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 Accoudé tant bien que mal aux cordages de la passerelle, j'étais occupé depuis plusieurs poignées de sables à tripatouiller l'air de mes doigts, les imbriquant les uns entre les autres jusqu'à obtenir satisfaction – satisfaction qui se tardait à faire son entrée.

En vérité, plus que mes doigts qui s'emmêlaient, c'étaient les brouillons de pensées qui jaillissaient à tout va à l'intérieur qui me causaient du souci.

— ... Qu'est-ce qu'on fout ici ?

— Hmm ?

Ashe me regarda sans comprendre. Cette même question était revenue me tarauder à plusieurs reprises, mais même l'esprit éclairé de mon frère d'écailles n'avait pas su trouver la réponse exacte, ne composant rien d'autre qu'une suite de suppositions sans fin. Rien de plus que ce que je n'avais déjà, donc. Et voilà que je me retrouvais à la poser à deux compagnons d'armes dont l'un ne me faisait même pas l'aumône d'un regard : distrait, Aaron balançait vaguement ses deux jambes dans le vide, l'air ailleurs.

Je répétai ma phrase mot pour mot. Comprenant que cela n'aurait pas plus d'effet sur eux, j'approfondis :

— Quel est l'intérêt de notre présence ici ? À quoi on sert au juste ?

— Comment ça, à quoi on sert ? On se bat, Liam ! s'exclama Ashe en réponse à mon insolente interpellation.

— Justement, non ! Ça fait un Mök que je suis là, plus pour toi, et pourtant... combien de fois es-tu sorti à la surface ?

— Aucune, mais je ne vois pas le problème.

— Eh bien moi, si ! m'énervai-je. Quel intérêt d'apprendre à nous battre...

— Augmenter nos chances de survie, par exemple ?

— Contre des humains...

— Tu préférerais que l'on se batte contre Fafnir ou Reyja ?

— … Si c'est pour rester coincer ici ?

— Aucune jusque-là ne veut pas dire jamais.

— Franchement, Ashe ! Tu sais comme moi que ce système est bancal !

Il haussa les épaules.

— Peut-être, mais c'est le seul qu'on ait.

— Parce qu'on n'essaye pas d'en changer ! Si seulement les Chasseurs de Nuit prenaient conscience de...

Ashe, jusqu'alors assis, se leva.

— ... De ? Prendre conscience de quoi, au juste ?

Confus et énervé, je me mis à bafouiller :

— De... de... mais de tout ce qui se passe, krâl ! bredouillai-je maladroitement.

C'est fou ce que ses iris peuvent être vertes...

Je fronçai les sourcils face à cette intervention idiote et superficielle qui venait de s'inviter sans toquer.

— Et qu'est-ce qui se passe, au juste ? m'interrogea le fauve à qui ces yeux appartenaient.

Les mots butèrent contre ma langue. Je dus m'y reprendre à plusieurs reprises pour enfin dérouler une phrase complète et intelligible :

— Ce qu'on fait ici... On nous entraîne... à nous entre-tuer.

Les globes oculaires d'Ashe roulèrent dans leurs orbites :

— Tu exagère un peu, tu ne crois pas ?

Les poils surplombant mon arcade sourcilière grimpèrent encore de quelques pouces.

— J'exagère, ah oui ?

— Tu sais très bien pourquoi l'on s'entraîne entre nous.

— Tu ne vas pas me faire croire que tu penses vraiment pouvoir te défendre contre un dragon avec un cure-dent en métal ?

— « Un cure-dent en métal » ?

— Première chose, arrête de me singer avec cette voix nasillarde, c'est vexant ; et deuxième chose ; tu m'as très bien compris. Je me positionne du point de vue de l'adversaire, c'est tout.

— Parce que maintenant, tu les considère comme des adversaires ?

Ses paroles glaciales vinrent bloquer mon souffle à l'intérieur de ma cage thoracique. Leur froid mordant réveilla une difficulté que je n'avais guère envie d'évoquer : plus le temps passait, et plus le bain forcé de haine et de préjugés faisait son effet, et j'avais la désagréable impression de m'éloigner chaque jour un peu plus de Fafnir. En un sens, il me manquait terriblement, et en un autre... que pouvais-je concrètement faire de plus pour empêcher le fossé de se creuser, alors que lui et moi étions pourtant si proches – géographiquement parlant ?

— ... Arrête, tu sais bien que c'est plus compliqué que ça, murmurai-je en baissant la tête, la paume caressant le coude adverse.

Ashe s'adoucit :

— Je sais bien que ce n'est pas facile pour toi, mais... essaye de ne pas oublier que nous sommes dans la vraie vie : tout ne peut pas toujours se passer comme on le voudrait.

Pour ponctuer ses belles paroles, il passa un bras autour de mes épaules, un sourire compatissant lui ourlant les lèvres. Je fis de mon mieux pour conserver ma colère et ma frustration, mais celles-ci fondirent comme neige au soleil sous la chaleur de son accolade.

Mon attention se reporta sur notre troisième larron, qui n'avait encore rien dit jusque-là. Entre ses longs doigts nerveux, un pan de tissu miteux aux couleurs de sang séché était méticuleusement déformé, étiré puis froissé avec précaution. Je reconnus en le lainage un vieux foulard que notre ami avait pris l'habitude de dénaturer à sa guise quand il se croyait seul – ou nous endormis.

Apparemment, son défouloir textile ne lui était pas d'une grande aide, car, quand le rouquin déplia sa grande carcasse pour quitter la passerelle, sa première action une fois les pieds sur un terrain solide fut d'envoyer ses phalanges s'exploser sur la roche, avant de s'éloigner en maugréant des propos inintelligibles, nous laissant plantés là comme deux ronds de flan.

Mon regard glissa vers celui d'Ashe.

— ... Qu’est-ce qu'il lui arrive ?

— ... Je ne sais pas. Ça lui prend parfois... il se renferme complètement sur lui-même, à ressasser de vieux souvenirs ou je ne sais trop quoi... Qui sait ?

Plusieurs poignées de grains de sables s'écoulèrent du sablier avant qu'un nouvel imprévu se manifeste.

En effet, Ashe et moi restâmes prostrés sur la passerelle un long moment, jusqu'à ce que quelque chose ne nous fonce dessus.

Quelque-chose... ou plutôt quelqu'un. Je ne remarquai son jeune âge que lorsqu'il s'arrêta devant moi, faisant trembler l'éphémère pont de ficelle.

Le garçonnet s'avérait être un bambin d'une bonne dizaine de Möks, que j'avais déjà repéré en train de rôder près de l'armurerie en compagnie d'une autre gamine que je flairais être soit sa sœur, soit son amoureuse. Étrangement, sa compagne de toujours n'était pas avec lui. Bien que je sois certain de les avoir déjà aperçus à jouer avec d'autres enfants, rencontrer l'un des deux entièrement seul devenait assez iconique.

L'enfant était complètement essoufflé. Il haletait bruyamment, et une mince pellicule de sueur recouvrait son épiderme. Finalement, il réussit à réunir assez d'oxygène pour parvenir à articuler son message.

— ... Hhh... C'est... M'sieur Kent... hhh... qui m'envoie... hhh...

— Kent ? m'étonnai-je. Qu’est-ce qu'il me veut, cette fois ?

Je me retins de justesse d'accoler « le vieux » à la fin de ma phrase.

— C-chais pas... il a demandé le gars à la cicatrice de pirate, c'est tout...

De justesse, vraiment.

— C'est quoi ton blaze, garçon ?

— Nâal.

— Et ton âge ?

— Onze Möks.

— Tu crèches ici depuis combien de temps ?

— Chais plus. Longtemps, pour sûr. Assez pour que j'm'en souvienne plus. Et pour que j'm'en taille le sablier.

— Super... soupirai-je devant sa mine revêche (et un peu hautaine, en plus de cela) et ses réponses à demi-mot, presque extorquées de force à chaque fois. Et tes parents ?

— Ça vous r'garde ? rétorqua le jeune garçon. Elles commencent à me les blairer, vos questions.

J’avais vraiment besoin de ça en ce moment…

Ma main droite vint s'agripper à toute les prises que pouvait offrir mon visage encore jeune et libre de rides (première fois de ma vie que je regrettais de ne pas encore en avoir).

— Urgh... Bon, Nâal-machin (il se renfrogna face à l'altération indigne de son prénom), voilà ce qu'on va faire : un, arrête de me vouvoyer, ça me vieillit d'au moins cinquante Möks. Deux ; emmène-moi à Kent, et je t'autorise à faire la tronche le long du trajet. Ça te convient ?

— En même temps, c'est un peu pour ça que je suis là...

— Quoi, râler ? Comment l'autre vieillard a-t-il pu se douter que c'était exactement ce dont j'avais besoin ? persiflai-je en levant les yeux au ciel.

Le gamin m’imita.

Ashe ricana.

 — Ta copine n'est pas là, aujourd'hui ?

— Qui, Lyrra ? Nan, trop occupée à zieuter les grands de loin. Et c'est pas ma copine, 'fait. Ma p'tite sœur. Une vraie teigne !

J’avalai mon rire.

— Pourtant, c'est pas souvent qu'on te voit sans elle...

— La barbe ! Mes parents m'la collent sur le dos pour la surveiller. Pas qu'ça à faire, moi !

— Et t'as quoi à faire, au juste ? se moqua Ashe – qui cheminait discrètement en retrait. Pas qu'on manque d'activités pour les mioches, ici, mais...

Le pré-pubert rougit brusquement, et se mit à baragouiner dans sa barbe – inexistante – des excuses à la mords-moi-le-nœud pour justifier ses propos supposément virils et mature censés l'aider à se tailler une place dans la cour des grands.

— Sois pas si pressé d'y rentrer, va. Y être n'est pas aussi rose qu'on pourrait le croire au premier abord... lui conseillai-je en lui tapotant l'épaule en guise de soutien.

À peine la vingtaine et je parlais déjà comme un vieux de cinquante piges... Peut-être Nâal avait-il bien fait de me vouvoyer.

Autrefois, je situais la fin de mon enfance à quatre Möks, son Mök.

Désormais, je l'avais décalé à l’avant-dernier Mök, à ce jour qui avait marqué la différence entre l'Avant et l'Après.

Quoique, tout bien considéré, je pouvais en vérité diviser ma vie en trois parties. Le premier tiers, Avant ; où tout dans ma vie n'était que naïveté et innocence. Le second, Pendant ; cette période de ma vie que j'avais vécu déchiré en deux, partagé entre l'envie de tout oublier pour mieux me protéger et la peur phobique de le croiser à nouveau, qu'il arrive malheur à ma mère par ma faute. Et enfin, le dernier, l'Après ; ce moment à partir duquel plus rien n'avait eu d'importance, puisque tout ce que je voulais préserver avait été perdu.

— Eh, l’pirate, v... tu vas bien ?

Non. Non, je n’allais pas bien.

J’avais envie de hurler.

— Quand j’étais petit, il y avait des livres partout autour de moi. Je passais mon temps à les lires, j’étais persuadé qu’ils cachaient un trésor. En un sens, on peut dire que j’avais raison…

Les mots coulaient de ma bouche sans retenue, submergeant les obstacles pour mieux les traverser. Des petits riens aux légendes que je réclamais quotidiennement à ma mère jusqu’à l’Accident, le flot se déversait sans discontinuer.

Autre vie, autre époque, songeai-je avec nostalgie en m'apercevant que le Liam que j'avais été naguère n'avait plus grand-chose en commun avec celui que j'étais aujourd'hui.

Parler de ma vie de jadis m'était usuellement douloureux, mais la petite paume chaude qui vint se caler dans la mienne au cours de mes déblatérations sans fin m'exhortait sans le savoir à me confesser, me libérer de chaînes que je m'étais moi-même apposées, de peur de raviver les flammes de souvenirs trop douloureux, de me perdre dans les méandres de ce passé tortueux. Et le temps d'un battement de cœur étranger au mien, toutes mes craintes s'évanouirent dans la nature, remplacées par la certitude tranquille qu'éluder ces réminiscences plus longtemps était inutile.

Lorsque je délayai une œillade à mon ami toujours en repli, un sourire attendri et des yeux tristes m'accueillirent, une réception douce qui me réchauffa le cœur et chamboula mon estomac.

*

Quelque chose va mal se passer. Ça ne peut pas bien se passer.

Comme un mauvais présage, l’éclat des cristaux semblait pâlir à chacun de mes pas.

Mais peut-être n’était-ce que l’appréhension qui me tordait le ventre ? Quoi qu’il en soit, quelque chose n’allait pas. Ou n’allait pas aller. C’était du pareil au même.

— Eh ben c'est pas trop tôt ! lâcha une ombre depuis les ténèbres. Ça fait une plombe que Kent a envoyé l'autre gniard te rameuter !

Le corps d’Ostrom se détacha de la pénombre en même temps qu’il se dégageait du pli rocheux derrière lequel il faisait le pied de grue.

Ne désirant pas enrichir le vocabulaire de Nâal par les quelques réparties vulgaires qui accoururent sur le bout de ma langue lorsque la voix éraillée de l’ivrogne vint écailler mes oreilles, je restais muet.

Je le dépassai d’un pas confiant, habillé d’un silence de roi.

Surtout, ne pas montrer que je n'avais aucune idée de l'endroit où je devais aller.

Pour mon bonheur, on me vint en aide :

— Vous êtes en retard, indiqua une voix atone aux intonations aplaties sans pitié.

Je tournai la tête. Une femme, pas très grande, impavide.

Je l’avais déjà croisé, un Mök auparavant. L’une des Commandantes. La tueuse.

D’un geste net, elle me pointa une direction, un lieudit. On m’y attendait, paraissait-il.

Je me dirigeai vers l'alcôve désignée mais à peine eu-je fait un pas que la phonation glaciale de la femme retentit à nouveau :

— Vous n'avez pas été convoqué ici pour boire le thé, jeune homme. La place d'un enfant peut se trouver à des milliers d'endroits différents, mais certainement pas dans un conseil de guerre.

J’acquiesçai.

Nâal me jeta un regard inquiet quand il sentit mes doigts échapper à sa poigne, mais il galopa vers la sortie sans se retourner – sans doute parti retrouver la garde de sa petite sœur.

Lorsqu'il se fut sauvé, la commandante se tourna vers Ashe.

— Votre présence n’est pas non plus requise, Ensablé. Vous pouvez disposer.

La peau du jeune homme vira au gris.

Je fronçai les sourcils.

Ensablé.

Un terme péjoratif pour désigner les peuples nomades du désert de Mih.

Une insulte.

Lorsque Ashe fit mine de s'en aller, je le retins par le bras, sans quitter la femme des yeux.

— Il reste.

Ce fut au tour de la Commandante de froncer les sourcils.

— Ceci est une réunion privée.

— Vous n'avez pas besoin de moi, alors.

— Kent a expressément demandé votre présence, répliqua-t-elle d'un air pincé.

— Et moi je demande celle d'Ashe, rétorquai-je.

— Liam...

Je levai une main pour couper le troisième intervenant.

— C'est bon, Ashe.

Il soupira. Sans doute avait-il peur que je m’énerve, mais je n’étais pas Hana : quand je repris, ma voix était douce et ma respiration calme.

⸺ Écoutez, Madame… Entre nous, ça ne me dérange pas plus que ça de ne pas assister à ce conseil prétendument si important. On ne peut pas en dire autant pour vous. Alors si vous me voulez vraiment, cette requête-là est non négociable : il reste, ou je pars.

— Votre présence n'est pas indispensable.

Je levai un sourcil.

— Mais mon absence pourrait se révéler carrément handicapante si Kent décide que vous avez été incapable de vous occuper d'un ordre aussi banal, pas vrai ?

Elle ne répondit rien.

Je haussai les épaules et tournai les talons, entraînant mon ami dans la direction opposée.

— Attendez !

La glace s'était fragmentée dans son gosier, découvrant un agacement à grand peine réprimé. Pour la première fois depuis le début de la conversation, la Commandante perdit de sa superbe, obligée de trébucher de son piédestal pour pouvoir nous atteindre.

Toujours de dos, je me mordis la lèvre pour conserver une attitude neutre et détachée ; mais il me semblait que ma satisfaction d'avoir remporté notre joute verbale transpirait par toutes les pores de ma peau lorsque je répondis :

— Oui ?

La force d’un soupir vint secouer mes boucles sur ma nuque.

— Revenez.

— Les conditions n'ont toujours pas changé.

Qu'il vienne. Peu importe.

— Ravi de vous voir enfin raisonnable…

Je lui adressai un sourire étincelant et passai devant elle.

Si Kent n'avais pas requis ma personne en vie, je crois qu'elle m'aurait égorgé.

 Alors qu'Ashe et moi marchions épaule contre épaule – le passage était un peu étroit – j'en profitais pour lui murmurer à l'oreille un petit merci. Celui-ci arqua les sourcils.

— Pourquoi ?

— Pour être là, avec moi. Alors que je ne t'ai pas demandé ton avis.

— C'est ce que font les amis.

Les amis...

 Nous pénétrâmes dans l'alcôve où j'avais fait la malheureuse connaissance de Kent et de l'ombre de mon père, encadré par Samira, Ostrom et un trio de Commandants

Les lieux ne semblaient guère avoir changé depuis un Mök, témoignage le plus évident de l’inactivité du Clan. Même les personnages étaient restés les mêmes ! La scène de la mauvaise nouvelle se rejouait.

Autour de la table centrale où étaient disposés floppée de cartes et de parchemins, deux Commandants étaient assis – la dernière derrière nous –, Samira et Ostrom discutaient à voix basse, collés à la parois (l’homme avait pris la fuite dès lors que l’autre était venue prendre les rênes), tandis que le doyen du groupe farfouillait ses papiers avec un pli entre les sourcils.

Tout ce beau monde discutaillait sans discontinuer, et personne ne s’aperçut de notre présence jusqu'au toussotement discret de l’iceberg dans mon dos.

Comme surpris dans ses réflexions, Kent releva la tête avec de grands yeux déconcertés.

Il parut s’étonner de nous voir ici, mais ce fut avec une voix toujours égale qu'il déclara :

— Eh bien ! Je crois que nous pouvons commencer.

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