Aarron se revit dans la cellule, le casque devant les yeux, 7h par jour de réalité virtuelle. Il a revécu son enfance à Manchester, sa solitude en France malgré des études intéressantes. Il revécut son intégration dans la communauté spirituelle de sa ville, et surtout il redécouvrit Alexie à plusieurs reprises. Elle était belle. Les femmes se méfiaient d’elle et La Direction nous conseillait de toujours de faire attention à nos fréquentations. Mais voilà quelque chose d’attirant émanait d’elle, qui lui faisait penser à un trou noir dont parlait la partie cosmologie de La Direction. Malgré tout Aarron avait l’habitude de se sentir mal à l’aise en sa présence. Ce type de fille instable lui faisait peur.

Il se rappela ses lèvres très maquillées, qui contrastait avec son visage resté juvénile. Son regard semblait toujours interrogateur et son interprétation de La Direction était souvent décalée. Elle manquait de cet ardeur qui animait les fidèles. Elle était farouche et ne participait pas à nos activités.

Pourtant dans la cellule des frissons le parcoururent quand il repensa à la délicatesse de ses mains, ses doigts fins toujours vernis. Il se laissa émouvoir par cette vision, il progressait dans les étapes de son conditionnement. Il sourit à l’image de la joie sur son visage lors des temps de chant. Il fantasma sur ce grain de beauté entre son cou et son trapèze, avec des cheveux vagabonds qui occupaient cet espace de façon nonchalante. Elle semblait écouter attentivement l’orateur. Mais le plus vif souvenir étaient leurs étreintes en début de chaque cérémonie. Le sien n'était qu'une esquisse, comme si elle avait peur d’être aspirer par notre bienveillance, mais son parfum dansait devant les narines d’Aarron. « Est-il vraiment possible d’aimer comme il est écrit dans La Direction car cela me semble très utopique même pour le plus saint d’esprit d’entre nous ? » avait-elle demandé lors d’une session d’approfondissement de la « Amour » de La Direction. Vers la fin elle se retenait de poser des questions. Puis on ne l’a plus jamais revu.

Quand il sortit de la cellule il savait qu’il devait la retrouver. Maintenant elle risquait d’être enfermer aussi.

La dame toqua et leur informa qu’il restait 3 min avant le suivant convoqué. Aarron retrouva ses esprits.

« Madame, installez-vous devant l’appareil s’il vous plait, vous devrez répondre à ces 3 dernières affirmations qui s’afficheront sur l’écran de droite, seule vous pouvez les voir. Dès que vous enfoncerez la touche la prise sera lancée, est-ce que c’est clair ?

- Oui.

- Regardez droit vers cet écran, c’est ici que vos photos apparaitront. »