Chapitre 44 Les quatre vivants

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Nous étions en retard. L’ami de Maximilien était parti depuis longtemps, mais nous avait laissé un message sur le lieu du rendez-vous. Nous avions pour instruction de rentrer dans l’église et d’attendre son prochain passage. Nous en profitâmes alors pour nous reposer. Isabelle et moi-même n’avions aucun problème avec les édifices religieux, elle me confia même qu’elle avait toujours été croyante, même du temps où elle était humaine. Je compris alors qu’il existait toujours un fossé générationnel entre nous. Elle savait beaucoup de choses que j’ignorais. Pendant qu’elle prenait quelques minutes à elle pour se recueillir devant l’autel, je pris la décision de la laisser tranquille et en profitais pour admirer les œuvres classiques qui ornait l’édifice. C’est alors que mon attention s’arrêta sur une scène en particulier.

« Mon père ! »

Le prêtre qui officiait à Saint Sulpice fut surpris de me voir troubler ainsi la paix de ce sanctuaire, mais en homme patient, accepta d’initier l’être impur que j’étais.

« Que puis-je pour vous mon fils ? Demanda-t-il.

Essoufflé, je lui montrai du doigt, un large tableau à demi éclairé par le crépuscule.

-Mon père, cette peinture ! Que signifie-t-elle ?

Le prêtre s’avança calmement, étendit son bras et déclara :

-Il s’agit d’une allégorie figurant dans le livre de l’Apocalypse. Vous avez là les quatre vivants, plus connus sous le nom des quatre cavaliers.

Pendant que le soleil se couchait, sa lumière à travers les vitraux se dissipait hors du tableau.

-L’énigme… Pensai-je à voix haute. Retrouve les quatre êtres vivants…

-Je vous demande pardon ?

-Mon père, ces cavaliers, est-il possible qu’ils existent vraiment ?

-Il est assez difficile de répondre à cette question, mon fils. Voyez-vous, Jean l’évangéliste à rédigé la Révélation alors qu’il était prisonnier des romains. Il s’est appliqué à nous transmettre son message grâce à des figures allégoriques. Selon mon opinion personnelle, le livre de l’Apocalypse est une parabole destinée à nous avertir de ne jamais nous laisser abuser par de faux prophètes.

-Vous croyez aux forces du mal, mon père ?

-Bien sûr. Mais le mal peut prendre différents visages. Et parfois il se déguise en bien. C’est pourquoi il faut toujours le mettre à l’épreuve et ne pas hésiter à douter.

L’énigme des quatre vivants avait peut être pour clé le livre de l’Apocalypse. Mais à quoi le seigneur Bertolucci pouvait-il faire référence ? Je me dis que les cavaliers pouvaient être une allusion aux quatre seigneurs restants.

-Mon père, à votre avis, à quoi pourrait faire référence les quatre vivants ?

Il prit un air dubitatif, se gratta le menton, tout en observant le tableau. On pouvait y voir Quatre chevaux galopant, tels des destriers, montés par quatre personnages énigmatiques.

-Pour certains, les quatre vivants sont un clin d’œil à Zacharie. Mais d’autres vont chercher plus loin dans le livre d’Ézéchiel. Lorsqu’il décrit sa rencontre avec quatre chérubins, il leur attribut des traits mi-humain, mi-animal. »

J’étais sidéré. Un prophète de l’Eglise aurait-il été en contact avec les nôtres ? Eut-il été possible que le prophète Ézéchiel eusse été le tout premier gardien du secret ? Il était encore trop tôt pour extrapoler. Il est parfois facile de voir dans une image ce qu’on désire le plus au monde. Pour le moment, je devais me concentrer sur l’énigme de Lorenzo. Isabelle, qui avait entendu notre conversation, vint nous rejoindre. Elle semblait également troublée par les propos du prêtre. Après s’être présentée, elle demanda quel vivant était considéré comme le plus pâle de tous.

Le prêtre dit alors :

« En réalité, la robe ne concerne que le cheval. Celui que vous recherchez est le quatrième, le plus redoutable de tous : Et je vis paraitre un cheval pâle, celui qui le montait se nommait la Mort, et l’Hadès le suivait.

Il me désigna le cavalier, au fond du tableau. Je pus voir qu’il tenait dans sa main une immense faux.

-L’image que l’on a de la faucheuse, ça vient de lui ? Demandai-je.

-Probablement.

-Le sang a l’air d’avoir une grande importance dans la symbolique chrétienne.

-Le sang est la vie, mon fils. Buvez en tous car ceci est mon sang versé pour vous, le sang de l’alliance nouvelle…

-Le sang d’un seigneur, le cœur de Lorenzo… Je commence à comprendre…

-Le sujet semble vous intéresser, est-ce pour une étude ou souhaitez vous approfondir vos connaissances ?

-Disons que c’est une quête.

-C’est pourtant clair, ajouta Isabelle. Nous devons retrouver un cheval pâle en plein Paris.

-Vous avez vos raisons, répondit le prêtre. Mais n’oubliez pas mes enfants, quelque soit la finalité de votre quête, vous devrez garder à l’esprit que rien ne doit entraver le salut de votre âme. »

Nous remerciâmes l’homme d’Eglise, avant qu’il ne reparte officier, puis nous restâmes tous deux, Isabelle et moi face au tableau de l’Apocalypse.

« Un cheval pâle… À Paris…

-Ça va être compliqué, répondit Isabelle, il y a des centaines de chevaux dans Paris, rien qu’en comptant les statues équestres, et je ne parle pas des peintures et des bas reliefs.

-Nous allons devoir nous concentrer sur ce qui existait à l’époque de Lorenzo, ça devrait réduire notre champ de recherche. Nous allons devoir rappeler Victor. »

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