« Bonjour Madame, je serais votre photographe aujourd’hui. Je vais vous expliquer comment se déroulera la session. Vous avez 3 questionnaires à remplir, vous ne devez en aucun cas enlever votre bracelet, ni le débrancher de la table. Il s’agit d’un détecteur de mensonge. Veuillez à ce qu’il soit bien en contact avec votre peau, vous avez un humidificateur sur chaque table pour être sûr que le contact soit bien établi. Vous avez un temps limité pour répondre aux questions, veuillez à répondre sans réfléchir. Ce n’est pas un test pénalisant rappelez-vous qu’il n’y a pas d’échecs mais que des opportunités. Je vous prie de vous installer. » débita-t-il du ton juridique.

Aarron détestait ce poste mais c’était la condition pour conserver son sursis, sinon il retournait encore pour une durée indéterminée dans la cellule. Il n’avait droit qu’à un inconnu, il en était ainsi pour les ressortissants étrangers vivant seuls. Sous dérogation exceptionnelle avec l’accord du département famille/origine, il avait le droit de sortir à condition de mettre ses talents au service du gouvernement et de trouver l’amour.

Alexie l’observait, il semblait plus inquiet qu’elle ne l’était. Mais elle était trop sonnée pour poser des questions, elle s’assit et commença ses QCM. Elle répondit aux questions du département « carrière/aspiration » sur l’ordinateur. Elle répondait à voix haute en lisant son choix à chaque question, la pièce étant insonorisée. Le calcul final l’orientait vers une carrière de chercheuse en cosmologie en premier choix. Elle n’avait pas pensée à son avenir depuis un certain temps, elle travaillait dans une société de transports en tant que technicienne logistique en 3e proposition du test « études » il y a 15 ans. Cela ne la passionnait guère mais le système avait calculé un profil qui travaillait bien dans une structure cadrée, contrôlée et cadencée.

Un des parties de La Direction comportait tout une étude sur les sciences mathématiques et physiques. C’était de loin la partie préférée d’Alexie. Elle aurait aimé mais il fallait tout recommencer alors, toute ces études. Elle laissa le test spiritualité de côté. Elle entama le test « Amour » qui lui rendit une liste de célibataires de sa ville avec chacun leurs profils complets. Les systèmes connectés ont rendu la société omnisciente.

Le test spiritualité se révélait plus difficile, elle tenta encore plusieurs réponses mais une LED rouge clignotait à son poignet. Elle finit par répondre « je ne sais pas » à toute. Elle retira son bracelet, Aarron fit aussitôt son apparition.

« Vous avez fini, veuillez me suivre s’il vous plait, le calcul est fait et est transmis à l’appareil photo » Aarron s’exprima tel un automate.

« Je suis désolée d’être partie si vite » chuchota-t-elle.

- Je peux comprendre, c’est votre dernière chance et ce n’est pas la récréation ce stage, contrairement à ce qu’ils essaient de faire croire ». Aarron chuchota cette dernière partie.

- « Comment c’est là-bas ?

- Vous êtes dans une cellule attachés à un système de réalité virtuelle qui vous fait revivre certains de vos souvenirs. Il s’agit d’un système rebouclé, qui rejouera les scènes jusqu’à ce que vous obteniez la réponse émotionnelle attendue.

- C’est de la manipulation.

- C’est une sorte de reprogrammation de votre réseau de neurones. Avec toutes les données qu’ils ont de vous et tous vos calculs, vos tests, votre activité en réseau, les informations recueillies par tous les départements, ils connaissent tout de votre profil, plus que vous ne savez vous-même. Ils ont déjà calculé la meilleure version de vous-même il servira d’étalon. Ce qui vous manque pour réussir totalement votre vie, vous allez le découvrir là-bas.

- Et si je suis têtue ? »

Les visages d’Aarron se détendit, laissant apparaitre un petit sourire doux. « Un conseil, évitez de parler à ceux qui y sont depuis trop longtemps…vous risquez de revivre ces évènements aussi. Ils sont très aigris.

- Comment êtes-vous sortis ?

- J’ai découvert avec qui j’aimerais faire un bout de chemin », se risqua-t-il énigmatique.