La ville

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La mère d’Helen n’était ni douce ni gentille. Et la grande cité où elle l’emmena ne ressemblait en rien à sa si calme plaine. Ici, tout était bruyant. Les hommes et les animaux qui parcouraient les rues, les étranges machines plates aux images mouvantes. Tout grinçait, hurlait, poussait… Seul le ciel restait le même.

Les années passèrent, emplies de cris et de moqueries. Dans ses rêves, la jeune fille ne voyait plus que la ville qu’elle avait toujours connue, ces allées où elle flânait depuis qu’elle pouvait s’en souvenir. Helen rapportait plein de jolies photos à leur petite maison de briques. Un pavé bleu ou la patte d’un chien, une voile colorée…

— Retourne étudier ! la sermonnait souvent sa mère. Il faut bien ça pour contribuer à la société !

Les cours, voilà une autre chose qu’elle ne comprenait pas. Après tout, le soleil n’avait jamais eu besoin de connaître la mécanique ou la thermodynamique pour se lever et illuminer le monde. Alors, elle posait son appareil, avant de replonger dans ces pages qu’elle détestait.

— Vous qui voyez tout de là-haut, dites-moi : est-ce que grand-père va venir me ramener à la maison ? pleurait Helen.

Mais les lunes se taisaient. Loin à l’horizon, le ciel se couvrait de coton au-dessus de la mer sombre. Seuls les imposants dirigeables dansaient dans cette brume. Et l’homme l’avait abandonnée à jamais. Puis, le temps se chargea d’enfouir dans ses méandres la grande plaine bordée d’arbres, le feu rose et la rivière bouillonnante.

Helen devint une belle jeune femme. Sa peau claire et ses cheveux d’ange attiraient les regards. Mais la tristesse qui planait dans ses yeux d’un bleu profond décourageait quiconque de l’approcher. Autour d’elle, le bruit insupportable se transforma en un doux murmure rassurant, chuchotement du monde. Les lumières de la ville remplacèrent celles des étoiles. Et la vie poursuivit son cours solitaire.

Quelque temps plus tard, plusieurs mois après la mort de la vieille femme acariâtre qui lui avait servi de mère, Helen découvrit le paquet. De forme rectangulaire, il ne semblait pas bien lourd. Et l’odeur de ces pages jaunies lui rappela un grand homme au nez crochu plongé dans d’importantes recherches.

Le récit se dévoila avec un soupir, laissant échapper une fine chaînette argentée qui tinta au sol. Ce croissant de lune autour du cou, Helen se lança avec curiosité dans la lecture.

Car il était une fois, dans un monde pas si différent du sien, une jeune fille. Le château où elle vivait brûlait de magie. Et elle avait ouvert un passage entre les dimensions…

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