Les vautours

de Image de profil de Sharik NEVECHTESharik NEVECHTE

Avec le soutien de  Clément Laysler 
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Les Vautours

Ce qui intéresse les vautours ce ne sont pas vos vêtements. Mais ils sentent déjà à travers eux qu’ils pourraient le cas échéant se repaître de votre chair, même si vous n’êtes pas complètement mort. Méfiez-vous de leur nombre, car ensemble ils seraient même habiles pour vous affliger le coup de grâce, bien que sans leur présence vous étiez capable de vous en sortir seul, ou avec un peu d’aide. Faire le mort n’est pas non plus la solution, car ce sont des charognards. En étant inactif, vous leur mâchez le travail. En fait, il n’y a pas une méthode unique pour leur échapper. Mais il faut faire jouer le temps en votre faveur. Ne perdez pas de vue qu’ils sont au service de leurs clients, et que ce sont ces derniers qui les ont mandaté pour avoir le gros morceau du repas. Faites-leur comprendre que vous pouvez donner à manger à leurs chouchous, mais que dans ce monde ils ne sont pas les seuls prédateurs, que pour qu’ils aient leur ration quotidienne, mieux vaut que vous puissiez rester en vie. Sinon argumentez que vous vous donnerez préférablement, entièrement aux requins ou aux lions et que si cela devait en arriver là, leur part dans ce cas ne deviendrait non pas faible, mais nulle.

Observez leur comportement. Ils planent quelque temps au-dessus de vous car leur zélateur vous connaît et il leur a signalé votre présence et vos difficultés. Car avant, les vautours ne s’intéressaient pas à vous, c’est souvent le client qui était en affaire avec vous, mais vous voyant en difficulté préfère se débarrasser du sale boulot et délègue ce salle boulot aux vautours, car ils sont par nature doués pour voler et utilisent leur propres règles, avec l’art et la manière de vous faire comprendre que « ces lois » s’appliquent surtout à vous. Même si votre point de vue ou votre situation diffère complètement de la leur. Pour toutes ces raisons et d’autres encore, ils sont sournois et vous guettent déjà, en altitude. Ensuite ils observent, ils sont patients malgré tout. Ils étudient votre mauvaise posture, un temps soit peu, même si vous semblez de bonne fois. Ensuite ils se rapprochent de vous dangereusement, jusqu’à ce que l’un d’eux vous assène un premier coup de bec. Ceci pour vous envoyer un message. Quel message ? Celui de dire :

-« Tu deviens ma proie, j’attendrais ton sommeil, j’attendrais ton dernier souffle pour ne te laisser que les os. »

Mais avant de prononcer l’intégralité de ce message, ils laissent tomber quelques plumes, histoire de marquer le territoire de leur présence, et que si cela doit prendre des jours et des nuits, ils continueront à vous signaler leur acrimonie et leur menace à deux pas, puis à deux doigts, de l’aube au crépuscule. Ils vous laissent benoît la nuit, non pas pour vous reposer mais pour que vous regardiez la lune, afin que vous soyez épuisé d’avantage, le lendemain et le surlendemain. Le harcèlement fait pâle figure à côté de ces méthodes, pourtant la loi semble aller dans leur seul sens, la loi de la cruauté et de la torture douce, pour faire mal plus longtemps et pour rien n’y paraître. Certains ont un bec en forme de sourire, mais prenez-y garde, ne vous-y trompez pas, ce sourire là n’a pas d’humour, il est narquois et encore plus hostile que les autres. Les volatiles bloquent chaque issue, que vous pouvez percevoir, ils vous encerclent comme le ferait la marée, ils vous enlisent tel un sable mouvant, en tournoyant ils vous plongent dans la brume, de sorte que vous n’ayez plus de repères. Mais jamais au grand jamais, sans prendre le risque de recevoir votre poing sur leur carcasse de volaille puante. Ils sentent la charogne de la naissance à la mort, peu importe l’origine de leur nourriture. Qu’elle soit noble, modeste, fière ou courageuse et peut-être les quatre à la fois. Peu importe si cette nourriture était autrefois un être digne et honnête et à qui il est arrivé quelques malheurs. D’ailleurs, il le reste, tout en étant en proie à des poulets nauséabonds.

Les vautours ne sont jamais loins. Profitez du soleil et de la balade tant que vous pouvez mais ayez toujours un endroit à l’ombre et en sécurité, si possible inconnu de tous les prédateurs et dans un périmètre raisonnable pour vous et vos proches.

Enfin sachez qu’un bon miroir pourrait vous servir. Ils n’aiment pas l’intelligence, ils essaient de vous manger la cervelle en premier. Car comme la lumière elle les aveugle. Aussi le miroir leur donnent à voir leur propre image, ce qui ne les glorifies pas, bien au contraire. Ils seraient plutôt du genre à se manger les uns les autres, si là nourriture venait à manquer. Mais ça, ils feignent ne pas le voir ou ils l’oublient volontiers et se pavanent par quelques battement d’ailes et arguent qu’ils sont des messagers du soleil divin, venus vous délivrer d’une vie trop lourde à porter. Tant d’honnêtes gens n’avaient pas prévu assez d’eau pour traverser les zones arides de la vie...

Une question reste pour moi sans réponse, celle de savoir si l’un d’eux serait prêt à donner seulement un peu de lui, ne serait-ce qu’un jour dans sa vie, pour voir dans ce miroir un condor ?

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Les vautoursChapitre2 messages | 2 ans

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