Le Shériff Arrive

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épisode 4- Le Sheriff arrive

Le shérif Will Smith était quelqu'un de particulier.

La Cinquantaine, une carrure de quater-back, le nez écrasé, des petits yeux bleus, fouineurs et surtout une empathie désolée pour ses "administrés". Il les comparait souvent à une bande d'ados mal dégrossis.

Il ne buvait pas de bourbon, sa consommation de bière se réduisait à celle accompagnant ses repas et a un ou deux extras après le boulot.

Il ne regardait à la télé que des vieilles séries du genre " Mannix" .

Mais il n'avait pas son pareil pour calmer les bouseux du coin, faire goûter aux éthyliques le confort des cellules de Domcity.

Ralph était l'un de ses principaux clients.

Si celui-ci avait pu aligner trois phrases sans faute, il aurait pu rediger des notices sur le confort des cellules de la petite prison de la ville et la qualité de son personnel.

Et justement Will était inquiet. Depuis plus d'un mois, Nelson ne lui avait pas rendu visite, ni en temps qu'invité -forcè- , ni en temps que plaignant.

Les plaintes de Ralph visaient en général les papistes de la ville- Quelques irlandais qui fêtaient le dimanche au saloon après la messe- et les animateurs de radio qui se risquaient à des plaisanteries sur la musique country.

Une telle abstinence prolongée chez Ralph n'avait été relevé qu'une seule fois: Lors du passage dans sa bonne ville du Révérend Versy, l'une des idoles du coin, qui déblatérait sur un complot entre les Chinois, L'ONU, les Marsiens, le Pape et Washington pour empêcher les bricoleurs américains de satisfaire leurs penchants avec du matériel national.

Généralement, cela n’annonçait rien de bon.

C'est pourquoi, avec son véhicule brinquebalant il se dirigeait vers la cahute de Ralph.

Sur son chemin, il remarqua que Delmer Rush, le quincailler avait encore affiché sur sa boutique un écriteau mentionnant: "Vente exceptionnelle d'Alcool de Poulet Américain".

Les inventions gastronomiques du commerçant étaient souvent étonnantes et ses effets aussi imprévisibles que consternants.

Il lui revînt en mémoire son " Vin d'Orge" qui avait emmené directement le curé Maconry et sa poignée d'irlandais à l’hôpital, après la messe de dimanche, ou pendant dix jours ils avaient hurlé " Danny Boy" à des infirmiers au bord de la crise de nerfs.

Will aurait bien voulu qu'on donne à l'inventeur une bonne amende mais le juge estima que ces papistes l'avaient en somme un peu cherché.

Le curé lui-même avait confirmé: Il avait vu dans cette boisson, une alliance inédite entre le pain et le vin, entre le corps et le sang.

Le shérif hésita un moment, ralentît,puis poursuivît sa route.

Delmer attendrait. Le silence de Ralph était plus inquiétant.

Il avait encore en mémoire le souvenir douloureux du passage du Révérend Versy- oui,lui-et des des incidents qui avaient suivis.


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