3ème jours

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Je décide finalement de prendre rendez-vous chez le médecin, car le lendemain je ne suis vraiment pas mieux. Léo me regarde avec inquiétude et me compare même à un animal écrasé sur le bord de la route. Quand je me regarde dans le miroir, je vois que j’ai des cernes creusés et je suis aussi pâle que ma serviette de bain. J’ai mal à la gorge et j’ai l’impression d’avoir dormi sous la pluie tellement j’ai froid. Mon ami me rassure en me disant qu’il fera en sorte d’arriver à l’heure le matin pour prendre note des cours pour nous deux, mais que je dois absolument me faire soigner.

En arrivant dans le cabinet j’ai le droit à des regards étranges d’autres patients qui attendent. La secrétaire me demande même s’il ne vaudrait pas mieux que j’aille aux urgences. Quand le médecin apparaît pour prendre le patient avant moi, il préfère carrément me prendre en avance. Je dois vraiment avoir une sale tête.

— Que vous arrive-t-il ? me demande-t-il en me faisant signe de m’asseoir sur la table d’auscultation.

— Hier j’ai commencé à me sentir fatigué et aujourd’hui c’est bien pire, j’ai plus de jus.

Il me fait retirer mon haut, avant de pousser un petit cri de surprise. Je ne comprends pas tout de suite avant de voir une trace noirâtre sur mon bras.

— Je fais venir une ambulance, monsieur, vous ne pouvez pas rester avec ça. Je n’ai aucune idée de ce que c’est, mais vu la couleur il faut vous faire hospitaliser.

Je ne peux qu’acquiescer de toute évidence, je regarde mon bras et touche la marque. Je ressens une douleur vive comme si j’étais brûlé à vif. Les ambulanciers ne mettent pas longtemps à arriver, mais j’ai le temps d’envoyer un message à Léo et surtout à mes parents comme quoi je vais être hospitalisé. En arrivant à l’hôpital, je subis une série de tests, prise de sang, et prélèvement de la tâche en question. Je suis alors installé dans une chambre où je suis mis sous perfusion. Le médecin fait un bal à venir me voir et à repartir. Il semblerait que mon cas soit un peu plus grave que ce que je pensais.

Quelques heures plus tard je vois débarquer ma mère, elle est en mode paniquée et se rue sur moi en pleurant comme si j’allais mourir. Mon père arrive en lâchant un soupire dépité, avant de s’asseoir à côté d’elle et de poser sa main sur son épaule. Elle se blottit contre lui en sanglotant, jusque-là elle ne m’a pas encore dit bonjour et pas encore demandé ce que j’avais.

— Ce n’est pas un cancer maman, je soupire.

Je n’ai droit qu’à un sanglot étranglé et un reniflement morveux de sa part, mon père me fait un sourire amusé.

— Comment vas-tu fils ? Ils savent ce que tu as ?

— Pour le moment, je suis sous antibiotique, ils pensent à une infection. J’ai dû me blesser sans m’en rendre compte et ça s’est infecté. Rien de méchant, j’attends les résultats, ils m’ont juste mis sous perfusion.

À ce moment-là un médecin, suivi de deux autres, débarque dans ma chambre après avoir frappé. Ma mère se reprend comme elle peut et essuie ses larmes en se redressant. Le médecin ouvre le dossier sur une petite table qui se trouve dans ma chambre avant de me regarder avec un sourire chaleureux.

— Il semblerait que ça ne soit pas bien grave, on va vous garder en observation. Vous avez une grosse infection, avec les antibiotiques qu’on vous administre vous devriez vous sentir mieux dès demain. La tache sur votre épaule est juste une réaction à cette infection, ce n’est pas nécrosé comme on avait peur que ce soit le cas.

Ma mère lâche un sanglot avec un long soupir de soulagement, s’écroulant dans les bras de mon père qui lève les yeux au ciel. Elle est très mélodrame, je crois bien que je l’ai toujours vue surjouer ses émotions de cette façon. Le médecin quant à lui nous fait un sourire amusé et moi j’ai qu’une seule question en tête.

— Je vais rester ici combien de temps ?

— Le temps que vos analyses retrouvent leur stabilité. On ne vous fera pas sortir avant que les résultats ne soient dans un taux normal. Pour le moment vous avez une dose d’antibiotique très forte que nous ne pouvons vous prescrire à domicile.

— Tout dépendra si je réagis bien au traitement.

— C’est ça ! Alors, reposez-vous jeune homme.

Léo va devoir être à l’heure en cours pendant quelque temps, ça lui fera les pieds que son esclave des notes ne soit pas là. Pour une fois que les rôles vont s’inverser, je vais pouvoir profiter de lui. Une fois seul avec mes parents, ma mère reprend enfin contenance et arrive enfin à me parler.

— Comment tu te sens mon bébé d’amour ?

— Ça va maman, je suis fatigué, mais je vais me reposer et ça devrait aller mieux rapidement.

— Tu as besoin de quelque chose mon bébé d’amour ? insiste-t-elle en me prenant la main, les yeux à nouveau larmoyants.

— Ça va aller, ici je suis pris en charge, ne t’inquiète pas maman.

Évidemment lui dire de ne pas s’inquiéter c’est comme fixer des interdits à un enfant, c’est tellement tentant de faire ce qu’on nous interdit de faire. Ma mère s’inquiète beaucoup trop pour moi, même si elle surjoue je suis tout de même son fils unique. Ils finissent enfin par me laisser tranquille après une énième crise de larmes de ma mère. Je soupire de soulagement en me laissant reposer sur l’oreiller. Mais quelqu’un frappe à la porte, me faisant grogner.

— Oh ne râle pas je t’apporte tes devoirs le grand malade, dit Léo en rigolant.

Je lui fais un beau sourire, le voir lui est bien moins fatigant que ma mère. Il s’assoit à côté de moi et commence à me raconter les potins de la fac tout en me donnant mes cours. Il a fait de jolies photocopies de ses notes, il a toujours eu une belle écriture. Puis je finis par lui expliquer ce que j’ai, il se met alors en tête que c’est à cause du rat et me propose de faire le ménage dans tout mon appartement au cas où. Qui refuserait une proposition pareille, surtout que je déteste les tâches ménagères.

C’est bien une heure plus tard qu’il me laisse à nouveau seul. Je regarde les cours, histoire de ne pas me mettre en retard, même si je me sens encore très fatigué. Le repas m’est alors apporté, quelque chose qu’on ne peut pas vraiment appeler repas, mais bouillie plutôt. Je sens petit à petit que je pique du nez sur mes feuilles, et décide de ne pas lutter.

— Alex…

Je me réveille en sursaut, je suis toujours seul dans ma chambre, mais j’ai clairement entendu une voix. Je me lève attrapant ma poche pour pouvoir me balader avec, regardant dans la petite salle de bain, je ne vois absolument personne, mon esprit m’a sûrement joué des tours. Je suis bien trop fatigué et l’infection ne doit en aucun cas aider. Je me rallonge, avant de fermer les yeux et de me laisser sombre de nouveau plus profondément. Dans les méandres de mon sommeil, j’entends à nouveau le rat gratter contre le mur, la main de Léo se poser sur ma jambe et ce souffle froid dans ma nuque.

Je n’arrive pas à ouvrir les yeux, je n’arrive pas non plus à bouger. La main sur ma jambe me serre de plus en plus fort, jusqu’à finalement me sortir de mon sommeil en sueur. Il fait noir je ne vois absolument rien, je cherche à tâtons la commande pour la lumière avant de me rendre compte que la main sur ma jambe est toujours là. L’angoisse monte, de plus en plus, et j’allume enfin la lumière. Il n’y a rien dans ma chambre, et quand je soulève le bras il n’y a rien sur ma jambe non plus.

J’appelle une infirmière, qui arrive quelques minutes plus tard, et je lui explique que j’ai senti une pression douloureuse sur ma jambe. Elle me la fait bouger avant de conclure qu’avec l’infection j’ai des douleurs d’engourdissement surtout pendant que je dors. L’infirmière fera remonter ça au médecin dès demain matin, me rassurant alors et me proposant un antidouleur si j’ai toujours mal. Ce qui n’est étrangement plus le cas depuis qu’elle est entrée dans la pièce.

À nouveau seul je ne me sens pas vraiment rassuré, je regarde partout dans ma chambre. Je n’ai pas fermé les volets, et dehors la pluie tombe contre la vitre, dessinant des formes étranges sur le verre. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai peur de me rendormir, d’entendre cette voix glaciale qui m’appelle dès que je ferme les yeux. Je sais que ce n’est que mon imagination et que ma fièvre accentue les choses, mais j’ai tout de même peur. J’aimerais tellement pouvoir dormir dans mon lit avec les ronflements rassurants de Léo à côté de moi.

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