11. Confessionnal 

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 Le prêtre est passé par la digue et ses nombreux cabestans. Il entame désormais l’escalier en brique qui longe la falaise de l’amont. Je peux compter douloureusement chaque marche à mesure que le prêtre tire mon corps. Je sais que nous arrivons presque à l’Eglise. J’ai peur.

Il n’y a rien qui soit sorti de la cuisse de la peur. Elle ne fait que trembler, elle vibre, elle devient qu’un halo blanchâtre et mortuaire. Elle n’est rien et tout à la fois. Elle est nulle part et partout à la fois. Elle est anti-absurdité que cette peur. Car l’absurdité n’est que vie dès lors que lorsque elle s’engouffre dans nos gorges, elle rempli notre bouche de baiser ou rempli notre estomac de douleur. La peur ne remplit rien. Elle ne rempli pas mon bien-heureux corps ni mon être hésitant. Si vous sentez sa présence en négatif, ce n’est que parce que vous ne sentez plus rien. Vous retournez au néant. La boule qui nous prend dans l’estomac est une boule de vide et c’est ainsi que la peur prend le cœur des Hommes. Elle lui prend tout ce qu’il est que ce cœur, qui se rempli que d’espoir. La peur est notre cancer des cancer.

Ainsi le néant n’est que cette peur qui saisit le monde ? Que veut elle que cette peur ? Que cherche t’elle. Mais arrêtez enfin, lecteur vous êtes en train de donner à votre peur une crise existentielle.

Si la peur avait une crise existentielle elle resterait là immobile dans un lit à regarder son plafond de néant. Elle se demanderait : A quoi bon ? Si elle venait à s’assoir et se poser les même questions elle n’apprendrait rien, elle ne démontrerait rien, elle ne serais que ce qu’elle n’est que cette peur. La peur ne veut qu’elle-même. Elle tremble de trembler. La peur est la mort absolue. La peur et tout ce qu’elle entraîne n’est que la mort de toutes les mort. Sa cause la plus profonde est une profondeur des profondeurs, un abysse sidéral.

Aime là que cette peur. Et si l’aimais vraiment pour ce qu’elle est cette peur, alors tu pourrais la laisser partir. Il faut être absurde devant la peur et la regarder droit dans les yeux. Être absurde devant sa peur, c’est l’embrasser tout entière. Il faut plonger dans nos peurs pour les vaincre. Il faut plonger dans nos peurs comme l’on plonge dans la mer, plonger corps et âme pour ne plus sentir son froid glacial. La vie est une douche froide et il faut avoir le courage de mettre le thermostat à zéro. Je ne vous demande pas d’être un sadomasochiste. Je ne vous demande pas non plus de croire. Cette pensée veut juste être pensée, ces lignes lues et elle ne font que dire que je suis un nymphomane de la vie. Dans ma contradiction réconciliée, je suis jouissance de la vie et puisse-t’elle me faire souffrir.

Est-ce mon Dieu que la vie ? Oui. C’est un dieu qui ne te demande rien. Il n’est que ta seule règle : rien. A tout ceux qui ne font que souhaiter alors je dis : construisez un progrès interminable et sans fin, bâtissez des empires, fondez des monarchies, coupez des têtes. Coupez les encore et encore ces têtes de se monde car elle repousseront comme celles de l’Hydre. Fondez des républiques pour enterrer vos dépouilles et sauvez le monde de votre démocratie égoïstes. Vous vous fuyez. Vous désirer pour vous un cœur plus grand que vous ; lorsque vous le sentez gonfler que ce cœur, ce n’est que le gonflement de rien. Ce n’est rien qu’un néant et son avidité absolue : il vous fait dévorer votre âme. Il vous prend les tripes et votre cœur pour les disperser dans les étoiles. Ah, pauvre que nous sommes à croire que nous allons au ciel ou que nous devenons des étoiles : le néant si nous ne l’embrassons pas, ne vous veut que pour lui. Il vous mange tout entier. Plutôt que de profiter de la chaleur de sa salive, de la douceur de sa langue et parfois du coupant de ses dent que faisons nous pauvre homme ? Nous fuyons sa gueule de néant. L’homme est un loup pour l’homme, cessez d’être cynique, soyons lucide, appelons un loup un loup. Je vous le hurle de ma propre gueule de néant  : le loup est un loup pour l’Homme. Il ne faut avoir peur que des loups. Il ne faut avoir peur que de la mort. Regardez la nature, revenons à elle et que notre âme en soi témoin : le Loup me hurle qu’il est un loup, il ne m’hurle que la mort de sa gueule de néant.

Je ne dépense rien. Est-cela que vœux de pauvreté. Je ne fais pas de vœux mon ami, je fais. Quoi donc ? Rien car je ne suis que ce rien. Rien ne s’épuise jamais. Je me dépense à l’infini et je n’ai que ces pièces à dépenser. Il n’y a que ça cette monnaie sonnante et trébuchante. Trébuchante de sens car vaste absurdité. Sonnante de son être scintillant. Ces pièces tombent sur la Terre et l’assomme de leurs absurdités. Elles enfoncent la tête des clous rouillée. Ces têtes qui de leurs larmes se rouille. Elles se désagrègent pour retourner au ruisseau. Le temps qui ruisselle les emporte vers la plus grande des absurdité qu’est ce vaste océan, profond, insaisissable.

 Le prêtre est arrivé à l’église, j’ai pu voir la laideur de ses gargouilles en béton. Il a ouvert la porte et vide désormais son filet dans un confessionnal. Je me retrouve sur un dur banc en bois depuis lequel je ne peux discerner que les deux yeux jaunes au travers de la grille.

— Repentis toi mon fils, Dieu te juge de là haut.

Je ne suis pas incomplet et je ne pas cours après des chimères. du moins, qu'on ne m'en fasse pas porter la culpabilité. Mauvaise est la responsabilité que cette écrasante déchirure de mon âme.

— ce que tu dis n'a pas de sens. 

— Pourquoi chacun semble vouloir se repentir du diable en soi ? ces chacun tous autant que nous sommes ne s'aiment pas. Pourtant nous nous voulons. Voilà l'enfer.  L'objet de vénération, comme ta Bible de Jésus Christ ne fait que ça, rappeler à l'Homme son Néant mais lui faire hair ce néant. Elle a déposé l'enfer de la contradiction entre les Hommes. Elle n'a déposé que de la haine dans le coeur de l'Homme. Mais l’Homme n'est pas fait de haine. Car si Dieu existe, la glaise dont il nous a fait est une glaise de Néant, je suis fait de néant. Je suis insatiable car je suis vide et c'est tout ce que je suis. Or le néant a horreur du vide. J'ai horreur du vide et j'en ai peur ! Tu pourrais te dresser contre moi prêtre pour me dire que je serai jamais satisfait. Je te dirais : "tu as raison". Je te répondrais aussi simplement, que je suis amoureux. Car c'est bien tout ce que je suis.

— Ce que tu dis n’a aucun sens démon. Et que va tu faire gamin de cette vie de chaos ? Dit le prêtre qui commençait à construire un bucher au niveau de la nef central.

— Je te hurle que je peux ne vouloir qu'une une seule chose : rien. ne rien faire. Être un rien. Un bon à rien. Un bon rien. Je vais simplement devenir ce que je suis, mon ami. Un absurde amoureux, ce que m'empêche d'être ce filet de l'espérance. Jusqu'à mon dernier souffle je courrai après des chimères car je ne suis que ça, un créateur et un coureur de chimères. Ah, Que ces chimères ne soient que des jupons si c'est si cela que veut mon désir. Mon être n'en  sera que plus fidèle à lui même, et bien heureux. Ah, Qu'elles ne soient que surface et absurdité ces chimères. Puissiez vous les frapper comme des pinata pour qu'elle se déchirent d'elles de tout leur sens et ne libérer que leur néant. Je ne suis qu'une pinata pour le monde, creuse, belle est colorée, comme le monde auquel j'appartiens, cette chimère de néant. Je ne demande qu'à me remplir de bonbons.  Je suis un amoureux. Amor fati n'est pas mon salut, je n'ai que faire de cet amour morne qui ne fait vivre personne sinon les pierres et les arbres. Pourtant, en soi témoin mon âme que je les aimes, ces pierre et ces arbres. Je suis amoureux, de mon destin, puisse t'il me faire souffrir comme les amants se font souffrir.

Je vais m'arrêter d'écrire, lecteur, et retourner à mon néant d'auteur, mon frère. Est ce que j'ai peur ? Oui certainement, mais il nous faut plonger dedans. Je dois sortir, c'est tout ce qui compte. Je me trouve à la croisée des chemins, sur mon chemin de croix. et tous ces chemins ne sont qu’absurdité. Mais je sais de quelle direction sortir. Plutôt que d'y m'y crucifié. Je vais simplement devenir ce que je suis. Un absurde amoureux. Et m'envoler vers le ciel sur ma chimère. Contre cet absurde je ne peux faire qu'une chose pour dépasser mon néant. Me goinfrer de vie. M'engouffrer en lui gouffre que je suis. Revenir dans le monde et la nature. Devenir ce que je suis. Nature.  c'est d'une éclatante absurdité qui ne se révèle que sous le rayon de soleil de la lucidité.

Mais enfin, Qu'y a t'il de plus absurde que l'absurde ? Le sens ? L'ordre d'une conscience qui se refuse à voir tout ce chaos ? Je vais devenir ce que je suis. Absurde. Plus absurde encore que cet absurde. Ah, Camus avait t'il raison en parlant de son Homme absurde et artiste, Nietzsche et son sur-homme? Mais ce n'est qu'un homme mon ami et il n'a pas besoin de peinture pour être un artiste.  Il est sa transcendance, sa peinture. Et il l'étale sur le monde. Que pourrai-je faire de toute ma peinture après avoir dépeint autant d'absurde ? Vivre, peindre, aimer, souffrir, ne faire, ne rien faire puisque je suis ce rien qui m'effraie tant. Je me terrifie oui. La douleur que je ressens lorsque je ne m'aime n'est que ça : de la peur. Car mon âme ne veut être que son âme et je suis terrifié à l'idée de la déchirer. C’est une douce contradiction.

— repentis toi, accepte l’amour de ton créateur, dit le prêtre, lequel dépose maintenant des buches autour du confessionnal.

— Mon père, je ne renie pas cet amour pas plus que je me détourne de ce que je suis. Il n'y a pas ici de déviance et mon amour n'est pas sale. Bien sûr, je brûle comme les flammes de tes enfers, et dans ces flammes se contorsionne une souffrance sans fin.  Mon père je n'y peut rien, pas plus que vous pouvez quelque chose contre votre enfer. Il n'y a que ce bûcher que vous pouvez cesser de construire.  Nous avons tout deux peur d'y aller, ce n'est que ça que l'enfer, la peur. La différence entre vous et moi, c'est que vous avez décidé de lutter contre votre souffrance, mon père, et vous luttez contre la vie. Ne me dites pas le contraire, mon père, regarder nous nous entretuer. Faites ce qui vous semble bon, je ne vous entrave en rien dans votre lutte, car vous vous trompez d'ennemi et je suis, mon père, qu'un vivant et un simple amoureux

— Demande pardon à ton Dieu

—  Mon dieu est terrestre, mon père, et je n'ai qu'à lui dire merci. Amenez-moi a lui que je lui dise. 

— Je ne peux pas mon fils

— Alors j'irai seul 

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