Une journée "normale"

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 Doucement, mon esprit surgit des ténèbres. Avant de me lever je fis mon petit rituel quotidien pour aiguiser mes sens. Je pris de grandes respirations et soufflais en douceur tout en écoutant mon entourage.

J'entendis tout d'abord le tic-tac des aiguilles de mon horloge, puis un second bruit qui semblait venir de l'extérieur. Sans doute mon père qui essayait de démarrer l'antiquité qui lui servait de voiture. La poussière environnante me chatouilla les narines, j'éternuais.

J'ouvris les yeux ; 7h15. Nous étions le 12 mai 2048. Encore cette fois, je me réveillais sans ma sonnerie.

Je me levai et enfilai le premier t-shirt et jean qui me passa sous la main.

Je pris ma montre, mes parents me l'avaient offerte quelques jours après que mon pouvoir se manifesta, une façon de me dire :

« Bravo tu es enfin un grand maintenant, félicitations ».

Mon sac sous le bras, je descendis pour prendre mon petit déjeuner.

Du haut des escaliers, j'entendis mes parents, ils se disputaient encore à propos de la vieille voiture de mon paternel. Ma mère voulait l'envoyer à la casse pour en acheter une nouvelle, mais mon père rabachait :

" Tu verras dans quelques années, elle sera de collection. Elle vaudra de l'or. "

Ma mère répondait systématiquement :

" si elle marche encore. C'est une véritable épave ta voiture" .

C'était comme ça au moins une fois par semaine...

 Quand mes parents me virent, ils se calmèrent subitement. Ma mère m'embrassa chaudement sur le front, tandis que mon père me toisa d'un large sourire, qui dévoila de belles dents blanches et droites.

  • Bonjour Sora, bien dormi ?
  • Oui merci maman.

Je pris mes céréales dans une main et le lait dans l'autre et mit le tout dans un bol.

  • Ne vas pas trop vite, personne ne te les piquera. Me sermonna ma mère.
  • Dis-moi, tu en es où avec le contrôle de ton bras ? Me demanda mon père.

Je levai mon bras droit et sans trop d'effort, le transforma en une sorte d'épée. Mon Kï ou pouvoir était du type Morphing. Je pouvais modifier mon corps et changer ses propriétés physiques. Je ne pouvais modeler qu'une partie, mon bras droit.

  • Je peux enfin le changer en épée. Elle n'atteint pas loin d'un mètre, mais la solidité laisse encore à désirer.
  • Et ton bouclier ?
  • Comme l'épée, il manque de solidité, il ne fait pas le poids contre certains métaux comme l'acier et ma défense face au feu est pire. Je finirais bien par y arriver !
  • Et tu voudrais quelle forme pour la suite ?
  • Je ne sais pas trop, je pensais peut-être à une sorte de pince, ça serait cool. Mais avant j'aimerais maitriser les formes que je possède.
  • Oui, mais peut-être que tu pourrais essayer [...]

Mon père se lança dans un long discours sur les avantages et les inconvénients des différentes transformations possibles.

Ma mère, comme à chaque fois, soupira en levant les épaules et les yeux au ciel. Elle n'arrivait pas à comprendre l'enthousiasme de mon père. Ma mère était une Oris, elle ne possèdait pas de pouvoir.

À son époque, un couple Oris donnait naissance à un contrôleur, une personne maîtrisant le Kï, qu'une fois sur deux.

Mon père, quant à lui provient de la génération 1 des contrôleurs. Ses parents étaient de la génération 0, du moins sa mère. La première de la famille à utiliser un pouvoir.

Un contrôleur donnera quasiment toujours un autre contrôleur, qu'importe son conjoint. Moi, j'étais de la génération 2.

 Mon père d'origine française, possédait un accent flagrant. il était arrivé aux États-Unis à l'âge de quinze ans. Sa capacités était du type Renforcement, ça représentaient les Kï qui augmentaient les attributs physiques ou intellectuelles. Son pouvoir accroît son intelligent, du moins dans tout ce qui touche la robotique et les technologies. Parce que sinon il ne sait pas cuisiner des pâtes, ni l'endroit où on rangeait les produits ménagers.

Véritable gamin-adulte ma mère s'occupait de lui comme un enfant, elle lui achetait la plupart de ses affaires et lui rappelait ce qu'il devait faire hors de son travail.

Pour travailler il portait une chemise hawaïenne avec une tache rouge qui apparue, après une expérience obscure. Ma mère tenta à maintes reprises de la jeter, bizarrement mon père arrivait toujours à la récupérer !

Ses cheveux noirs ébène incoiffable, lui donnait un côté savant fou. D'ordinaire, il arborait un sourire idiot qui montrait ses fossettes et un regard qui rappelait celui d'un enfant. Il ne dormait pas souvent à la maison à cause de son travail en robotique, mais toujours présent pour être une oreille attentive.

 Ma mère, quant à elle semblait beaucoup plus terre-à-terre. Très différente de mon père, elle avait les cheveux châtain clair, très bien coiffé, trop même...

Ma mère nous emplissait d'amour mon père et moi, mais personnellement, elle m'étouffait. Elle oubliait que je n'étais plus un enfant, elle me donnait trop d'affection et de protection, malgré un caractère assez dur.

Elle était vêtue d'une jupe droite qui lui arrivait juste au-dessus des genoux et d'un chemisier blanc, grisé par l'usure du temps. Elle travaillait à la rédaction du journal. On pourrait presque penser, qu'elle possèdaient un pouvoir qui la rend inépuisable.

Petite, mais forte, elle pouvait tenir tête à King Kong. Son regard à la fois doux et sévère décoré par des tâches de rousseur typique d'une campagnarde américaine, nous montrait des rides et cernes qui arrivait à trahir la fatique qu'elle cachait.

Quand mon père arrêta son monologue, ma mère demanda si à l'avenir il pourrait se calmer avec ses histoires concernant mon bras et ses "supers" possibilités. Elle lui rappela comme à chaque fois que j'étais un être humain et non une expérience, tout ça pour dériver vers une nouvelle dispute.

Pour ne pas m'en mêler je finis mon petit déjeuner, me levai, mis mon bol dans le lave-vaisselle et pris la direction de la salle de bain.

Devant le miroir, je pris quelques minutes pour me regarder et réfléchir, mes parents se disputaient de plus en plus souvent, ça commençait à m'agacer. Entre mon père qui ne pensait qu'à mon pouvoir et à ses multiples avantages et possibilités. Et ma mère qui me voyait encore comme un gamin de cinq ans. Ça me fatiguais. Ma peur de leur divorce, me tourmanta. Même si je préfèrerai ça à leurs disputes intempestives.

 À force de réfléchir à tout et à rien, ce qui devait arriver, arriva : "merde le bus" constatais-je, en sortant de la salle de bain. J'embrassai ma mère, tapa dans la main de mon père et partis comme le vent en claquant la porte. Direction mon arrêt.

Encore deux minutes à cette allure et j'y arriverai, mais j'allais être juste, trop juste... Et là, je le vis partir, alors qu'il ne me restait que quelques mètres à parcourir. Je n'abandonnerais pas. Je savais que un peu plus loin, un feu le stoppera.

Par chance, le feu passa au rouge et arrêta le bus. J'accélérai ma course jusqu'à cracher mes poumons, j'arriva aux portes du véhicule. Sans les ouvrir, la chauffeuse me donna un sourire carnassier (malgré le peu de dents qu'elle lui restaient). Le feu s'illumina de vert. Elle appuya sur le champignon et me laissa seul sur le bord de la route.

Dépité, je crachai une fureur interne pour éviter que les passants à côté de moi me prennent pour un fou.

  • Tu sais que ça fait neuf fois que tu le loupes ce mois-ci.

Je me retournai, Mike me toisa.

  • Ouais cette vieille bique m'a lancé son plus beau regard et s'est cassée devant ma gueule.
  • Je te l'avais dit que tu attirais les filles qui sont... bizarres.
  • Vas-y, fous-toi de moi, mais toi, qu'est-ce que tu fiches ici ?
  • Je savais que tu allais te planter, donc le mentaliste que je suis, t'attendais avec la voiture. M'annonça t-il en montrant la limousine qui lui servait de "voiture".

Nous entrâmes dans le véhicule et Mike tapa sur la vitre nous séparant du chauffeur "Steve à l'école s'il te plaît" et nous commençâmes à rouler dans les rues de New York.

 Mike était mon meilleur ami depuis la primaire, avant même que nos pouvoirs apparaissent. Je lui enviais pas mal de chose. Pour commencer le fric, son père était politicien et candidat pour devenir Sénateur. Sa mère quant à elle, travaillait comme avocate. Une famille cliché, le genre de couple n'apparaissaient que dans les films. Il n'aimait pas trop étaler son argent. Il s'habillait de manière classe, mais en évitant tous ce qui touchait le luxe.

Mais surtout, il attirait les filles comme un aimant. Une véritable belle gueule. Même moi qui ne m'intéressais pas aux mecs, je m'en rendais compte. Sa peau cuivrée lui donnait un côté bronzé toute l'année, les cheveux blonds foncés, un nez bien droit, et ses putains d'yeux avec des couleurs venues d'un autre univers. Un mélange gris bleuté avec une pigmentation de vert émeraude et un contour doré. Sans doute son meilleur atout.

Mike et moi, nous partageons tous les deux le même rêve : "devenir un super héros".

Son pouvoir, totalement différent du mien, possédait le type Contrôle. La désignation regroupait les kï qui permettaient de maîtriser une personne, un élément, un objet ou autre. Lui, il pouvait asservir des individues, mais seulement si son ombre touchait celle de sa cible. Cela ne durait que cinq minutes et ça marchait que sur des ombres provenant d'un être humain.

Sur le reste du trajet, nous parlâmes des jeux vidéo qui allaient bientôt sortir. Nous attendions le nouveau Assassin's Creed qui se passera à notre époque, au final cela ressemble à un mix entre un jeu de super héros et les anciens opus [...]

  • Sora...
  • Oui ?
  • Tu crois qu'on arrivera à passer les épreuves pour entrer à l'académie Chiron ?
  • Mais oui, t'inquiètes pas on peut l'obtenir facile !
  • Ce n'est pas un jeu tu sais, l'académie Chiron est la seule école de super héros de la côte Est. On a déjà de la chance qu'elle se situe à New York et qu'on y habite !
  • Oui je le sais et ?
  • Tu oublies qu'elle fait partie des meilleures écoles du monde dans son domaine, les entrées sont hypers sélectives, on n'est pas sûr d'être pris !
  • Mais calme-toi, on est super bon pour contrôler nos kï, ce n'est pas comme si on postulait à l'école Yokaï au Japon !
  • Il n'y a pas que ça qu'ils prennent en compte tu sais bien, mais aussi les notes et même si tu te débrouille en techno, sciences et informatique, pour tout ce qui est langue t'es une vraie bille.
  • Quant à moi...
  • Ne te plains pas, je te rappelle que tu possèdes des qualités parfaites pour apprendres les langues et la gestion, tu pourrais devenir patron d'une multinationale.
  • Oui, mais je suis moins bon que toi pour le contrôle du Kï...
  • Qu'est-ce que tu me raconte là ?
  • Tu as plus de chance que moi, d'être pris à l'académie. Bredouilla t-il gêné.
  • Tu n'as pas intérêt à abandonner avant l'heure, je te rappelle qu'on doit former le meilleur duo de héros du monde ! Et même si on te recale, j'irai menacer les crétins qui représentent l'académie Chiron pour qu'ils te prennent !

Je le vis reprendre espoir et me sourire à pleines dents comme un abruti. Nous explosâmes de rire dans un torrent de larmes.

Nous nous calmâmes difficilement avec quelques crampes à l'estomac, tout en nous tortillant pour retrouver nos esprits, au même moment la voiture s'arrêta.

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