Chapitre 11

5 minutes de lecture

-Oh Jayd... Que dire. Je sais que tu traverses une passe difficile, mais nous parlons tout de même de l'avenir de Drew. Je comprends que tu n'as pas nécessairement la même éducation et les mêmes ambitions que mon fils mais il reste ardu pour moi de laisser mon chéri faire un tel sacrifice... Mais si tel est son choix, je suppose qu'il pourrait rester jusqu'à la fin de l'année. Est-ce même sans doute mieux; il ne faudrait pas que les universités pensent qu'il est quelqu'un qui abandonne avant d'avoir terminer. Oui. Drew, tu pourras rester jusqu'à la fin de l'année, pour ton avenir et Jayd, mais ensuite tu reviens à la maison, commence ton stage au cabinet et poursuit tes véritables études et j'espère que cela est clair. Franchement, la danse comme carrière ! 

Drew ressert son emprise sur mes doigts pendant quelques instants, puis s'éloigne embrasser sa mère en la remerciant de sa décision. Je dois avouer que même si ce n'est pas l'idéal, on a au moins le reste de l'année pour prouver que Drew est fait pour la danse et pas autre chose. 

La mère de mon copain décide de repartir rapidement, elle ne voudrait pas faire attendre son jet. Sa famille fait beaucoup d'argent depuis plusieurs générations et avec l'accumulation... Disons simplement qu'ils ne sont pas du tout en manque ! Et ce, malheureusement contrairement à la mienne par moment. Nous ne sommes pas en difficulté majeure, mais certaines fois nous devons nous limiter plus; je suis bien heureuse de pouvoir être boursière à l'académie ! En plus, la danse, l'art, c'est un monde merveilleux où les classes sociales s'effacent plus qu'ailleurs même si les contacts se montrent plus... 

Pouvant enfin passer un peu de temps seuls, Drew et moi sortons marcher sur le terrain de l'école. 

Il fait nuit noir. La visibilité est restreinte, mais au loin, les lumières rassurantes des grattes-ciel se font bien visibles. Le vent colle à notre peau, sa froideur me fait frémir. J'y suis étrangement plus sensible de nos jours.

Main dans la main, nous marchons en silence. Ta présence protège du froid ambiant, tes yeux brillent d'amour dans le noir. Toujours sans un mot, nous nous asseyons par terre, ma tête sur ton épaule, nos dos contre un tronc d'arbre.

Au final, c'est toi, qui comme toujours, parlé en premier: 

-Merci Jayd. 

Il marque une longue pause.

- Pour avoir tenu tête à ma mère. Enfin, discrètement, mais le résultat fut le même alors Merci, je sais à quel point il t'est ardu de prendre la parole et de mettre ton pied à terre devant tes parents alors de le faire contre ma dragonne de mère... Là tu m'as vraiment impressionné, tu sais ? 

J'ai le sourire qui se fend lentement, quasiment contre mon gré, jusqu'à mes oreilles. Les joues sûrement cramoisies, je réponds à ta jolie déclaration: 

- Premièrement, tu aurais indéniablement fait la même chose pour moi. Deuxièmement, j'ai réellement besoin de toi, tu m'aides beaucoup Drew, alors c'était aussi un peu égocentrique mon affaire. Et troisièmement, même si ça a moins rapport, qu'est-ce que tu veux vraiment faire de ta vie Drew ? Tu me dis tout le temps que la danse est la seule chose qui compte pour toi et pourtant tu hésites tout de même quand tes parents te disent de prendre leur place. Qu'est-ce que tu veux ? Rendre tes parents heureux, être riche et malheureux ou te rendre heureux, rendre les autres heureux et inspiré par ton art mais être moins aisé ? J'aimerais bien le savoir parce que pour vrai, je me perds dans tout ça. Je ne sais plus si je dois intervenir ou pas, si ce que j'ai l'intention de défendre est ce que tu veux pour vrai.

Il me regarde du coin de l'œil, semblant surpris. Il passe un bras autour de mes épaules me tire vers lui et me dit: 

-Alors défends-toi, parce que je veux pour de vrai, c'est toi. Ça sonne ringard et ça l'est un peu, mais c'est la vérité absolue. 

Je m'écarte de lui, un peu agacée et m'assoie en indien en face de lui. 

- Drew, j'essaie qu'on ait un conversation sérieuse. J'aimerais que notre relation fonctionne et pour cela, je crois qu'il faut que l'on soit capable de communiquer comme il faut... 

Il baisse la tête. 

- Je sais. Je suis d'accord, mais tu le sais, quand je deviens nerveux et que je suis avec toi, je déconne... Honnêtement, je ne sais pas ce que je veux. J'adore la danse et je ne veux pas arrêter, mais comment est-ce que je suis sensé aller à l'encontre de ce que mes parents me disent ? Si quelqu'un m'avait dit que la vie allait être comme ça en étant plus grand, je serais devenu un garçon perdu... 

Je ris doucement et inspire une grande bouffée d'air frais. 

- Ah Drew... Nous avons chacun nos combats à mener, moi c'est ma mésothéliome pleural, toi c'est tes choix de vie... Et je te connais ! Ne viens pas me dire qu'un cancer et des problèmes de fin d'adolescence ça n'est pas la même chose. En théorie peut-être pas, pas en pratique si... Il y a le doute, la tristesse et les déceptions, les espoirs et les chutes. Mais surtout, il y a l'autre. Je t'ai, tu m'as, nous nous avons et je jure que nous pourrons nous serrer les coudes jusqu'à la mort ! Ou plutôt, ma mort... 

Mon côté pessimiste prend souvent le dessus lorsque je suis fatiguée et sur les nerfs. Soit, assez souvent puisque la fatigue est l'un des principaux symptômes de mon cancer, avec les troubles respiratoires, la toux et la fièvre... 

Je ris jaune et je vois les traits de Drew s'assombrirent.

- Bien que j'apprécie ta franchise dans la mesure ou ta vérité est ce en quoi tu es convaincue, je crois qu'une certaine rectification est nécessaire, ou je vais vraiment avoir besoin de voir les résultats de tes derniers tests. TU-NE-VAS-PAS-MOURRIR-BIENTÔT ! 

Je pose un doigt sur ses lèvres.

-Mais baisse le son ! Toute la ville va t'entendre ! Je ne vais pas si mal; je suis simplement plus fatiguée et essoufflée qu'à l'habitude. Ça devrait passer ne t'inquiète pas, mais Drew, il faut que ça soit clair dans ta tête si nous formons un couple, j'ai déjà un pied dans la tombe. Et le reste de mon corps peut aller l'y rejoindre à n'importe quel moment, même si j'espère bien que ça ne sera pas tout de suite ! 

Il soupire, acquiesce, puis vient délicatement porter ses lèvres sur les miennes. Une caresse dans le coup, puis il dépose un dernier baiser sur mon front. 

- D'accord. Si ça peut arrivée à n'importe quel moment, nous devrons profiter de chaque instant et de chaque possibilité, donc demain soir, toi et moi, on se fait un resto-ciné et c'est non-négociable à moins que ce soit à cause de ton état de santé. Oh et en passant, je te connais aussi, il est hors de question que tu payes, surtout que j'ai plus qu'assez de cartes de crédit. 

Je souris discrètement, il a raison, il me connaît... 

-Aller rentrons ma Jayd adorée. 

En vrai gentlemen, il m'offre son bras et nous rentrons dans l'académie tel un adorable couple anglais à la Jane Austen.

Je paierais cher pour connaître sa réaction s'il savait que j'ai pensé ça !

Annotations

Vous aimez lire meggiej.14 ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0