12. Étoiles 

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 Je m’échappe du confessionnal, pousse le prêtre qui tombe par terre et commence à escalader l’église jusqu’à son sommet. L’air de janvier est glacial et le ciel commence à s’obscurcir, laissant transparaitre la lune. De là-haut je peux voir la vie grouiller de ces lumières rouges et blanches et ses reflets dans le bras de la mer. Ma nuque se courbe vers le ciel et mes yeux se mettent à frétiller dans un geste qui rappelle les rictus de plaisir des grands pianistes. Je me mets à crier de tout mon souffle, jusqu’à sentir mes bronches bruler. Je me mets à crier jusqu’à ce que quelqu’un m’entende, au travers de la dure couche de la réalité. Mon cri est pareil au chant des prêtres, il veut percer la fine couche de la réalité pour percer le cœur de celui qui me lit là haut.

 Tout ce dont j’ai parlé, Beauté, amour, vie, souffrance, mort tout ceci ne sont que les mots que nous Hommes utilisons pour désigner notre expérience et qui nous retombons sur les préceptes promus par l’Humanité depuis son commencement, qui ne parlent de rien sinon d’amour. Les chanteurs de variété ont raison. Il n’ a que l’amour pour faire face à nos peur, et il n’y a qu’en plongeant dans nos peurs que nous pouvons trouver l’amour. Tout le reste n’est que folie.

A toi qui lit en moi, je ne sais ton nom, je te dis que je n'espère pas mon frère et que je ne deviens pas mes chimères. Regarde moi, personnage que je suis, je ne crois en rien et ne suis pas pour autant cynique. Si tu es un dieu qui vient à me lire. Je n'ai a te dire que ce que cette histoire te raconte. La vérité est que j'ai érigé cette histoire comme une bible pour moi. Oui, La Bible ne fait elle pas que raconter l'histoire de l'homme ? son histoire terrestre ? Je ne fais que raconter une histoire de livre. ce livre ne fait qu'aboutir au même message de vie et d'amour et je l'ai érigé pour m'accorder mon salut, dans la condition de mon être. Je suis libre, mon ami la chimère. Je te l'accorde, lecteur de mon histoire, elle est une bible pour moi, je te le concède. Dans sa platitude et toute sa finitude, elles m'emprisonne de ses pages qui ne sont que pages et que tu tournent et que tu tournent sans même savoir pourquoi. Mais dans le jour de papier qui transparait au travers de ces lettres, ce jour magnifique qui traverse la grande beauté du vitrail des églises, je te le dit, il n'y a rien. Pourtant, tu aimes la beauté de ce que tu y vois. Ton monde n'est t'il pas dans ton regard ? Ce livre ne me révélera aucun absolu, pas plus qu'à toi Dieu, si tu venais à me lire. Elle ne me promet que ce  rien et elle se veut honnête avec moi. Après avoir écrit tout ce non sens et avoir conclu que j'étais non sens moi même il n'y a qu'une seul issue. Ah, Laisse moi revenir au néant, de lui seul ne peut surgir toute cette absurdité amoureuse à laquelle nous tenons tant, n'est ce pas ? Mon tendre frère, laisse moi revenir au néant.

Les étoiles commencent à germer dans le champs du ciel, donnant une multitude d’œil à regarder, Assis sur une gargouille, je me souviens de la citation de Pascal : « par l’espace, l’univers me comprend et m’engloutit comme un point par la pensée je le comprend. ».

Engloutit moi mon monde. je te comprend, je te découvre mon monde car je ne suis qu’une partie de toi ; Je ne suis pas supérieur à toi univers. A quoi bon comprendre ? A quoi bon penser ? Savoir ne fait en rien de moi quelque chose de supérieur. Et à quoi bon être supérieur ? Le monde est apparu dans une étincelle de bigbang à partir de son néant comme nous les Hommes surgissons de nos mères. Conscient ou non, Le monde s’est un jour voulu lui-même, déchirant le néant. Il se veut toujours, aussi absurde soit t-il. Moi aussi je me sens absurde, et pourtant, tout porte à croire que je suis là et que je me veut toujours. Ah, Je te comprend, oui. Car tu est un peu comme moi mon monde.

— Yannis

— Quoi je suis occupé.

— Yannis, répète-t-elle

— Oui ?

— Mais enfin tu fais quoi avec la fenêtre ouverte ? On chauffe pas dehors.

— J’écris, j’ai besoin de voir la rue, les lumière, les étoiles, ça m’inspire, j’ai besoin de sentir l’air frais dans mes bronches. Je te ferai lire, c’est incroyable maman. Incroyable. Je lui lis à haute voix mon texte, je le déclame. Elle me dit qu'elle ne comprend pas. Elle dit que c'est absurde. Je lui dis que c'est justement ça qui est fantastique.  

Je continue d’écrire en attendant qu’elle parte. Elle hésite un instant, puis la porte se ferme et la fenêtre reste ouverte

Il n’y de sens que dans la création, l’Absurdité amoureuse et de néant que dans l’effroi, la peur d’avoir peur duquel rien ne peut surgir. Les peurs, les envies les désires tous conduisent à cette même chose qui n’est que ce qui n’est : l’existence. Tout cela ne sont que les facettes de ce qui est, contre ce qui n’est pas. Qu’importe par quel fil nous prenons cette pelote de non-sens, lorsque nous la déroulons toute entière il n’y a plus rien. Du moins, plus que qu’un fil que nous tenons du bout des doigts. Nous aboutissons qu’à notre postulat, à la vérité dont nous partons pour démontrer tout ce que nous voulons. Il existe un monde à penser. nous n’avons rien démontrer, rien n’a espérer, juste, de ne pas s’oublier vivre. Serrer fort ce fil avant qu’il ne soit coupé, le serrer fort pour ne pas qu’il glisse lorsque nous courrons au travers de la vie.

Le ciel est une boîte de pétri. Dans son bleu translucide baignent quelques grains de poussière et la buée condense en nuage sur ses parois vitrées. Vitré comme sont ces yeux, ce miroir dans lequel je peux me plonger chaque matin. Ils ne sont pas vitreux, je ne suis pas mort. Je ne le serai jamais. Je ressens quelque chose, ce quelque chose au fond de sa rétine. Je penche la tête et regarde le ciel de toutes ses étoiles qui me font rougir. Je sens ses étoiles me chatouiller les côtes et mon cœur vibrer de ses ondes lumineuses. Je le regarde fixement, hésite un instant peut-être, puis mes lèvres formèrent les mots suivants :

Je t’aime

 Je n’eus en réponse que cette brise silencieuse caresser mon visage. Ah, quelle beauté que ce monde que je dévore du regard. Il est hautain, il me repousse et les Hommes lui en veulent, car ils ne pensent pas être aimés par ce monde, et c’est tout ce que l’on puisse vouloir. Nous avons bon lui en vouloir : nous voulons. Nous en voulons au monde entier, nous en voulons à l’amour. Il me fait souffrir car c’est vrai que te toute sa grandeur il semble me murmurer, tout en faisant valser les astres et déplaçant des océans.  Il peux détruire tout ce que j’aime, il détruira mes proches par le souffle de son temps. peut être un jour va-t-il lui-même mourir alors, s’il est mon dernier amour. Il ne me dit qu’une seul chose, il chante ce message de son haleine qui tantôt me réchauffe et qui lorsque il le veux, peut me glacer le sang »

— tu n’a pas de sens 

 Je t’aime 

 Je fais tourner des planètes et déplace des montagnes, regarde moi, je suis tout ce que tu n’est pas et donc je te le répète, Homme que tu es, tu n’as pas de sens et tu ne vaut rien 

 Mais quelle confiance, puissances des puissances, ô toi qui sépare ce qui es de ce qui n’est pas. Tu luttes de toute ta force contre le néant, et tu le fais admirablement bien puisque nous en sommes là tous les deux là. Mais pourquoi le fait tu ? Ah, pauvre et bien heureux monde, tu ne peux pas me répondre car tu ne sais pas. Et si tu savais tu ne saurais pourquoi savoir. Tu n’as pas de sens non plus mon tendre ami, tout n’est qu’absurdité. Et je t’aime.

Le vent glacé de la nuit me gerce les lèvres dans un baiser.

— Je t’aime d’un amour pur, ô mon monde. Je suis seul avec toi. Je t’aime d’un amour pur car je n’attends de toi aucune réponse. M’aimes tu ? Je n’ai que faire, je ne sais pas quel langage tu parles et je ne sais ce que mon langage vaut. Mais je sais, au fond de moi, que je suis là. Quelque part dans cette absurdité. C’est la seule valeur que je puisse démontrer. Les scientifique te prêtent le langage des mathématiques, les religieux celui du message de leur prophètes, les cyniques celui du chaos mais le fait est que je suis là pour ressentir ce message, univers, et puisque que je suis là, je te dis que je t’aime et j’exprime cette vérité par ces mots. Fait moi souffrir, apporte moi de la joie, fait moi valser de toute ton absurdité, tue moi. Mais Je ne te demanderai pas de me rendre heureux, car le fait est que je n’attends rien de toi. Mon seul salut est de te saluer. Je n’ai que ça à t’offrir, c’est tout ce qu’il y a à offrir. Ne pleure pas, mon monde, ou pleure de tout ton être et de toute ta beauté. garde tes larmes de pluie pour nourrir ton sol. Tu es en train de perdre les eaux. Enfante toi dans cette belle douleur qui n’est que vie. Si tu souffrais comme je souffre. Si tu venais à te demander pourquoi tu souffres. Si tu ressentais ton absurdité et venais à souffrir de ce rien, ce néant duquel tu surgis. Si tu en venais à souffrir de ne pas souffrir et te demander : « A quoi bon ? Pourquoi cet amour que l’on me porte ». Alors je te répondrais :

« Rien. Enfin, il n’y a que ce rien mon amour »

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