Helen

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Il était une fois, dans un monde pas si différent du nôtre, une petite fille. Reine des prés aux cheveux d’or, elle explorait son univers avec des yeux emplis de curiosité. Là, tout au bout de la lande, se dressaient les grands et très hauts arbres de la Forêt. Leurs sommets se perdaient dans les nuages et leurs troncs gris couverts de mousse pouvaient abriter une maison entière.

Helen savait qu’elle ne devait en aucun cas essayer d’aller dans les bois. Grand-père insistait souvent sur ce point. Car, même si les gracieuses raies mantas plongeaient dans le coton du ciel et protégeaient les voyageurs, d’autres créatures moins gentilles se disputaient les airs. Mais la petite fille ne l’écoutait que d’une oreille. Elle était bien trop occupée à jouer sous le soleil brûlant de la plaine.

Dans les hautes herbes, elle s’imaginait en exploratrice solitaire, perdue au milieu d’un désert hostile. Toute scientifique qu’elle était, Helen rapportait plein de jolies choses à analyser dans la cabane qui leur servait de maison. Une pierre bleue ou la patte d’un insecte, une plume colorée… Le soir, assise au coin du feu rose dans l’immense fauteuil, elle racontait ses découvertes à grand-père.

— Mange, lui répondait-il toujours avec un sourire. Il faut bien ça pour devenir une grande fille.

Il replongeait ensuite son nez crochu dans ses manuscrits.

Ses livres, voilà une autre chose qu’elle n’avait pas le droit de toucher. Helen n’insistait pas, elle savait à quel point les travaux de cet homme important étaient « essentiels pour toute l’humanité » comme il l’affirmait. Alors, elle terminait son assiette, avant de partir noircir ses propres pages de dessins enfantins.

Les années passèrent, saisons tranquilles faites d’aventures exceptionnelles. La vaste plaine renfermait bien des trésors pour qui savait où chercher. Et la plus si petite Helen en connaissait désormais les moindres recoins. Elle pouvait trouver la rivière au bruit de l’eau, poser son oreille au sol pour écouter les termites géants creuser leurs galeries loin dans la terre. Les deux lunes qui illuminaient la nuit étaient devenues ses amies, confidentes nocturnes.

— Vous qui voyez tout de là-haut, dites-moi : est-ce que nous sommes seuls au monde grand-père et moi ? murmurait-elle parfois.

Mais les deux croissants ne daignaient jamais répondre à ses sollicitations. Et le temps continua à s’écouler, entre neige, soleil brûlant et vent chargé de pollen.

Un matin lumineux comme tous les autres, Helen entendit des petits coups frappés à la porte de leur cabane décrépie. Le vieil homme se leva avec lenteur pour aller ouvrir. Dehors se tenait la dame la plus belle qu’il lui ait été donné de voir. Sa peau claire brillait comme les astres nocturnes et son parfum portait l’odeur des fleurs en été. En réalité, Helen n’avait jamais rencontré de femme auparavant, mais elle trouvait quand même celle-ci très jolie. Même si ses yeux bleus comme les lacs étaient cachés sous des sourcils froncés.

— C’est ta maman. Tu vivras avec elle désormais.

Helen en resta bouche bée. Elle n’eut même pas l’occasion de demander à grand-père où il partait qu’il s’en était déjà allé, son sac sur l’épaule, sans même se retourner.

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