Devant sa nouvelle demeure, Alice se sentait minuscule, et cette impression se confirma lorsqu’elle compta le nombre de fenêtres, que l’on pouvait apercevoir de l’extérieur. Elle ne pouvait s'empêcher de se demander, la mine rêveuse : « Combien de chambres peut-il y avoir ? »

La petite fille trépignait d’impatience à l’idée de visiter les lieux. Elle s’imaginait d’éternelles parties de cache-cache avec sa sœur dans d’immenses couloirs, et des longues séances d’essayage dans leurs nouveaux dressings. Ainsi, Emeric Airelle voyant les yeux émerveillés de la fillette, s’avança et ouvrit la porte.

Devant elle, se tenait un gigantesque escalier, à l’allure interminable. La jeune fille se tourna alors vers sa sœur, et les deux se mirent à sourire. Elles pensaient à la même chose. En les regardant, le grand-père comprit. Il fit donc l'effort de se mettre à leur hauteur et d’une voix douce et posée, les mains sur leurs épaules, il leur dit :

― Faites attention en montant, ne vous précipitez pas !

Cependant, l'enthousiasme avait pris le dessus, et les fillettes montèrent joyeusement les marches, deux à deux. Du bas, on entendait les couloirs se remplir d’éclats de rire et les portes claquer une par une. Au premier étage, Alice avait arrêté sa course pour se concentrer sur d’anciennes photos accrochées sur le mur. Là, elle reconnut sa mère. Cette dernière portait une longue robe blanche et affichait une douce expression. A côté, son père lui tenait la main, en affichant un sourire radieux. Elle eût pendant un court instant, l’envie de verser une larme. Mais, elle se ressaisit aussitôt. A côté des cadres, se dressait une armoire à porte transparente, de huit étagères, dans laquelle était rangé les certifications de la famille Airelle. Et en glissant vers la gauche, Alice pouvait les admirer très attentivement. Elle vit que les quatre premières rangés du haut étaient pleine. En voyant cela, elle se disait qu’il restait tellement de places, et qu’elle les remplirait certainement une fois devenue maître des esprits.