2ème jours

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L’appartement de Léo est beaucoup plus grand que le mien, mais surtout c’est l’un des appartements de son père. Il ne paie donc que les charges et a en plus de ça un super balcon. Chez lui je fais comme chez moi, ce n’est pas la première fois que nous dormons ensemble dans le même lit, cela n’a jamais créé d’ambiguïté entre nous. Je m’assois dans son canapé, balançant mes chaussures dans la pièce. Ça a le don de l’énerver et je m’amuse à le faire à chaque fois que je viens.

— Bordel tes chaussures qui puent tu te les gardes ! Raaah, mais il existe des déodorants pour les pieds tu sais, me hurle-t-il dessus.

— Quoi ? Mais je ne pue pas des pieds tu racontes n’importe quoi.

Je me mets à glousser sadiquement, ramassant tout de même mes chaussures pour les mettre dans l’entrée. Je marche toujours pieds nus, je n’aime pas avoir de chaussons qui glissent tout le temps. On se prépare quelque chose à manger avant de se mettre à nos devoirs tout en grignotant. On débat sur les cours avant de finir chacun notre rédaction à rendre pour le lendemain. On termine proche de minuit avant qu’on file chacun notre tour dans la douche pour se caler sous la couette dos à dos.

Je commence doucement à me sentir m’endormir quand je sens quelqu’un se blottir dans mon dos. C’est bien la première fois que Léo me fait ça, je sens même sa main se poser sur mon bras. Je me fais même la réflexion qu’il a les mains vachement froides. Je lâche un grognement pour lui signifier qu’il doit retourner de son côté, la seule réponse que j’ai c’est son ronflement profond. Après tout ce n’est pas grave, cela ne me dérange pas, il risque d’être ultra gêné le lendemain quand je lui raconterai. Je sens son souffle dans ma nuque, il est étrangement froid et surtout tout contre mon oreille alors que son ronflement est bien de l’autre côté du lit.

J’ouvre les yeux et me retourne pour me retrouver sur le dos. La sensation disparaît immédiatement, la faible lumière du réveil me montre que Léo est bien à l’autre bout du lit. J’ai sûrement dû rêver, je referme les yeux pour m’endormir de nouveau. C’est vers trois heures du matin que je me réveille de nouveau avec l’envie de pisser. Je me lève à tâtons, les yeux fermés comme je connais l’appartement par cœur. Je n’allume même pas la lumière et me soulage dans un soupir.

— Alex…

Un murmure, très discret qui viens de ma droite, là où se trouve la douche. Je grogne, continuant mon affaire, avant que le murmure recommence.

— Alex…

— Oh ta gueule Léo, arrête je suis en train de pisser tu iras après m’emmerde pas.

Sauf que son ronflement résonne toujours dans la chambre. Je m’en rends soudainement compte. Je sens comme une étrange angoisse monter en moi. Je remonte mon pantalon sans ouvrir les yeux, un léger mouvement, un grattement résonne dans la douche. Je fais comme si de rien n’était, bougeant lentement pour revenir près de la porte d’entrée.

— Alex…

J’allume rapidement la lumière, me retournant, le cœur battant. Il n’y a absolument rien dans la pièce, le rideau de douche est fermé et mon angoisse monte. Je décide de m’en approcher doucement, lentement, avant de tirer dessus d’un coup sec pour découvrir que le robinet goutte légèrement. Un petit bruit d’eau se fait entendre, un petit « psssh » régulier à chaque goutte. Mon esprit encore endormi a cru que le robinet m’appelait, il faut absolument que je me recouche. Je tourne les talons, regagnant le lit après avoir éteint la lumière, sombrant en quelques secondes dans le sommeil.

Le lendemain j’ai un mal de crâne pas possible, comme si j’avais attrapé un coup de froid. J’ai même du mal à me sortir du lit. Léo lui ronfle toujours alors que son téléphone hurle un morceau de hard métal pour tenter de le réveiller. Je le secoue pour le réveiller et il se redresse en sursaut comme si finalement il avait bien entendu son téléphone. Il se lève tel un zombie avant de se diriger vers la salle de bain. J’en profite pour préparer le petit-déjeuner, un café et des croissants industriels. Sauf que quand Léo réapparaît il me regarde étrangement.

— Ça va ? me demande-t-il, inquiet.

— Ch’ais pas, j’ai mal au crâne.

— Tu es tout blanc, répond-il en posant sa main sur mon front, tu as de la fièvre on dirait.

— Ah… Sûrement des effets secondaires de l’arrêt du traitement, ça va aller t’inquiète. Un café et c’est reparti.

Je lui fais un sourire pour tenter de le rassurer, prenant mon café en soupirant de bonheur. Avant de partir, je décide tout de même de prendre un médicament pour la fièvre et le mal de crâne. En cours j’ai beaucoup de mal à me concentrer, j’ai des frissons constamment et j’ai une autre douleur qui est apparue au niveau de mon bras. Finalement je décide de rentrer chez moi et mon meilleur ami approuve totalement vu la tête que je tire.

Je rentre chez moi, me laissant tomber lourdement dans mon petit canapé. La tête me tourne, je me laisse donc glisser sur le flanc et me recroqueville en position fœtale. Le sommeil me happe rapidement, m’engloutissant dans des rêves fiévreux de quand j’étais gamin avec cet ami imaginaire. Dans mes rêves en face de moi se trouvait un ombre, sans réelle forme distincte et pour moi elle était bien réelle. Je me réveille en sursaut, ouvrant grand les yeux, me redressant je tourne la tête vers la porte de ma chambre et j’ai l’impression que quelque chose se cache rapidement.

Je fronce des sourcils, me relevant toujours un peu fiévreux, je ne trouve évidemment rien dans ma chambre. Je lâche un soupir, mon esprit commence sérieusement à me jouer des tours. Je file dans la douche avant de finalement me recoucher sous ma couette bien au chaud.

Je ne sais pas à quel moment je sors légèrement de mon sommeil, mais avec la fièvre je reste légèrement somnolent. Les yeux toujours fermés j’entends les bruits de ma chambre, des voitures dans la rue. C’est alors qu’un petit grattement se fait entendre sur mon parquet, comme si quelque chose courait sur le bois. Ça se balade partout dans ma chambre avec rapidité. Je lâche un soupir, les bruits cessent, puis recommencent d’un coup.

— Alex…

Je me réveille en sursaut quand un grand bruit métallique retentit dans la pièce. J’ouvre grand les yeux, le palpitant à son max quand je me redresse pour découvrir un énorme rat pris au piège dans l’une des cages. Je lâche un hurlement d’horreur et la bestiole s’affole, prisonnière du piège. Je me relève rapidement avant de courir à l’extérieur de mon appartement pour sonner chez la concierge. Elle appelle les experts qui ne mettent pas longtemps à venir, contents d’avoir réussi à attraper le rongeur fauteur de trouble.

— Vous ne serez plus embêté, Monsieur, c’était le dernier qu’on n’arrivait pas à attraper. On va regarder s’il n’y a pas de trous chez vous et les reboucher.

Je les laisse faire sans aucune contestation, je n’aime vraiment pas ce genre de bestiole. Au bout de plusieurs heures, ils finissent enfin par me laisser seul. Je suis enroulé dans un plaid, un thé dans les mains, toujours autant choqué par ce que je viens de vivre. Je me demande encore comment j’ai pu dormir alors qu’un énorme rat immonde courait dans ma chambre en toute impunité. Heureusement, quelques heures plus tard, alors que je suis toujours enroulé dans mon plaid, les yeux exorbités, mon sauveur déboule avec mes affaires et les siennes.

— Coucou, mon grand malade, je vais faire l’infirmière pour toi ce soir.

— Idiot… Ils ont eu le rat, il… était dans ma chambre.

— Oh mon dieu quelle horreur… je vais aller faire du ménage dans ta chambre si tu veux.

Je le laisse faire, je suis trop patraque pour avoir la force de le faire, mais il n’a pas tort, un bon coup de ménage ne fera pas de mal. Je suis bien content qu’il ait décidé de squatter chez moi, je n’ai pas envie de dormir seul, surtout que je me sens tellement mal. Ce soir-là il me donne mes devoirs, m’aide à faire les rédactions alors que je suis toujours aussi mal, avant de me préparer un potage. Il est toujours comme ça avec moi, aux petits soins quand je suis malade, c’est pareil dans l’autre sens je prends toujours soin de lui.

Ce soir-là on se couche dans mon lit, dos à dos comme à chaque fois, et je le sens à nouveau se blottir contre moi. Sa main posée sur mon épaule. Je ne dis rien, j’en ai besoin de soir, l’histoire du rat m’a vraiment fait peur. Son souffle brûlant chatouille ma nuque, comme l’autre soir. Je ne sais pas ce qui lui prend en ce moment, mais il est très câlin.

— Alex… murmure-t-il tout bas

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