Prisonnier

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Nerwen est allongée dans une grande plaine verte, le vent souffle calmement, fermant les yeux, elle souhaite sentir cette plénitude l’envahir jusqu’au plus profond de son être, le soleil réchauffe chaque partie de son corps, rien ne pourrait l’arrêter, rêvasser lui fait un bien fou. Avait-elle déjà senti pareille émotion auparavant ? Celui de ne rien faire en sachant qu’elle n’avait rien à prévoir le lendemain, rien à prouver à un objet magique, rien à prouver au conseil, rien à prouver à ses professeurs, juste être elle-même, être seule, sans surveillance, faire ce qui lui plait, porter des robes, flâner dans la forêt, dessiner des animaux bizarres, parcourir de long en large sa patrie en sautant d’arbre en arbre. Pourquoi ? Se demandait-elle souvent, pourquoi dès la naissance, elle a été choisie par l’arc ? Elle n’a jamais demandée à être importante, ses parents l’ont compris bien assez vite, qu’elle ne suivrait aucune des règles arbitraires dont les porteurs faisait serment à l’âge de raison. C’est pourquoi elle ne s'est pas faite d’amis politiques, préférant largement l’amitié désintéresser de Ninquelotë comparé aux amitiés pompeuses de la haute société elfique ou chaque geste est analysé par quiconque le verrait, les paroles soutenues induites de second, voire de triple sens, les tenues impeccables et hors de prix, faisant d’elle une poupée sans âme, ni volonté propre. On peut dire d’elle que c’est une forte tête et que c’est un défaut pour beaucoup, mais c’est ce qui fait d’elle ce qu’elle est aujourd’hui. Elle ouvre les yeux et voie le ciel bleu couvert de quelque de nuage disparate, elle lève son buste pour s’assoir, relevant sa jambe afin d’appuyer son bras dessus. La prairie descend jusqu’à un lac d’une eau bleu et pure s’étendant à l’infini, seul un vieux tilleul à l'abord de ce lac donne un point d’ombre pour les personnes à la recherche de fraicheur, cet endroit est si calme, si reposant. Elle finit par ce levé et marche jusqu’au lac, arrivé au pied de l’arbre, elle se déshabille et range ses affaires proprement contre le tilleul protecteur, plongeant nue dans le lac, elle s’éloigne du rivage et après quelques minutes s’arrête, laissant son corps flotté sur l’eau. Cela faisait combien de temps qu’elle n’avait pas nagé ? Cela la rassurait de savoir qu’elle sache encore faire quelques brasses malgré le temps passé, seul son corps fait onduler l’eau calme du lac de manière presque imperceptible. Un bruit attire soudainement son attention, elle regarde dans la direction de ce son et voie à côté du tilleul Ninquelotë qui lui fait signe, Nerwen fait de même, son ami laisse tomber ses vêtements et rejoint Nerwen, une fois à son niveau, elle lui demande :

–Alors, on avait envie de faire trempette ?

–C’est plutôt agréable non ?

–Tu te souviens quand on était petite ? On allait souvent se baigner avant qu’on choisisse notre spécialisation.

–Oui, avant que l’arc ne commence à me parler, enfin quand il le veut.

–Pourquoi tout cela a changé, tout change et peut-être qu’un jour notre amitié aussi.

Nerwen ne comprend pas où elle veut en venir, elle ne comprend pas ce changement de ton :

–Hein ? Qu’est-ce que tu racontes ?

–Le changement fait peur, mais il arrive avant même que tu ne puisses le concevoir, quand tu t’opposes au changement, c'est déjà trop tard.

Ninquelotë est de plus en plus bizarre, Nerwen ne la reconnais plus et lui intime :

–Arrête de parler bizarrement !

–Une fois que tu as peur du changement, il ne reste que la colère et la haine.

–Arrête !

–Et une fois que tu es dans cette spirale, tu plonges.

Soudain, Nerwen se fait attirer sous l’eau, finissant la tête en bas, elle plonge dans les abysses, ses yeux ne distinguent plus rien, l’étrange attraction l’emmène toujours plus profondément au fond du lac. Elle finit par apercevoir une lueur au milieu du fond des abysses, se rapprochant de plus en plus, la lumière en devient éblouissante, elle ferme les yeux et sombre dans un étrange sommeille, elle traverse la lumière et se retrouve aux côtés des nuages, elle tombe vers la terre ferme, iridié par le soleil couchant, réchauffant les vêtements qu’elle porte de nouveau, ses cheveux sec volant aux vents sans aucune brutalité. Nerwen atterrit doucement dans une grande plaine verte.

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