Chapitre I : Le réveil

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Le monde était flou lorsque Charlotte ouvrit les yeux. Les murs blanchâtres et ternes, une pâle lumière filtrant à travers les persiennes délavées. Tout semblait lointain, irréel. Elle tenta de bouger, mais ses membres refusèrent d'obéir, lourds et endoloris. Des tubes couraient le long de ses bras et la reliaient à une machine à ses côtés qui émettait un bip régulier. Elle cligna des yeux, essayant de rassembler ses pensées, mais sa tête bourdonnait comme si elle avait la tête sous l'eau. Comment est-elle arrivée là ? Pourquoi ne se souvenait-elle de rien ?

Elle essaya de crier, mais sa gorge était sèche, seule une faible plainte s'échappa de ses lèvres. La porte de sa chambre s'ouvrit brusquement, révélant une femme en blouse blanche.

— Ah, Madame Winger ! Vous êtes enfin réveillée, dit-elle avec un léger sourire. Ne vous inquiétez pas, vous êtes entre de bonnes mains ici.

Mais Charlotte ne se sentait pas en sécurité. Tout en elle hurlait qu'elle devait fuir, mais elle n'avait ni la force ni le courage de le faire. Elle regarda fixement la femme, cherchant des réponses dans ses yeux.

— Où... suis-je ? murmura-t-elle enfin.

— St-Lucy Hospital, répondit doucement la femme. Ne vous inquiétez pas, tout va bien. Vous avez juste besoin de repos.

Mais les yeux de Charlotte étaient emplis de terreur. Une intuition lui laissait présager que quelque chose n'allait pas, qu'une ombre planait sur les raisons qui l'avaient emmenée ici. Elle avait au plus profond d'elle-même la sensation qu'un terrible évènement venait de se produire.

Charlotte entendit des sons étranges. Des murmures lointains, des pleurs étouffés, des rires nerveux. Elle se rendit compte qu'elle n'était pas la seule personne dans ce bâtiment. Y aurait-il d'autres patients ? Voyant l'inquiétude croissante de Charlotte, la femme en blouse blanche tenta de la rassurer.

— N'ayez crainte, les bruits que vous entendez sont simplement les autres patients. Ils sont tous ici pour guérir, tout comme vous.

Les paroles de la femme ne calmèrent pas Charlotte. Au lieu de cela, elle commença à ressentir une grande angoisse. Elle voulait se souvenir et comprendre ce qui s'était passé. Ses doigts grattèrent faiblement les draps, cherchant un ancrage dans cette réalité déconcertante et perturbante.

— Qui êtes-vous ? demanda-t-elle d'une voix rauque.

— Je suis le Docteur Marina Ocelot, répondit la femme, s'approchant du lit de Charlotte. Et je suis ici pour vous aider, Charlotte. À comprendre ce qui vous a amené dans notre institut et vous aider à guérir.

Charlotte fronça les sourcils, essayant de fouiller sa mémoire pour voir si elle la reconnaissait. Mais le Dr. Ocelot lui était inconnue.

— Pourquoi est-ce que je ne me souviens de rien ? demanda Charlotte, paniquée.

Le Dr. Ocelot prit une profonde inspiration.

— Charlotte, lorsque vous avez été trouvée, vous étiez dans un état très grave de schizophrénie. Nous pensons que vous avez subi un choc émotionnel, peut-être à cause d'un événement traumatique. Il est tout à fait normal de ne pas se souvenir de certaines brides immédiatement. Avec le temps, votre mémoire ne vous fera plus défaut.

Mais Charlotte n'était pas vraiment convaincue. Son être tout entier lui criait qu'il se passait un truc grave, de terrifiant et d'obscur, qui la guettait dans les profondeurs de sa mémoire. Elle avait peur de ce qu'elle pourrait découvrir.

Le Dr. Ocelot tenta une fois de plus de la rassurer, puis quitta la chambre, laissant Charlotte seule avec ses pensées tourbillonnantes et ses peurs grandissantes.

Alors que le Dr. Ocelot quittait la pièce, Charlotte jeta un dernier coup d'œil à sa chambre. Ses yeux se posèrent sur une petite table de chevet en bois à côté de son lit. Sur cette table se trouvait un carnet, relié de cuir usé, accompagné d'un crayon. Elle tendit une main tremblante, intriguée, espérant que cela contienne des indices sur son passé.

Les premières pages étaient vierges. Elle tourna les pages délicatement et trouva des entrées écrites d'une main hésitante, probablement la sienne. Les dates indiquées en haut des pages lui montrèrent que les textes avaient été écrits au cours des dernières semaines.

8 juillet - Les ombres reviennent. Je les sens me regarder. Chaque coin sombre, chaque recoin de la pièce semble cacher un secret effrayant. Pourquoi personne d'autre ne les voit ?

11 juillet - J'ai entendu leur chuchotement aujourd'hui. Des voix douces, presque rassurantes, mais je sais qu'elles mentent. Elles veulent me faire du mal.

15 juillet - J'ai cru voir maman et papa aujourd'hui. Mais ce n'était pas eux. Leurs yeux étaient vides, sans émotion. Ils m'ont juste fixée, puis sont partis.

— Nous sommes... en juillet ? dit-elle pour elle-même.

Chaque entrée décrivait une descente de plus en plus profonde dans l'effroi. Les mots étaient entrecoupés de dessins, parfois d'ombres menaçantes, parfois de visages familiers déformés par la peur. Charlotte ressentit une grosseur dans la gorge. C'était sa voix, son écriture, mais elle ne se souvenait pas avoir écrit ces mots. Elle referma délicatement le carnet et le déposa près de son oreiller. Elle réalisa que ces entrées étaient peut-être les seules façons de comprendre ce qui lui était arrivé.

Le soleil commença à se coucher, laissant place à une lueur orangée qui filtrait à travers les persiennes de la fenêtre. Charlotte se sentit envahie par une vague de fatigue. Elle voulait résister, voulait rester éveillée pour chercher des réponses, mais ses paupières devinrent lourdes.

À la lisière du sommeil, elle crut entendre un murmure, une voix douce et familière lui chuchotant à l'oreille.

"Charlotte... pourquoi ? Pourquoi as-tu fait ça ?"

Elle sursauta, ouvrant grand les yeux, mais la pièce était vide. Elle était seule, entourée de silence, avec seulement son carnet pour la rattacher à une réalité qui lui échappait.

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