Le lendemain, en rentrant du travail, je trouvais le curé planté devant la porte de mon appartement. Je le fis entrer, et il s'installa d'office dans un de mes deux fauteuils de camping.

Je lui présentai notre auteur.

À partir de ce moment, le curé ne s'adressa plus qu'au petit vieux.

Alors là, vous allez trop loin, lui dit-il.

- Les affabulations concernant nos pseudo réunions du Bêtisier du confessionnal, les confessions mutuelles des prêtres, l'aide que nous fournirions à nos novices, et celles que nous vous aurions apportées sont complètement fausses et issues votre seule imagination.

Il se tourna alors vers moi :

- Nous ne vous avons apporté aucune aide, et vous êtes sûrement aussi nul au lit maintenant que vous l'étiez avant de nous connaître. Si nous devions être cités dans votre ouvrage, nous demanderions que vous prouviez par la pratique les super capacités que vous auriez acquises chez nous auprès des femmes.

Connaissant votre niveau de départ réel dans ce domaine, qui pourrait être qualifié de méconnaissance pratique pure, il semble douteux que vous puissiez, sans faire rire, passer l'examen.

Et dans l'affaire Jésus, qui à part vous a été témoins de quelque chose ?

La fameuse Joséphine ? Vous avez été le seul à la voir.

L'église a bien pris en charge pendant quelques jours quelques nécessiteux, mais c'est sa vocation, et personne ne peut nous le reprocher ni polémiquer là-dessus.

Et, je pourrais vous parler de votre mission à l’hôpital, dans laquelle vous insinuez que Dieu est intervenu. Le rapport des médecins est clair, l'opération s'est déroulée de manière satisfaisante, mais la patiente était trop faible pour la supporter.

Vous avez montré une propension maladive à être reconnu, qui atteint son paroxysme ici.

Je vous en prie, laissez tomber l'idée de sortir un livre maintenant, vous n'avez rien à y gagner.

Nous l'avions laissé parler.

Je lui indiquais que j'allais réfléchir, en tant qu'homme, et en tant qu'auteur de ce roman. Il me suffisait d'effacer sur mon traitement de texte ce dernier chapitre pour que la polémique en question cesse, faute d'avoir existé.

Mais je pouvais également réécrire ou modifier à ma guise certains chapitres pour me fournir toutes les preuves dont je pouvais avoir besoin.

Je me surpris à sourire à la pensée que dans cette histoire, j'étais comme un petit Dieu. Mais de plus, l'avantage que j'avais sur le vrai, de pouvoir réécrire l'histoire, alors que lui devait tenir compte de la situation en cours.

Le curé s'en alla, persuadé de m'avoir convaincu.