27e jour de Yosha (Arlenxar de Midiar)

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J’ai repris le journal de Valturas. il n’est plus capable de le tenir désormais.

Nous avons atteint la vallée des Caverneux peu avant la tombée de la nuit. Le capitaine Marshe a voulu pousser le convoi jusqu’au bout, où les éclaireurs ont indiqué un emplacement adéquat pour un campement durable. Sha était déjà haute quand nous nous sommes arrêtés.

Nous ne sommes pas autorisés à aller jusqu’à la porte, mais on la voit, du camp ; ou plutôt on voit ses ornements. Elle ne ressemble pas à ce que je m’attendais à voir. Les contours sont sculptés sur la roche, la porte elle-même ne semble pas si grande vu d’ici. Marshe entrera demain matin chez les Caverneux.

La garde-malade Birsha s’occupe de Valturas, mais elle n’a pas continué le journal. On n’a toujours pas retrouvé Lofta, elle doit se cacher quelque part aux alentours. J’ai hâte de lui trancher la tête ; à coup sûr elle est une de ces Obscuri de Sima. Une traîtresse à son peuple, car elle n’a pas la couleur des Mehdacins.

Depuis qu’on est au cœur des Célestes, coincés entre ses pics enneigés, on n’entend plus le tonnerre des titans qui ravagent Panium. Le capitaine a envoyé des équipes pour monter des postes d’observation sur les crêtes qui nous surplombent. Il a l’air de craindre quelque chose, pourtant, perdus comme nous sommes, qui pourrait venir nous chercher ?

Je suis de garde du zénith au coucher de Sha, en attenant ma ronde je suis passé voir Valturas. J’ai cru qu’il était mort, il ne respirait plus, mais il s’est réveillé à mes paroles. Il ne va toujours pas mieux, même sans cette sorcière pour l’empoisonner. Son esprit s’égare de plus en plus. Avant de s’endormir, il m’a demandé de lui lire ce journal, depuis le début. Il m’a demandé qui étaient les gens qui y sont cités. J’ai dû lui rappeler mon nom. Son visage se creuse, son corps s’amaigrit. Il mourra peut-être avant de perdre complètement la tête.

C’est étrange de reprendre un journal de cette façon. Je me suis séparé du mien depuis un moment ; il doit toujours traîner quelque part, mais ses feuilles ont servi pour allumer les feux de nos camps durant la descente. Aujourd’hui j’ai l’impression de devoir faire ça, car Valturas y tenait et que j’ai fait une promesse.

Je ne suis pas originaire du nord de Kerth, ni même de ce continent. Je descends de ceux qu’on appelait les smots. Ma mère est née sur Sima, en tant qu’esclave à l’époque de la domination, et a traversé la mer enfant, lorsque Sitake a instauré l’Empire. C’est pour ça que ma peau n’est pas aussi blanche que celle des Tèques du nord. Les smot, pour ceux du nord, sont ceux qui vivaient sur Sima, dans les riches cités des seigneurs Mehdacins, tandis qu’eux mourraient dans les mines des monts Célestes, des Épharis, et des monts Ravage, le massif où ont péri des milliers d’esclaves. Il m’a fallu aller jusqu’à Garric pour trouver une armée qui ait besoin de moi. Je me suis donc enrôlé dans l’armée du nord, l’armée de Garric. C’est là que j’ai rencontré Valmina. Elle était ma décar, et c’est lors d’une mission sur les côtes du Silence que nous nous sommes rapprochés. Lorsque la guerre a éclaté, on est retourné à Garric pour rejoindre les forteresses sur les monts de Chim. Nous voulions nous battre, rejoindre la lutte éternelle de notre peuple contre les Garde-morts.

Je devais la rejoindre lorsque Garric a été évacuée. Valmina m’avait parlé de ses parents et de son frère, Valturas. Lorsque je l’ai revu, réquisitionné en tant que soldat, je me suis promis de veiller sur lui, en souvenir de Valmina.

Je crois que c’est ma culpabilité d’avoir encouragé Valmina dans cette folie qui m’a amené à considérer Valturas comme un ami, en plus du fait qu’il me rappelait sa sœur. Valturas n’a rien d’un soldat, il est un peu simplet et n’a pas la force de Valmina. Mais il est malgré tout comme un frère, pour moi.

J’espère que nous pourrons rejoindre les cités souterraines rapidement, peut-être que les Caverneux sauront comment le soigner.

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