Le quai des au revoir

de Image de profil de TanukiTanuki

Avec le soutien de  Althéa_hime, Oïbarès 
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Image de couverture de Le quai des au revoir


Le destin, parfois, semble inévitable, quand tout arrive et que tout finit. On cherche à repousser l’échéance, profiter des moments restants, en vain. On réfléchit à ce que l’on pourrait dire, faire, pour être au clair, pour se faire comprendre. Pourquoi est-ce si difficile ?
Isoler nos cœurs pour se protéger, préserver notre histoire sans tout gâcher. Fin d’un chapitre ou fin de l'œuvre ? La crainte d’une fin de toi ou fin de nous ? Tant que le doute plane, les oiseaux peuvent continuer de chanter et se laisser guider au gré du vent, insouciants, sécurisés. Pourquoi risquer de se mouiller les ailes quand c’est toi qui fais briller le soleil ?

7 heures, le réveil sonne, comme un glas, le soleil se fait timide mais se présente comme un soutien. Quelques heures de sursis, c’est tout ce qu’il reste avant le départ. Un café, sans sucre mais avec beaucoup d’idées mélangées. Un message de réconfort mais sans conviction pour lui dire que ça y est, c’est le grand jour, que tout va bien se passer et que cela va être merveilleux pour elle, de rejoindre l’homme de sa vie à l’autre bout du monde. Une douche chaude, et pourtant froide, un sourire forcé dans la glace, deux petites tapes sur les joues, manteau sur le dos, et tout le poids du monde avec. Décollage pour le travail.
Rendez-vous à 18 heures sur le quai des au revoir.

6 heures, insomnie, sortie du lit comme le top départ d’une course, le soleil paresse encore. Quelques heures de répit, c’est tout ce qu’il reste avant son voyage. Un jus de fruit, à peine touché, trop occupée par ses pensées qui rebondissent dans tous les sens. Un message reçu, un temps d’arrêt, un sourire tendre et mélancolique avec une réponse emplie de stress et de doute. Une douche effervescente, un maquillage succinct, une touche de parfum. Un regard dans la glace, une pensée pour lui, et une pensée pour lui aussi.
Il reste une valise à terminer et une maison à vérifier. Décollage du compte à rebours.
Rendez-vous à 18 heures sur le quai des au revoir.

Nous y sommes, il a quitté le travail à l’heure et a prié pour que les transports en commun se déroulent bien. Fort heureusement pour lui, ce fut le cas. Les gens faisaient leur vie, rentrant de leur journée de labeur en déambulant comme des fourmis, “une journée banale pour la plupart d’entre eux” se dit-il. Durant le trajet, il se sentait dans un autre monde, celui au-dessus de la foule, vers le ciel, celui qui lui donnait des ailes quand il était avec elle. Mais il sentait la pluie arriver, les nuages s’amonceler au fur et à mesure de son envolée. Se dirigeant irrémédiablement vers les quais comme pour subir un dernier supplice. “Je serai à l’heure, je te retrouve bientôt” lui envoya-t-il.

Téléphone qui vibre, réception du message et un petit soulagement en le lisant. Elle retira ses écouteurs pour acheter une revue, elle était déjà sur place et des sentiments contradictoires s'enchevêtraient dans sa tête. Pourquoi pensait-elle à lui, plus qu’à lui, en ces instants comptés ? Parce qu’ils ne se reverraient peut-être jamais ? Ou bien est-ce l’évidence qui fait sens et qui prend subitement la place qui lui est due ? Et si… ?

Il regarda les écrans pour trouver le bon quai, le cœur battant comme un tambour et la gorge un peu nouée, il accéléra le pas et se fraya un chemin à travers les voyageurs. Ses yeux scrutaient chaque personne présente, jusqu’à tomber sur elle, qui le cherchait aussi. Vinrent enfin la délivrance et le soulagement de leur regard réuni.
Le temps de se retrouver, de se réconforter, le temps de se regarder comme si c’était la première fois, comme si c’était la dernière fois. Le temps qu’ils n’avaient plus désormais.

Postés tous deux devant la porte mécanique béante, “Il faut que j’y aille” dit-elle, la voix tremblante, émue. Sur ces mots présageant l’inévitable conclusion, un flot d'émotions trop vif et envahissant finit par briser en éclats la raison trop longtemps contenue. Des larmes se libérèrent naturellement des deux côtés, les yeux floutés fixant les siens, les joues rougies, il s’avança et attrapa sa main, elle la serra en entremêlant ses doigts dans les siens, elle-même totalement désorientée. Puis le silence éloquent. Cet instant figé à tout jamais alors que les pensées s’écrasent sur des rochers. Les mains bientôt se séparèrent et elle disparut. Sur le quai des au revoir, on pouvait lire sur ses lèvres, je t’

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