Quand le garde vint me chercher, je me suis jeté à ses genoux, réclamant qu'il m'emmène sur le champ voir mon père. Ce dernier esquissa un rictus et ne se fit pas prier. Le vampire lui, nous regardait, silencieux et quelque peu décontenancé.

Le garde marchait devant moi, jetant parfois un regard en arrière pour voir si j'arrivais à suivre. Je peinais à avancer, la douleur me tiraillant les hanches et j'avais l'impression que faire un pas revenait à me prendre un coup de bois entre mes jambes.

 - Prince Drsifin, ça suffit.

Je me suis arrêté, apeuré. J'ai fermé les yeux alors que le garde s'approchait. J'ai été surpris en sentant le garde poser sa cape sur mes épaules puis l'enrouler autour de moi avant de me porter dans ses bras.

 - Quoi ?

 - Ne me faîte pas croire que vous arriverez à monter toutes ces marches sans peine. Je me doute bien que de se faire fendre ses chairs ne doit pas être une partie de plaisir.

Il m'adressa un sourire chaleureux, me réchauffant un peu le coeur. Je me disais bien qu'au fond d'eux ils m'appréciaient. Enfin, seulement quelques elfes.

Nous sommes passés, durant le gravissement des marches, devant plusieurs gardes qui nous regardèrent stupéfaits de la scène quelque peu ahurissante qu'on leur offrait. Tous restaient immobiles, n'osant plus nous quitter des yeux, leur valant notre fou rire. J'avoue que c'était vraiment hilarant et que ça faisait du bien de rire.

Au beau mileu des marches, le garde s'arrêta, les joues en feu et essouflé. Il me posa au sol, s'excusant. Puis il retira son casque, laissant l'air frais de la prison effleurer ses joues et ses cheveux. Il posa ses yeux sur moi et sans prendre la peine de me prévenir, il me mit son casque sur ma tête, se dernier trop grand pour ma tête. Il éclata de rire puis me reprit dans ses bras et reprit notre ascenssion de ces marches infernales, son pas étant beaucoup plus rapide.

Quand on arriva enfin dans les couloirs du palais, il me posa au sol, récupérant son casque. La vue de ces couloirs que je connaissais depuis petit et pourtant qui me semblaient si lointain me pinçait le coeur.

 - Mon Prince, nous pouvons reprendre notre avncée. Si vous pouvez me suivre je vous prie, annonça le garde en s'inclinant légèrement.

Je l'ai suivi, mes yeux se rhabituant à la lumière. Le personnel du palais en me voyant, furent surpris et s'écartèrent de notre chemin, murmurant à notre passage. Juste avec leurs têtes je pouvais deviner qu'ils étaient surpris.

En arrivant devant la porte de la salle du trône, le garde toqua et ce fut la surprise générale quand ce fut Theldir qui nous ouvrit et qu'il me vit. L'elfe fronça ses sourcils et hésita à nous refermer la porte au nez quand mon père ordonna à ce qu'on entre.

Nous avancions dans la salle, les domestiques murmurant et mon père me suivant du regard. Je me sentais oppressé mais j'agissais comme si rien n'était. J'ai passé une main dans mes cheveux sombres, mais ce geste me donnait mal aux hanches. J'ai grimacé et quand je vis mon père avec son horrible rictus ma queue fouetta l'air sèchement, serrant mes poings jusqu'à les faire craquer.

 - Grand Roi, votre fils Drisfin souhaite s'entretenir avec vous, annonça le garde alors que Theldir me dévisageait sans symphatie.

 - Bien, sortez, tous, répondit-t-il.

 - Mon Roi ! s'exclama Theldir.

 - Toi aussi, sors, répliqua-t-il en lui jetant un regard noir. Ça fait vraiment longtemps que je n'ai pas parlé avec mon fils seul à seul.

 - Bien mon Roi..

Tous partir après une révérence. Quand la dernière personne eut passée et fermée les portes, mon père sauta gracieusement de son trône, et atterit à ma plus grande surprise devant moi docilement. Sa chevelure châtain retomba dans son dos alors que ses yeux se figèrent dans les miens.

 - Je t'écoute, que me veux-tu donc ?

 - Crois-moi, cela ne m'enchante pas mais j'aimerais aller expier mes fautes au Grand Chêne.

 - Ohoh, en voilà une grande nouvelle ! s'exclama mon père avec un grand sourire. Mais, dis moi, pourquoi as-tu changé d'avis ?

J'ai baissé la tête, ne sachant pas quoi lui répondre. À vrai dire, je ne savais pas moi non plus pourquoi je voulais le faire. Mais je vais quand même lui donner une réponse, une réponse qui fera gonffler son stupide ego.

 - Je me suis rendu compte que cet humain ne m'apportait que du mal, je préfère retourner à mon rang royal et épouser une Elfe.

 - En es-tu sûr ? Est-ce vraiment la raison mon fils ? Ou alors, me mentirais-tu ?

 - Je...uhm... Libère Tom.. Et je me plierais à tes volontés..

 - J'en étais sûr ! Et bien, pour t'emmener expier tes fautes, j'accepte. Par contre, pour le jeune humain, je n'ai pas vraiment envie de le faire. Par sa faute des Démons sont aux abords de notre Royaume. Je me doute aussi que c'est toi qui l'as sauvé, répondit-il en me faisant dos. Pourquoi accepterais-je ?

 - Je ne sais pas.. Mais par pitié, accepte.

 - Oh et aussi, par sa faute nous avons reçu le fameux parchemin noir. J'ai un mauvais présentiment à propos de ce dernier. Alors je refuse. Oui pour expier tes fautes, non pour la libération de l'humain. Ce sont mes derniers mots.

 - Père !

Il repartit s'asseoir sur son trône, retirant sa couronne pour jouer avec. Son attitude m'horripilait et mes mains dégagèrent inconsciement du mana. Cela attira l'attention de mon père qui haussa ses sourcils me faisant prendre conscience de la situation.

 - Autre chose pour rester ici ?

 - Libère Tom.

 - Arrête de réclamer, tu es trop arrogant, s'énerva mon père en claquant des doigts.

Je me suis retrouvé à genoux, la tête baissée. Quand je l'ai relevé, je vis mon père pointer sur moi une épée. J'ai louché sur la lame qui était vraiment très proche de ma gorge. Il rigola légèrement et remonta la lame de mes lèvres.

 - Cette position t'est familière ? On dirait bien. À moins que vous ne l'ayez pas encore essayé entre vous.

Il recula sa lame, avec une moue agacée. Il posa son pied sur ma tête, la faisant presque toucher le sol. Il apuya encore plus et la froideur du sol me faisait avoir des frissons.

 - Bon fils, j'espère que tu comprends ta leçon. Apparement tu n'es pas très bien dressé. Et pourtant, tu fais bien l'animal.

Il enleva son pied, me laissant me relever. Je lui ai adressé un regard haineux et il me le rendit avec un sourire, son visage de profil. La lumière frappait dans ses yeux mais il ne cillait pas.

Il observa attentivement mon regard et soudainement, pour ma plus grande surprise, quelques larmes perlèrent aux coins de ses yeux. Son regard cristalin laissa place à un regard vide.

 - Père ?

 - Comment ? Oh, ce n'est que toi... Je vais le libérer ton humain, mais va-t-en.. Je vais demander à Theldir de t'emmener au Grand Chêne.

 - Père, vous allez bien ?

 - Va-t-en ! Bien évidemment que je vais bien ! Pour qui me prends-tu ? Allez sors avant que je ne change d'avis ! Theldir !

Le garde royal entra son regard s'étant adoucit entre temps. Il s'inclina et écouta attentivement les ordres de mon père. Il écarquilla ses yeux avant de sourire, m'adressant par la suite ce fameux sourire, ce sourire si chaleureux que j'avais connu.

 - Bien Grand Roi. Tels sont vos ordres. Prince Drisfin, je suis heureux que vous soyez retourné à la raison.

Il s'inclina une dernière fois et nous fit quitter la pièce. Il me jugea et finalement prit le chemin de la laverie. Dans les couloirs, la marche m'était un peu plus agréable que dans les escaliers, quoique, je n'avais pas vraiment marché.

En arrivant là-bas, des elfes s'attroupèrent sous les ordres de Theldir, m'apportant des habits dignes de ce nom.