Chapitre 1: Une rédaction envoyée par le destin

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 À cette époque, je devais être âgé d’à peine dix ans, si mes souvenirs sont bons. Un vendredi matin, comme un autre, Madame Chase, notre institutrice, nous donna un devoir qui me paraissait insurmontable. Une rédaction. Mais une rédaction d’une dizaine de pages, sur l’histoire d’une personne qui change du tout au tout, suite à un évènement dans sa vie. Bien que déjà à l’époque, je désirais raconter les histoires des autres, mes écrits étaient très faux et personne n’arrivaient à déchiffrer ce que j’écrivais. Je sentais déjà que quoi que je lui écrive, ma maîtresse ne serait pas contente de lire dix pages écrites par mes petites mains.

 La chose positive c’était que c’était Pâques et qu’on avait deux semaines pour trouver une histoire et tout mettre en œuvre pour rendre quelque chose de potable au lundi de la rentrer.

 Le soir-même que je suis rentré chez moi, ma mère s’est mis à hurler en découvrant mon devoir d’anglais. Elle ne comprenait pas comment mon enseignante pouvait me demander d’écrire tant de page à mon âge. La tête base, je n’osais lui répondre qu’elle avait raison. Ce fut mon père qui la calma et qui me donna du baume au cœur.

 — Vois ça comme une opportunité, ma chérie. Il va enfin pouvoir écrire une histoire comme il le souhaite, avec un animal et tout, et tout.

 — Je ne suis pas sûre que ça rentre dans le critère. Surtout que ton fils est buté ! Lui, il veut écrire une histoire avec un animal qui sauve un être humain. Pas un texte avec une personne qui change du tout au tout après un évènement, ragea ma mère.

 — On connaît tous les deux, une personne qui rentre dans cette catégorie !

 — Qui ?

 — Tu sais très bien qui, avait-il répondu.

 Pourtant, à la tête que tirait ma mère, elle ne semblait pas savoir de qui, il parlait. Moi, j’aurais très heureux de rencontrer cette personne, surtout si c’était sa rencontre avec un animal qui l’avait changé. Durant le repas, je questionnai mon père mais la seule réponse que j’eus de sa part, était demain, tu auras une surprise de taille.

 Ce soir-là, je n’arrivais pas à m’endormir. Une multitude de question surgissait. Qui était cette personne ? Qu’avait-elle vécu ? Est-ce que j’arriverai à retranscrire juste ? Est-ce que ma professeure serait contente d’avoir une telle rédaction ?

 Sans m’en rendre compte, j’avais tout de même sombré dans le sommeil. Ce fut mon père, quelques heures plus tard, qui vint me réveiller. Il me pressait, tout en me répétant qu’on avait du travail à faire. Sur le coup, je n’étais plus vraiment sûr de qui était le plus excité. Moi, car j’allais enfin pouvoir révéler une histoire fabuleuse ou mon père, qui voyait le rêve de son fils se réaliser.

 Après avoir avalé à grande vitesse mon petit déjeuner, je partis me doucher, brosser les dents et me montrer quelque peu présentable, sous les recommandations de mon père. Ce grand journaliste semblait connaître toutes les ficelles du métier et était d’attaques à tout m’apprendre pour réussir à tous les coups mes interviews. Je dois vous le rappeler, à l’époque, j’avais dix ans et je croyais que tout était possible, mais je n’étais sûr que j’aillais voyager au tour de la planète toute ma vie. Là, ce fut mon père qui se projetait dans mon avenir.

 Une fois en costar-cravate, mes cheveux blonds coiffés avec la raie sur le côté, bien laqués, mon calepin et mes stylos en main, mon père m’emmena dans son bureau. Celui dans lesquels, il passait des heures à taper des articles de journaux, des documentaires. À bien, y réfléchir ce fut lui qui me donna l’envie de partager les histoires de ces personnes qui ont tissé un lien si particulier avec les animaux.

 Mon vieux m’invita à m’approcher du bureau, où il me donna un dictaphone. À l’époque, c’était encore ceux à cassette. En le découvrant, j’étais ébahi. Mon père venait de me prêter son utile de travail le plus cher. Combien de fois, l’avais-je vu concentré devant à écouter les multiples voix s’y élevant.

 — Mon fils, ceci est le secret d’un journaliste hors pair. Lors d’interview, on n’a jamais le temps de tout écrire, surtout si la personne en face est lancée. Donc les mots clés et les dictaphones sont nos meilleurs amis. Et pour ton projet, mon fils ceci est encore plus ton meilleur ami. Si tu es prêt, on va y aller.

 Excité comme une puce, je le suivi. Une fois installé dans la voiture, mn père démarra sa vieille voiture. Sachant qu’il ne répondrait pas à mes questions, je m’interrogeai en silence sur notre destination. Lorsque j’entendis des gravillons sous les pneus de la voiture, je regardai autour de moi. Mon père m’avait ramené à la fourrière de la ville. Un endroit gris et qui sentait la désolation animale même dans la cour avant du bâtiment. À l’extérieur, on entendait les aboiements des chiens enfermés dans leur boxe. C’était tout le contraire de ce que je voulais écrire. Déçu, je trainais des pieds derrière mon père. Je ne comprenais pas pourquoi, il m’avait emmené ici. Peut-être, était-ce pour pouvoir adopter un animal comme je l’avais toujours voulu, alors que ma mère n’était pas pour.

 Pourtant, lorsqu’on se présenta à l’accueil, mon père nous présenta ainsi :

 — Bonjour, nous sommes les Collins, je vous ai appelé ce matin pour prendre un rendez-vous avec le responsable.

 — Bonjour, je vous laisse patienter, le temps que je l’avertisse de votre arrivée.

 La femme plus jeune que mon père se leva de son siège et se dirigea vers une porte derrière elle. Elle y passa la tête et revint s’installer sur sa chaise. Tout comme les lieux, elle avait un air morose. Même à l’époque, je me disais que ce n’était pas facile de travailler dans un endroit, où la vie ne tenait qu’un fil. Je me rappelle aussi avoir pensé, que si un jour, je n’aurais pas le choix que de travailler, je n’aurais jamais choisi les métiers de soins, comme infirmier, ou un tel boulot. Les pertes étaient nombreuses et je ne me sentais pas en mesure de subir ce genre de choses tous les jours.

 Alors que jusqu’ici, j’étais excité, quand le responsable de la fourrière sortit de son bureau, elle s’envola. L’homme était de grande carrure, aussi grand que gros. Il devait avoir une cinquantaine d’années. Cet individu, je le croisais chaque matin sur le trajet de l’école. Avec tous mes camarades de classe, on le craignait. Il n’avait pas une tête de personne aimable et les rumeurs racontaient qu’il aurait tué quelques gosses. Cet homme était Monsieur Gordon.

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