C’était comme si elle avait prononcé une sorte d’incantation. Et à la fin de cette dernière, en entendit des pas lourds et lents se rapprocher. Bientôt, ces derniers révéleraient une ombre. Celle de l’anthropomorphe, le regard rageur et les crocs acérés.

— Tu te sens en danger ?! C’est étrange ! Pourtant nous ne sommes pas les plus dangereux ! Lança-t-il avec exécration. A présent très proche de l'humaine, seul Leifco faisait obstacle à sa conjoncture.

— Pas un pas de plus! Dit-il en lui jetant un regard cinglant.

Cet avertissement, fit apparaître un rictus sur le visage du mi-homme.

— Ne crois pas que ta parole à une quelconque importance ici. Ton statue d’Agarlestos ne t’aidera pas. Filestien reharas feas narus dradracas, reprit-il en collant son front contre celui du jeune homme. Toi et les tiens avaient sur vos mains le sang des milliers d’entre-nous.

— Ce n’est pas ce qui s’est passé ! Vociféra Leifco. Mon père ! N'a jamais voulu ça ! Dit-il en repoussant de toutes ses forces le filestien, qui perdit violement l’équilibre.

— Notre nom, Filestiens, signifie : Esprits libre ! Reprit la tortue d’une voix résonnante, mettant ainsi un terme au vacarme. Ensemble, nous œuvrons pour sauver tous les esprits ! Et je dis bien tous les esprits, insista-t-il, en avertissant Bân du regard.

 « Ce nom ! Je l'ai déjà entendu... mais où ? »

A cet instant, il y eut comme un déclic dans la tête de la jeune fille. Elle se souvint du journal télévisé. La dernière information parue dans l’actualité expliquait qu’un groupe de résistant s’attaquait à des kardolestos, conduisant ainsi ces derniers tout droit à leur mort. Les images montraient des cadavres blanchâtres, vidés, leurs âmes avaient à proprement parler quitté leur corps et leurs visages étaient marqués par la douleur, exposant un horrifique faciès, qui la marqua jusqu’à ce jour. Cet acte ignoble, vomitif, avait été attribué aux “ Filestiens”. Et il avait été expressément demander aux citoyens du monde entier de coopérer, afin de préserver la race humaine.