C'était la nuit...

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C'était la nuit, c'était le jour, c'était l'aube, c'était le crépuscule. C'était l'être et le néant. Mais comment donc avancer dans ce paysage lunaire autrement qu'à tâtons, les mains au-devant de soi avec le pas peu assuré du funambule ? On progressait, les jambes prises dans une gelée verte, une sorte de résine glauque qui naissait de la terre. Les silhouettes homologues perdues dans la brume du rien, on les hélait mais les mots cognaient sur la ouate, rebondissaient comme des balles et revenaient heurter le front avec la consistance du doute. C'était une longue nage vers soi, une brasse coulée, c'était un langage de bègue qui mitraillait ses phrases et puis demeurait coi. Du sol montaient une visqueuse irrésolution, de ténébreuses fibres s'invaginant dans l'antre étroit du sexe ou bien s'enroulant autour de sa hampe dressée comme pour une ultime érection. Les yeux étaient cadenassés et la proche perdition de l'homme sifflait aux oreilles avec son bruit de rhombe. Des silex, parfois, entaillaient les lèvres et du sang bleu coulait, longues larmes suspendues dans la résille du temps. L'air, autour, était si étroit, collé aux narines avec la hargne de bourgeons poisseux.

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