― Non ! tu as juste pris plus d’une heure à te préparer, maugréa-t-il, en serrant de toute ses forces l’extrémité de l’écharpe rouge, qu’il avait enroulée autour de son coup.

Alice ne pouvait répliquer. Car bien que grincheux, il avait totalement raison. Pour cause, elle avait réussi à intégrer la plus populaire des écoles de maître d’esprit, et allait y faire sa rentrée. La Silkaräs, “ L'École des maîtres”. Il y a peu, sa politique d’acceptation ne concernait que les enfants des familles principales. Et suite à l’évolution de la population spiritale, le conseil avait jugé nécessaire que chaque personne apprenne à utiliser le pouvoir des esprits, afin de garantir la sécurité des citoyens. Ainsi, pour se faire accepter dans l’un des plus grands établissement Luadonien , il fallait savoir utiliser un minimum le pouvoir de son spectre. L’école se situait en plein centre du seul coin de verdure de Luadoneo. Ce qui faisait d’elle un monument sacré. Lorsqu’on franchissait l’immense portail, on était vite impressionné par l’imposant bâtiment qui surplombait les autres édifices. Et sur ce dernier on pouvait y voir le signe du conseil, un gigantesque soleil noir. L’architecture était ancienne mais bien conservée. Et une multitude de fleurs, couleurs or et albe, ornaient les façades des nombreux bâtiments, apportant ainsi une dimension magique au lieu. Il était bordé par trois lacs, occupés par différents esprits aquatiques(Egualestos), qui, lorsqu’on se concentrait un peu, fredonnaient de sublimes chants venus d’ailleurs. Toutefois, ils étaient aussi réputés pour faire de mauvaises blagues aux élèves, qui s’y approchaient de trop près. Dans les couloirs, il y avait différentes sculptures en bronze, qui représentaient tous les héros de la première guerre entre mortels et immortels. Au centre du Hall, se tenait la statue de Rosalie Anton. Celle par qui tout avait commencé. Alice, la scruta impressionnée. La statue de la jeune femme était immense, et abordait une expression rêveuse tout en tenant son violon.

« Oui, nous sommes bien dans l’école spécialiste des maîtres des esprits de Luadoneo» et rien qu'à cette idée, elle était surexcitée. Lorsque soudain, une voix résonna derrière elle. Une voix qu’elle connaissait bien, et même très bien. C’était celle d’Emilie, sa meilleure amie qui affichait un grand sourire après avoir vu la composition des classes.

― Alice ! Je suis tellement contente qu’on soit toutes les deux dans la même classe.