chapitre 1

8 minutes de lecture

Ce devait être un des derniers week-end en famille avant le départ de mon frère, Thaïs, pour le Canada où il devait passer une année d'étude. Mes parents, amoureux comme au premier jour, avaient loué un chalet en montagne pour fuir la chaleur étouffante de la ville en cette fin août.

Mon père, allergique aux nouvelles technologies, avait refusé de prendre un gps, argumentant que rien ne valait une bonne vieille carte routière. Il avait juste omis de préciser qu'il n'en n'avait pas utilisé depuis des années et qu'à priori la petite ville que nous traversions en lisière de forêt n'apparaissait pas sur la dite carte.

"- Arrêtes toi sur le côté, et trouvons un hôtel pour ce soir, la nuit commence à tomber et je penses que nous sommes perdus. conseilla ma mère.

- Nous ne sommes pas "perdus", nous sommes momentanément égarés sur un itinéraire alternatif ! pouffa mon père.

- Itinéraire alternatif ou pas, il va falloir que l'on s'arrête manger quelques part et j'ai pas l'impression qu'il y ai un mcdo dans le coin...marmona Thaïs en scrutant les alentours par la fenêtre. Tu veux pas au moins demander à quelqu'un notre chemin ? Ou faire demi tour et revenir à la civilisation ?

- Je vous trouves extrêmement négatifs ! Il nous reste des chips et de l'eau ! Tout n'est pas perdu, mais vous avez gagné, on va demander notre chemin au jeune homme là bas."

Je jettais un oeil au jeune homme en question. Environ mon âge, un corps musclé moulé dans un tshirt blanc, des cheveux noirs coiffé en bataille, et de magnifiques yeux bleus. Exactement le genre de mec avec qui je n'aurais jamais une chance, pour qui je serais invisible.

Semblant lire dans mes pensées mon frère me glissa :

"- Tu sais Kal, si tu arrêtais de te dévaloriser et que tu te mettais un peu au sport tu aurais toutes tes chances avec n'importe quel mec...ceci étant, si tu pouvais attendre que je reviennes pour t'y mettre...je préfères avoir un oeil sur les zozos qui courreront après ma petite soeur.

- Tu m'as regardé ? je suis invisible...tu n'as pas de soucis à te faire...c'est pas demain la veille que "des zozos me courreront après"..."

Il leva les yeux aux ciels et reporta son attention sur le jeune homme que mon père venait d'interpeller.

"- Excusez moi ! Bonjour ! Vous êtes du coin ? Je penses que nous nous sommes égarés...il y aurait un endroit ici où nous pourrions manger et passer la nuit.

- Oulà...vous devriez faire demi-tour, la première ville est à vingt minutes et vous trouverez tout ce que vous cherchez, notre village n'apparait sur aucune carte c'est dire ! C'est même étonnant que vous soyez arrivé jusqu'ici...vous alliez où ?

- Nous allons à Bourgueux, nous avons loué un gite là bas, et selon ma carte si nous prenons la route qui traverse la forêt nous devrions pouvoir y arriver...

- Ne prenez pas la route de la forêt, la nuit va tomber et cette route est dangereuse même quand on la connait...rebroussez chemin, allez jusqu'à Dracourt et suivez Belves puis Epissis, puis Bourgueux, il y a des panneaux, tout est indiqué.

- D'accord merci pour ces renseignements, bonne soirée !"

Mon père remonta sa vitre sans attendre de réponse, il redémarra sans prendre la peine de faire demi tour et pris la direction de la forêt. Le beau brun qui nous avait indiqué le chemin nous suivi du regard avant de faire brusquement demi tour et de partir en courrant.

"- Il t'a dit de rebrousser chemin...le sermona ma mère.

- Oui mais ma carte me dit que si l'on traverse cette foret nous atteindrons Bourgueux ce soir, un repas nous attends au gîte, ce serait dommage de louper une nuit.

- Il a dit que la route été dangereuse...lui rappela ma mère.

- Tatata, je suis un pilote ! s'amusa mon père en caressant le volant. J'irais doucement chérie, on arrivera entier c'est promis."

Il se pencha pour déposer un baiser sur la joue de ma mère qui lui lançat un regard tendre.

La forêt dans laquelle nous nous enfoncions était sombre, mais la route semblait en bonne état et jusqu'ici je ne voyais pas en quoi elle était dangereuse. Je m'étirais, la fatigue commençait à me gagner et j'avais hâte d'arriver. Mon frère me tendi un de ses écouteurs et m'offrit son épaule pour y reposer ma tête.

"- Profites-en...la prochaine fois que papa décidera de vous perdre dans le trou du cul du monde je serais de l'autre côté de l'atlantique."

Le sommeil me gagnait peu à peu et je fermais les yeux berçée par le ronron du moteur et la musique de Thaïs.

Je ne saurais dire depuis combien de temps je dormais quand mon corps fut projeté violement vers l'avant, retenu par la ceinture de sécurité. La voiture fit quelques embardées et vint s'arrêter contre un arbre sur le bord de la route.

"- Tout le monde va bien ?? lança mon père en se retournant vers nous.

- Oui ça va...Kal aussi...juste un peu secoué. répondit mon frère.

- Un pilote hein ! se moqua ma mère en se tenant la nuque. J'espère que la voiture n'a rien...

- J'ai évité un animal !! Un truc énorme...on aurait dit un loup.

- Un loup ! De mieux en mieux ! s'exclama ma mère. Allez tout le monde descend, je penses que ce loup a eu plus peur que nous en croisant votre pilote de père, profitez en pour vous dégourdir les jambes, on va évaluer les dégâts et prier pour que l'on capte quelques choses pour appeler une dépaneuse."

Ils échangèrent un rapide baisé et descendirent de la voiture. Pendant qu'ils inspectaient le capot de la voiture j'en profitais pour faire quelques pas sur la route. Je m'étirais quand j'entendis un hurlement déchirant, celui de ma mère.

Je ne compris pas tout de suite ce qu'il était en train de se passer sous mes yeux. Ce n'est que quand mon frère me cria de me mettre sous la voiture que je compris que ce que j'avais pris pour des lucioles sur le bas côté était en réalité une meute de loup énorme qui nous encerclait.

L'attaque fut très rapide, le temps que je me glisse sous la voiture, mon père et ma mère étaient déjà à terre, gisant dans leur sang, la gorge arrachée. Mon frère s'était positionné devant la voiture une enorme branche à la main, tentant de faire rempart entre eux et moi.

Trois loups lui faisaient face, grognant et aboyant, leurs dents monstrueuses brillants à la lumière des phares de la voiture. Un premier loup attaquat, le mordant à la jambe, il lui assena un grand coup de branche sur le crâne lui faisant lâcher prise. Les deux autres loups en profitèrent pour lui sauter dessus, l'attrapant par le col de sa veste et le trainant dans les fourrés. Je l'entendais hurler sans parvenir à bouger le moindre muscle. Le premier loup à avoir attaqué observa la scène et se retourna vers moi, recommençant à grogner. Il essaya de se glisser sous la voiture pour m'atteindre, mais encombré par sa taille il n'y parvint pas. Je le vis s'éloigner et disparaître dans les fourrés à son tour.

Après quelques minutes, je me décidais à ramper doucement vers l'extrémité de la voiture pour essayer de voir si la voie était libre. Je ne compris mon erreur que quand je senties ses crocs se refermer sur le bas de mon jean. Sans le moindre effort l'énorme loup me tira de dessous la voiture. Je me retournait vers lui essayant de lui balancer mes pieds dans la truffe. Mon pied atteind sa cible à la seconde tentative, permettant de liberer mon autre jambe de la gueule du monstre. Il couina avant de se jetter sur moi et d'enfoncer ses crocs profondément dans mon épaule. La douleur me coupa le souffle et le poids du loup me fit basculer en arrière, ma tête heurtant le bitume.

La tête posée au sol, je mis quelques secondes à me rendre compte que l'ombre que je voyais bouger au loins était en réalité un énorme loup noir aux magnifiques yeux bleus. Il se jetta sur le loup toujours planté dans mon épaule et attaqua à la gorge. Il me lâcha immédiatement, tentant de mordre à son tour son assaillant.

J'entendis le bruit d'une voiture arrivant à vive allure, une Jeep grise apparut pleins phare sur la route. S'arrêtant à quelques metres, un grand brun en descendit, s'agenouillant devant moi. Il me rappelait étrangement le jeune homme à qui on avait demandé notre chemin, mais semblait plus âgé avec de beaux yeux verts.

Ok Kal, ce n'est peut être pas le moment de baver devant ce qui semble être ta seule chance de survit.

Il releva la tête et interpela quelqu'un derrière moi.

"- Elle est en vie...enfin pour le moment, va mettre ton jogging il faut qu'on la ramène, l'alpha saura quoi faire.

- Tu sais tu peux aussi l'appeler papa...ricanna son interlocuteur. Elle est quand même bien amochée...mais elle a réussi à le faire couiner."

La plus belle paire de fesses qu'il m'eut été donné de voir passa dans mon champ de vision.

Mais QUI se balade à poil dans la forêt en pleine nuit ?!

"- apporte la trousse d'urgence, si on ne stoppe pas son hémorragie elle se videra avant qu'on atteigne la maison.

- Merde, il l'a mordu ? lança le second en enfilant un bas de jogging.

- Pas qu'un peu...tu sais ce que ça veut dire...

- Je te signales que je suis naît au sein de la meute moi aussi ! Ce n'est pas parce que je ne serais que le frère de l'alpha que je n'ai pas suivi les mêmes cours que toi !

- Dépêche toi, je penses qu'elle ne va pas tarder à perdre connaissance. Gardes les yeux ouverts, on va s'occuper de toi, ça risque de faire mal, évite de bouger. dit-il en se penchant sur moi.

- elle est en état de choc on dirait, ou muette...dit son frère en s'approchant de nous, trousse de secours à la main.

- Non, tu crois ?? Elle a vu sa famille se faire décimer, et s'est fait à moitier arracher une épaule, sans compter sa tête...appuis les compresses on va faire un pansement comprésif en attendant que doc la voit."

En quelques minutes ils réalisèrent un bandage suffisant pour stopper l'hémorragie.

"- Bon très bien, prends la je vais conduire, met toi à l'arrière avec elle, ce serait mieux qu'elle reste consciente.

- c'est pas gagné, elle est vraiment pâle et elle a perdu pas mal de sang...

- Active, j'ai pas envie qu'ils reviennent à plusieurs, on est que deux.

- ça va ça va, elle est gelée en plus..."

Le frère du conducteur me souleva sans effort, ménageant autant que possible mon épaule, ma tête reposant contre ses pectoraux. Dans d'autres circonstances, le contact de ce corps à moitié nu et parfaitement musclé m'aurait fait rougir.

Pas sûre qu'il me reste assez de sang pour ça...

Ce n'est que lorsqu'il baissa les yeux sur moi que je reconnu ce bleu profond : le jeune homme qui nous avez conseillé de rebrousser chemin.

"- Je vous avez pourtant dit que la forêt était dangereuse...me chuchota-t-il avec un sourire désolé "

Annotations

Vous aimez lire Audrey Suard ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0