Chapitre 6

16 minutes de lecture

Depuis lors, les mêmes horreurs se reproduisirent, toutes les nuits, pendant des jours. Le même scénario, sans aucun changement. Sauf qu’il avait commencé à me faire manger devant lui, prendre mon bain avec lui. J’étais vraiment comme morte, agissant avec automatisme, vide de toute ma vie, toute ma volonté. À vrai dire, je peux aujourd’hui dire qu’il m’avait tuée, il avait tué l’enfant que j’eusse été à cette époque. De vivante, je n’avais que le nom, mon âme c’était comme éteinte. Et même le Cœur de Ghelel pulsant contre moi ne parvenait pas à ramener un peu de vie dans mon corps froid. La vieille femme que l’on avait attribuée à mon service semblait vraiment inquiète à mon sujet. J’étais devenue une poupée de chiffon, me laissant faire sans rien faire par moi-même. L’hiver était passé depuis un moment, le temps devenait doux, la poudre blanche qui était tombée du ciel avait disparu et une étendue verte avait poussé entre temps. Le soleil réchauffé timidement de ces rayons, la terre encore gelée ainsi que les corps. Devenue docile et étant à présent l’amante officielle du Maitre, j’avais donc reçu la permission de me promener dans les jardins du domaine. Jardin dont je ne pouvais apprécier la beauté, je ne faisais qu’errer dehors, sans buts, en observant le ciel de temps à autre. Bien que certains serviteurs ainsi que l’Intendant me méprisassent ouvertement, ils ne pouvaient s’en prendre à moi. Ils obéissaient aveuglément au Maitre. Ce pourquoi, ils me laissaient en paix.

Néanmoins, bien que l’on me laissât à présent une certaine liberté, je ne la savourai pas. Je n’y parvenais pas, mon cœur, devenu froid et vide, je ne le sentais plus battre dans ma poitrine. La nourriture n’avait plus aucune saveur, plus aucun gout. Le feu du désert, le feu de Sashka avait cessé de brûler dans mon cœur et dans mon âme. Je me sentais comme étant tombée dans des abîmes de froid, de vide et de désespoir. Le climat frisquet du printemps laissa rapidement place à la douce chaleur de l’été. Cela ferait bientôt un an que Sashka avait été attaqué, que l'on m'avait sauvée, puis vendu. Presque un an que j’avais tout perdu, je venais de fêter mes dix ans, j’avais à peine grandi de quelques centimètres, cela dit, je n’avais pas repris le poids que j’avais perdu. Ne mangeant que peu, depuis cette fameuse nuit. Mes nuits étaient emplies de cauchemars et de douleur. Chaque soir était un supplice, auquel je ne réagissais plus, le laissant faire de moi tout ce qu’il voulait. Le laissant détruire mes chairs comme bon lui semblait. J’avais depuis longtemps compris que je ne pouvais plus rien faire à présent. À mon sens, les Dieux m’avaient abandonnée à mon sort. Ce n’est qu’en plein milieu de l’été que le Maître a dû repartir au Palais royal. Cela me laissait donc un peu de répit. Un répit plus que bienvenue. Surtout que, cette fois, il décida de voyer avec son Intendant. Par conséquent, tout le monde attendait son départ avec impatience. Cet Intendant était une plaie. Mauvais, vindicatif, violent, méprisant et peu respectueux. Combien de serviteurs avaient subi ces foudres ? Pour rien, la plupart du temps. J’avais bien souvent entendu son fouet claquer sur le sol, associer aux cris de ceux qui furent frappés par la lanière de cuir.

Son absence dura trois semaines et ce furent des semaines entières de repos pour tous. Pour ma part, la seule chose que cela m’apporta c’était la guérison de mon corps, constamment écartelé par les assauts violents de cet homme. Hélas, je savais que mon corps ne pourrait jamais se remettre, car dès qu’il reviendrait, l’horreur recommencerait. Vers le milieu de la seconde semaine, un orage éclata. Et ne cessa pas, même après le retour de ces deux monstres. Des trombes d’eau tombées du ciel, comme si Ghelel lui-même ne cessait de pleurer. Les serviteurs disaient qu’il pleuvait comme vache qui pisse. Il ne me toucha pas pendant quelques jours après son retour. Aussi avais-je eu l’infime espoir qu’il ne voulait plus de moi.

Rien ne m’avait préparé à l’horreur de cette nouvelle nuit. Ce fut tellement violent que je ne saurais décrire la totalité de l’acte. Ce fut la première fois qu’il leva la main à mon encontre. Il était saoul et totalement déchainé, ce ne fut qu’au matin qu’il en a eu finis avec moi. Il m’avait passé à tabac. Il était allé jusqu’à prendre le fouet de Kerlen et l’utiliser sur moi. Mon dos était devenu une épave sanglante, tout comme le reste de mon corps. J’avais fini, allongée sur le sol, aux pieds du lit, gisante dans une marre de sang. En chien de fusil, tenant mon torse entrent mes bras fins, grelottante sous le froid et les sanglots. La souffrance, que me causer mes plaies était une affliction si grande, que je ne concevais plus de continuer à vivre ainsi. Restant ainsi pendant un long moment, je ne pus que constater que mon bourreau s’était endormi. Lentement, avec difficulté, je me redressai, tendis ma main pour prendre en tremblant, l’une des chemises propres qui trainaient sur le sol, pour m’en vêtir. Cachant, à la vue de tous, ma déchéance. Je me levai en me tenant aux pieds du lit, marchant avec lenteur, le dos courbé, titubant, je m’accrochais à tout ce que je pouvais pour avancer. Les quelques gardes présents ne m’arrêtèrent pas. Ils ne m’aidèrent pas non plus. Aucun n’était jamais venu me sauver, alors que je hurlais de douleur entre les mains perfides de leur Maître. Parcourant les couloirs d’un pas malhabile, en m’appuyant contre les murs, respirant bruyamment, cherchant les portes menant aux jardins. Je pouvais entendre l’orage gronder et la pluie s’écraser contre le moindre obstacle qu’elle rencontrait. Ce n’est qu’au prix d’un grand effort, que j’arrivai dans les jardins. Descendant les marches menant au sentier, je parcourrai les nombreux mètres qui me séparaient de ma destination.

Laissant la pluie couvrir, me couvrir et mouiller la chemise qui se mit a épousé mon corps comme une seconde peau, laissant ainsi entrevoir, ce qui se cachait dessous. Et cela, je n’en avais cure. Continuant mon chemin, jusqu’au lac que j’avais découvert lors d’une de mes promenades. Passant entre les arbres, qui longeait le chemin de terre. Foulant de mes pieds nue l’herbe et la terre trempée. Trébuchant par moment, tombant dans la boue, me relevant encore et toujours. Je finis par arriver au lac. Il était grand, bordé d’arbres en tout genre, des plantes aquatiques sortaient de l’eau par endroit. Malheureusement, la beauté de l’endroit était gâchée, par l’orage, les éclairs et le tonnerre. Le ciel était couvert par des nuages sombres et noirs, recouvrant la zone d’un voile sombre. Mes larmes se mêlaient à la pluie, roulaient sur mes joues telles des perles. Je m’agenouillai et me mis à prier à haute voix. Suppliant les Dieux de me rappeler auprès d’eux.

- Oh, grandes divinités ! Écoutez, ma supplique ! Rappelez, auprès de vous, votre servante inutile. Le vermisseau que je suis se prosterne pour vous. Moi qui n’ai fait que vous servir durant toute cette courte vie, je vous le demande à genoux, dans la boue.

Continuant ma litanie sans fin pendant encore un moment. Je finis par penser que je n’aurais jamais de réponse. Alors, il ne me restait qu’une seule solution. Je me redressai sur mes jambes, puis j’entrai dans l’eau glacée, avançant sans aucune crainte, prête à en finir une fois pour toutes. Je m’immergeai avec douceur. Laissant le liquide translucide recouvrir ma tête, nageant jusqu’à ce que je ne puisse plus avoir pied. Là, je cessai de bouger, fermais les yeux et me laisse couler. Laissant pour unique et dernière supplique, un "pardonnez-moi". Me remémorant tous mes souvenirs, tous sans exception. Même les pires.

Soudainement, je sentis mon collier brûler. Ouvrant les yeux, je pus le voir qui ondoyait dans l’eau, devant moi. Une lumière pulsait de l’intérieur, donnant une impression d’un cœur battant. Je ne comprenais pas ce qu’il se passait. J’entendis une sorte de murmure, venu de loin. Des voix, qui parlaient, mais que je ne parvenais pas à comprendre. Des voix mystérieuses, douces et impérieuses. Peu à peu, je commençai à discerner des paroles venant de voix aux accents chantants. Elles devenaient plus claires d’instant en instant. Je pouvais enfin distinguer les paroles dites.

- Vivre … Tu dois vivre … Écoute-nous.

Il y avait comme un léger écho entre chaque mot prononcer. Un mélange de voix féminine et de voix masculine. C’était tellement étrange et pourtant, je souhaitais écouter ce qu’elles voulaient me dire. Des questions ne cessaient de fuser dans mon esprit. Car, plus que quiconque, je voulais comprendre ce que l’on attendait de moi.

- Toi seule as le pouvoir de te sauver. Toi seule sais de quelle manière y arriver.

Firent les voix, semblant essayer de me convaincre. Ils m’avaient abandonnée. Je ne pouvais pas leur faire confiance. J’étais déjà morte.

- Non, tu n’es pas morte. Seule, ton enfance t’a été volée. Mais, vivante, tu l’es toujours. Et tu dois le demeurer. Y croire. Tu dois y croire. Vivre … Tu dois vivre. Tu sauras … Tu sauras quoi faire. Car le feu de Ghelel brûle en toi. Nous ne t’avons jamais laissée seule depuis ta naissance. Le Cœur… Le Cœur est notre œil sur toi. Nous veillerons sur toi. Oui, nous veillerons. Intervenir directement nous est interdit. Tu dois trouver par toi-même les moyens de survivre. Ce monde a encore besoin de toi. Tu es l’une des clés de sa survie. Te battre … Tu dois te battre. Survis, survis… Puis vie.

Ces paroles, oh ! Combien énigmatiques, réveillèrent en moi une flamme que je croyais éteinte depuis des mois. La vie, la rage de vivre. Je la sentais affluer en moi, comme un torrent. La colère gronda à nouveau dans mon corps tel l’orage qui sévissait au-dessus du lac. Et la pression dans ma poitrine me prouva que mon goût pour la vie m’était revenu. Je me sentais oppressée, j’avais besoin de respirer. Je sentis alors quelque chose. J’eus l’impression que l’on m’avait frappé dans le dos pour me faire remonter à la surface. J’émergeai, en prenant une grande coulée d’air dans mes poumons. Et comme par miracle, je me retrouvai près de la berge. J’avais l’impression que les Dieux m’avaient ramenée en sécurité.

- N’oublie pas. N’oublie pas. Vie. Vie pour les âmes de ton peuple. Souviens-toi de qui tu es. Et d’où tu viens. Souviens-toi de ta promesse silencieuse. Vie.

Ces dernières paroles résonnèrent un moment dans mon esprit. Alors que je reprenais le cours de ma respiration normal. Allongée sur la berge, dans la boue, je pouvais voir que l’orage avait cessé et que cela faisait plusieurs heures que j’avais été immergée. La nuit était passée. Et surement que le Maître était parti à ma recherche. Il ne fallait surtout pas qu’il me trouve. Alors je me redresse et me lève. Ignorant, la tenue dans laquelle j’étais, je préférai faire le tour du lac. Me cachant de buisson en buisson, afin d’éviter d’être vue par les gardes qui apparemment me recherchait partout dans les bois. Zieutant un peu partout, cherchant une cachette, dans laquelle je pourrais patienter jusqu’à ce que les gardes cessent leurs recherches. Il me fallut quadriller la zone avec minutie et discrétion pour enfin trouver un tronc creux. Un trou sombre à même la terre entre les racines d’un vieux tronc d’arbre fut la meilleure cachette que je trouvai. Je me faufilai entre les racines, j’entrai dans l’ouverture béante et noire, me cachant tout au fond de cette espèce de tanière. Là, j’attendis patiemment mon heure. Car je ne devais plus tergiverser, végéter ou être la poupée de chiffons de personne. Je venais de subir une résurrection, on m’avait volé mon innocence, mon enfance, par conséquent, je me devais de me montrer adulte avant l’heure. Je devais survivre, par tous les moyens possibles. J’avais déjà tué, et cela ne me poserait donc aucun problème, de tuer à nouveau. Si c’était pour assurer ma survie alors ce serait sans hésiter une seule seconde. Oui ! J’avais souffert. Oui ! Je souffrais encore, mais il n’était pas question que je me laisse à nouveau mourir. On ne me brisera plus jamais, j’en faisais le serment.

Il me fallut attendre la journée entière. Mon ventre émettait des bruits légers, indiquant alors qu'il criait famine. Hélas, je ne pouvais pas m’en préoccuper. Les gens du domaine continuer à me chercher, ce porc voulait vraiment me retrouver. Et je ne voulais pas retomber entre ces mains. J’attendais la nuit, sachant que l’obscurité me cacherait en grande partie. La seule chance que l’on distinguerait ce serait la chemise que j’avais volée. Il me faudra surement en changer dès que possible et surtout récupérer des chausses et des bottes. Ainsi qu’une cape pour mieux me cacher. Je devais trouver un village. Mais avant ça, je devais quitter le domaine et trouver à manger. C’est donc à la nuit tombée que je sortis de mon trou. Me faufilant entre les mailles du filet, que les gardes représentaient, tel un serpent. À un moment, je me retrouvai derrière l’un d’eux, qui visiblement était occupé à se soulager debout contre un arbre. Je n’avais pas le temps de réfléchir. Soi, je passais, discrètement, mon chemin, et tentais de ne pas me faire voir, soi, je le prenais en embuscade, l'attaquant dans son dos, lui voler son poignard, pour le lui enfoncer en plein milieu du dos et enfin, l’égorger proprement. Les deux étaient risqués, mais si je choisissais la première option, je pouvais dire adieu à la possibilité de récupérer des armes et peux être un ou deux vêtements. Ce serait problématique, avoir une arme m’aiderait à chasser, ne pas en avoir ne ferait que me gêner et me forcerait à attendre la prochaine occasion. C’est donc la seconde option que je décidais de suivre.

Je m’avançai avec discrétion, tout en observant les alentours afin d’éviter de me faire surprendre. Lentement, je me plaçai juste dans le dos de l’homme, avançant ma main, j’empoignai le manche du poignard, qui était à moitié, dans sa botte. Je le dégainai avec une extrême prudence, puis je levai mon bras et enfonçai l’arme jusqu’à la garde, en plein entre les os de son échine. Il finit à genou et je l’empêchai de hurler, en retirant la lame pour ensuite trancher sa gorge avec force. Son cadavre gisait à mes pieds et je savais que je n’avais que peu de temps pour prendre ce dont j’avais besoin. Alors, je lui enlevai son pourpoint que j’enfilai par-dessus ma chemise. Récupéra sa ceinture que j’utilisai pour ajuster ma tenue. Puis je récupérai le fourreau du poignard que j’accrochai à la ceinture. Ces bottes et ces chausses seraient bien trop grandes pour moi, ce pour quoi je ne restai pas plus longtemps. Me dissimulant dans l’ombre, je continuai mon chemin, faisant attention a où mes pieds se posaient.

Bientôt, je me retrouvai aux pieds d’une falaise escarpée. Comprenant que je devais la longer pour trouver une issue, je cherchai un sentier qui me mènera tout en haut. Je ne le trouvai qu’au petit matin. Bien entre les arbres. Il fallait que je me dépêche, car je pouvais entendre les voix des hommes qui étaient à ma poursuite. Alors je commençai à gravir le chemin de terre et de roche. Le chemin était plus que cahoteux, difficile, je devais parfois escalader de gros rochers. C’était dur, mais il me fallait vraiment arriver en haut. Mes mains, déjà bien éprouvées, s’entaillaient sur la roche dure et coupante, tout comme mes pieds. Le sang me faisait rater mes prises, mais je parvenais quand même à avancer. Je faillis me retrouvais à mon point de départ, à force de glisser. Mais je tins bon. Pendant de longues heures, je continuai à grimper, même en étant épuisée et affamée, je grimpais, ne tenant que par la force de ma volonté et de ma détermination. Ce n’est que quand le soleil fut haut dans le ciel que je réussis à arriver tout en haut. Je m’écroulai sur le sol, hors d’haleine et épuisé. Laissant les rayons du soleil réchauffer ma peau. Reprenant ma respiration, je m’asseyais et pris un petit moment pour admirer la vue. Le soleil brillait sur une forêt magnifique. Je pouvais voir au loin le lac et encore plus loin, la silhouette du manoir qui m’avait volé mon enfance. Malgré la colère et la rancœur, je ne pouvais que m’émerveiller devant une vue aussi magnifique. Je soupirai lourdement, me leva et m’en alla. Reprenant ma route, au travers des arbres et de la végétation ambiante. Avançant rapidement, je fus heureuse de constater que je n’entendais plus les voix de mes poursuivants. Bien que, je fusse sûr, de les recroiser un jour.

Je mourais de faim, littéralement. Deux jours étaient passés depuis ma tentative de suicide, depuis ma résurrection, je n’avais pu que manger quelques racines et baies que j’avais pu trouver. Boire de l’eau venant d’un ruisseau, évidemment cela ne me suffisait pas, mais au moins j’avais pris quelques forces. Même si, cela était bien trop peu. Un matin, j’eus la surprise de voir au-dessus de la cime des arbres, de la fumée. C’était assez lointain, mais suffisamment près pour que je choisisse de m’approcher avec prudence. Cela, pris un certain temps, heureusement à un moment, j’entendis le tohu-bohu provenant d’une grande colonie. Dans ce royaume, j’avais appris qu’on les appelait villes et village. Donc, était-ce une ville ? Était-ce un village ? Ou juste un petit hameau perdu au milieu des bois ? Cela je ne le sus qu’après avoir dépassé la lisière de la forêt. L’endroit, était animé, pas autant que ma colonie. Je ne voyais pas beaucoup de joie ici, ni de bonheur. J’entrevoyais, de l’amour chez certaines personnes, et de l’indifférence chez d’autre. L’ambiance était tellement différente de celle qui avait résidé à Sashka, c’en était déroutant. Les chemins étaient emplis de boue et de gadoue. J’étais heureuse d’entendre les sons des gens qui devisaient ici et là, cela me rappelait tellement ce qu’avait été ma vie autrefois. Les huttes dans lesquelles vivaient les habitants étaient en pierre, comme le manoir. Sauf que ces pierres étaient d’un gris sombre et sale. Certaines étaient même noires et d’autre de couleur beige. De partout trainaient la crasse et les rats. En hauteur, attacher entre chaque bâtiment, des cordes où le linge propre avait été suspendu pour les laisser sécher. Sur les rebords des fenêtres ouvertes, des tartes et tourtes refroidissaient lentement. J’en avais l’eau a la bouche, car l’odeur des ces aliments cuisiner faisait gronder de faim mon estomac. Çà et là, des enfants jouant, les uns avec les autres.

C’est donc avec ravissements que je me rendis dans les ruelles sombres du village. Me cachant dans l’ombre, cherchant du regard parmi les vêtements suspendus, des vêtements d’enfant. Je savais que je ne trouverais jamais des vêtements de ma patrie, je devais donc m’habituer à porter les vêtements de ces royaumes, dont je n’avais pu que rêver, par le passé. Je cherchai donc une tenue a ma taille et complète. Hors de question de continuer à me balader les fesses a l’air. Car, même, si nous autres, filles et femmes de Sashka n’étaient pas pudique, je ne voulais pas que l’on voie les bleus et les plaies encore présentent sur mon corps. C’était pour moi des marques de honte, dont je porterais, jusqu’à ma mort, les cicatrices. Et surtout, je ne voulais pas que l’on sache que je suis une fille. Des mèches de cheveux emmêler me tombaient autour du vidage et la seule chose à laquelle je pensai alors, c’est que j’allais devoir me couper les cheveux. Les couper était aussi une manière de faire le deuil de cette enfance disparue. Je n’avais pas le choix, c’était obligé. Trouvant l’ensemble de vêtements tans convoiter, je profitai de la cohue pour voler les étoffes tans convoiter. Utilisant un cul-de-sac sombre, pour me changer. En jetant dans un coin les affaires que je portais auparavant. J’enfilai, une jambes après l’autre des chausses en velours brun, suivi par une paire de chaussures que j’avais chapardé a une bande de jeunes qui jouer pieds nus dans le ruisseau. Passant la chemise blanche par-dessus le tout. Je cerclai ma taille, de la ceinture sur laquelle je raccrochai le poignard. Poignard, je dégainai, restant un moment a observait mon reflet dans la lame, je finis par attraper mes cheveux et je les trancher net. Laissant mes mèches tomber sur le sol, je les contemplai longuement, en laissant une unique larme couler sur ma joue, la dévalant telle une goutte d’eau qui dévale un rocher. Elle quitta mon visage pour rejoindre les quelques cheveux éparpiller sur le sol boueux.

Séchant mes yeux d’un revers de la main, je continuai à couper tout ce que je pouvais. À la fin, je me retrouvai avec les cheveux aussi courts que possible. Après avoir rangé ma lame, je frottai ma tête avec mes deux mains, pour retirer les restes de mes cheveux. Puis, je quittai le cul-de-sac qui m’avait alors abrité. Retournant dans les rues plus animées, je me faufilai entre les passants avec agilité. Profitant de la foule, je réussis à voler une besace, puis une outre d’eau, près des étals de ce que je pensais être une sorte de bazar. Prenant, le temps de bien surveiller les alentours, je réussis à chiper une miche de pain, quelques fruits rouges dont j’ignorais le nom, et une tourte. Après avoir tout mis dans ma besace, et accrocher à ma ceinture mon outre d’eau. Je décidai de quitter l’endroit. Il ne fallait pas que je m’attarde, j’avais vu de loin des soldats interroger des gens. Pensant qu’il s’agissait de personnes à ma recherche, je préférai effectuer une fuite immédiate. J’avais de quoi tenir un moment sans trop mourir de faim. Il suffisait que je me rationne. Je quittai le petit village, retournant dans la forêt, je courus entre les arbres, essayant de m’être le plus de distance possible entre moi et les guerriers. En marchant, je pris quelques gorgées d’eau, mangea quelques bouchées de la tourte a la viande, qui était encore chaude. Manger et boire, me redonna des forces. Et le goût de la tourte à la viande me sembla le plus merveilleux de tous. Finissant rapidement ma bouchée, je continuai ma route tout en marchant au travers de la végétation, espérant trouver un endroit où je serais en sécurité.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Alexia Black ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0