Prologue

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2101.

Le monde avait bien changé. La technologie dominait la terre et l'espace.

Les films de robotisation réalisés cent ans plus tôt étaient des prémisses de ce que nous vivions aujourd'hui. Nous ne craignons pas une révolte de cyborgs, bien sûr, mais ils étaient présents partout désormais. Chaque foyer avait son androïde à la tâche, chaque humain était assisté d'une machine à l'apparence humaine pour améliorer son quotidien. Chaque industrie économisait des milliards en automatisant la production des cyborgs a détriment des humains.

Oui, c'était bien cela.

Les créateurs de l'Intelligence Artificielle étaient désormais les maîtres du monde.

Mais les lois IA étaient très strictes et la punition extrêmement sévère.

Aucune expérience biologique mi-humaine mi-androïde n'était légale, de même que créer un cyborg à son effigie pour ses fins personnelles. Nous ne pouvions qu'acheter des « Mary » pour les tâches ménagères ou son correspondant masculin, des « Jeff » pour les industries selon le domaine technique. Bien sûr, utiliser les cyborgs à des fins militaires était complètement proscrit de même que des relations sexuelles entre humain et machine même si le marché noir en était rempli.

La vie était plus que digitalisée et les humains ultra-connectés. Alors qu'en 2000, nous visualisions des images en 2D presque 3D. Désormais, les images de synthèses avaient élu domicile. Les Google Glass étaient plus qu' « has been ». Des implants pouvaient connecter votre cerveau à n'importe quoi sans réellement se déplacer. Des écrans transparents aux nombreux reflets pavaient les vitrines, les rues. Nous approchions de la 10GK, autrefois appelée la 4G ou 5G. Télécharger, envoyer un message, visionner, tout cela prenait une fraction de seconde aux quatre coins du globe. Même les pauvres ou les pays défavorisés pouvaient se connecter de six pieds sous terre ou au fin fond d'un désert.

Pire encore : les humains étaient devenus eux-mêmes des robots au sens large du terme. Assistés, dirigés, dominés, pire que des moutons de panurge qui achetaient tout ce qu'on leur proposait. Ayant lu de nombreux livres écrits jadis, archivés au sein de bibliothèques digitales, la comparaison avec aujourd'hui était frappante. L'humain était devenu un pion de manipulations aux profits des Haut Dirigeants. Qui était alors le véritable cyborg ? Celui de chair et de sang ou celui qui luisait de circuits imprimés et de métal ?

Cela m'inquiétait.

Je n'avais jamais réellement eu confiance dans les machines bien que j'eusse grandi dans ce monde robotisé. Mes grands – parents, mes parents, tous, travaillaient dans la conception de ces cyborgs. Mais n'oubliaient jamais l'usage du papier, de l'écriture cursive, de respirer l'air frais sans être connecté en permanence à un moindre réseau. J'avais hérité de cette envie dite « old school » de revenir à la nature et aux aspects rudimentaires parfois de la vie tandis que les gens se tuaient à devenir de plus en plus connectés. Ce fut ce qui m'a permit de rester éveillé.

Je n'avais aucune confiance en ces machines, je les détestais même depuis la mort de ma mère. Il y avait cinq ans de cela, quand de nouveaux robots venaient de sortir sur le marché, l'un avait subi un dysfonctionnement et attaqua ma mère sans un déclencheur perturbateur propre. Depuis mon père noyait son chagrin en optimisant davantage ses créations tandis que je prenais le chemin contraire en m'éloignant de ce dangereux domaine. Alors je me méfiais de tout ce qui n'était pas humain. J'avais tourné le dos à ma famille.

Mais comment vivre dans un monde qui ne recélait quasiment que de machines ? Où pouvions-nous encore être de véritables humains ? Et surtout dans un pays dans lequel la technologie évoluait plus que les secondes ? La Corée du Sud en était la capitale.

L'Art restait l'un des seuls représentants de l'émotion humaine, de l'humanité. Les propriétaires de peintures, de sculptures payaient le prix cher pour orner leur maison de ces oeuvres juste pour se faire valoir non sans en connaître l'histoire, la provenance. L'Art restait alors l'un des seuls moyens d'être humain, de ressentir des émotions, d'être différent des machines.

J'avais toujours été attiré par la musique, la danse, ce qui me permettait de me sentir plus que vivant quand les temps étaient durs. Ma famille ne manquait pas d'argent, j'aurai pu vivre paisiblement sans acquérir un métier. Mais j'avais besoin d'avoir ma propre créativité, trouver qui j'étais. Danser, chanter pour d'autres humains m'apportait un certain équilibre. Même si mes deux sœurs et mon frère ne voyaient pas cela du même œil, ils bossaient tous dans la robotique.

Je m'en moquais.

J'avais rejoint depuis quelques années, l'agence « CyberKB », prononcez « cybercube », l'une des agences musicales la plus réputée dans le monde entier. Cela faisait cinquante ans que les autres pays investissaient dans la Corée du Sud pour le développement de leur propre artiste. La technologie coréenne y était pour beaucoup. Peu de production manuelle, que de la création digitale, elle était en avance sur un temps déjà bien avancé. Cependant, la composition de chanson, de musique se produisait toujours mieux par un humain que par une machine qui mélangeait texte ou son automatiquement. Un robot ne pouvait imiter l'esprit d'un humain à cent pour cent. Du moins pour l'instant. C'était donc pour ça que j'avais décidé de rentrer dans une agence musicale.

Je m'appelais Cha Hak Yeon - ou « N » comme les managers avaient décidé de me renommer - j'avais vingt-quatre ans, et je faisais partie du groupe VIXX, depuis deux ans.

Ce que j'appréciais dans ce groupe était que nous n'étions pas similaires physiquement même s'il y avait un semblant de ressemblance. Et que chacun avait sa personnalité propre. Depuis cent ans, la chirurgie esthétique avait explosé et tous les artistes se ressemblaient quasiment à un poil près. Leur peau était de plus en plus blanche, leur physique de plus en plus internationalisé. J'aimais ma peau foncée qui me différenciait des autres. J'avais l'impression d'être encore plus humain que ceux qui se modelaient peu à peu à une beauté unitaire sans âme.

Je regardais peut-être les gens de haut me direz-vous. Mais je n'ai jamais dit que j'étais parfait.

La bonne éducation que j'ai reçu m'a apprit à réfléchir. Contrairement à ces nombreux trainees qui ne vivaient que pour devenir célèbre sans se cultiver l'esprit, ou ne pas en avoir la réelle possibilité puisque cloîtrés entre quatre murs la plupart du temps à apprendre à chanter et à danser. La célébrité ne m'intéressait pas, seul l'art musical m'excitait.

Même les femmes ne s'imposaient pas davantage, comparé à ma mélomanie. Elles étaient bien trop occupées, pour la plupart, à se parfaire le physique afin de ressembler à la femme parfaite. De ressembler à un robot en soi. Plus impassible qu'auparavant, plus inhumaines que jadis, leur envie de trouver le meilleur parti n'avait pas changé. Tous les scientifiques étaient désignés comme tels désormais, même les idoles ne pouvaient surplomber cela. Nous ne servions qu'à les distraire plus qu'autre chose. Enfin d'après mon expérience.

Mais il a fallu que je la rencontre pour changer toutes mes pensées et m'ouvrir sur la vraie réalité de la Corée du Sud.

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