l’unité.

Il fut sorti de cette torpeur par un infirmier qui lui demanda,

— Monsieur, est-ce que ça va ? Permettez que je vérifie si les cathéters sont encore bien en place.

Encore hébété, il répondit,

— Ok, oui… Est-ce qu’on pourrait lui interdire de venir ici ?

— Ne vous inquiétez pas, c’est déjà fait.

Il laissa Ninon dans les mains de l’infirmier et se frotta le visage… Cette situation était vraiment surréaliste. Ambre avait été évacuée du service de néonatologie par le policier, accompagné par le délégué du service de protection de la jeunesse qui grattait des notes dans un calepin alors qu’Ambre continuait à crier dans le couloir, pestant contre le policier qui l’avait menottée à sa chaise roulante.

Sur les entrefaites, Flore et Rachel étaient discrètement entrées dans le service et s’étaient rapprochées de Louis. Rachel s’enquit,

— Louis, nous avons entendu un esclandre, c’était Ambre ?

Secoué, il leur expliqua,

— Oui, elle a bien démontré le peu de cas qu’elle fait de sa fille, elle ne l’a même pas regardée ni observée, mais en revanche, elle a tenté de la balancer hors du lit lorsque je lui ai expliqué que Ninon sera élevée par Flore en Angleterre. J’ai soulevé Ninon juste à temps, sans ça, elle aurait fini par terre… C’était hallucinant comme scène.

Les deux femmes l’écoutèrent, atterrées par les détails que Louis leurs donnait. Il était visiblement encore perturbé par cette expérience, Flore lui proposa,

— Louis, viens respirer à l’extérieur et manger un petit morceau. Rachel, je te le ramène dans maximum vingt minutes.

Un peu désemparée, Rachel acquiesça,

— Ok …

En effet, il y avait quelque chose qui se passait trop vite, là, pour Rachel…

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