Chapitre 17 Imposture

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Alors que le bibliothécaire me tendait le livre et la fiche après l’avoir remplie, je me souvins soudainement du moment où j’avais déjà vu ce geste.

« Le contrôleur du train ! Mais oui, c’est vous. Mais alors, ça veut dire que…

L’employé posa le livre et baissa la tête. Je pouvais remarquer qu’il pouffait de rire. Dans le même temps, je ressentais une fois encore cet étrange frisson qui m’indiquait la présence d’un buveur de sang.

-Je me demandais jusqu’où je pouvais aller avant que vous ne me reconnaissiez.

Lorsqu’il me montra à nouveau son visage, je pus clairement distinguer ses crocs et reconnaitre ses yeux rouges caractéristiques. Je fis un bond en arrière, terrifié.

-Oh merde ! Mais vous êtes un…

-Je vais être honnête avec vous, cela fait longtemps que je ne travaille plus ici, je ne suis pas contrôleur. Le vrai contrôleur qui devait être dans le train ce jour-là a eu un empêchement, malheureusement pour lui.

-C’est vous qui avait laissé ce pauvre homme pour mort dans le train !

-J’admets, j’y suis allé un peu fort, mais je ne l’ai pas tué. Il fallait bien que je recharge mes batteries pour affronter la reine. Nous avons une occasion unique de la vaincre, elle ne peut plus mordre, grâce à vous j’en ai la certitude à présent.

-Vous voulez tuer Isa ?

-Tout de suite les grands mots ! Bien sûr que non ! Je veux juste lui emprunter un peu de son pouvoir

-La lévitation ?

-Non l’autre, le plus puissant de tous. Celui qu’elle cache, même à vous,

-Enfin, elle n’a pas d’autre pouvoir !

-Oh si ! Vous pouvez me croire, elle en a un autre. Ne vous fiez pas à son air innocent, c’est une tueuse sanguinaire, pourquoi croyez-vous qu’elle ait été bannie.

Le vampire aux yeux rouge était parvenu à instauré le doute au fond de moi. Je dois dire que je ne m’étais pas posé la question. Isa recherchait-elle vraiment une vie normale ou voulait-elle simplement se venger ? Quel était ce mystérieux pouvoir avec lequel elle cherchait à renouer ?

-Quel que soit ce pouvoir, je ne permettrai pas qu’il vous revienne.

-Mauvaise réponse ! »

Le vampire m’attrapa par le cou et me colla contre le mur. Je pouvais ressentir la puissance qu’il dégageait comme une ondulation autour de lui qui m’électrisait.

« En attendant que ton amie revienne, je me contenterai du tien !

-Vous perdez votre temps, dis-je d’une voix étouffée. Je n’ai aucun pouvoir !

-Alors, dans ce cas, pouvez-vous me dire d’où vous vient votre capacité à me détecter ? J’ai fait tout ce qu’il fallait pour dissimuler mon odeur, mais vous, on dirait que cela ne vous dérange pas. Vous avez été capable de me trouver dans une voiture différente à bord d’un train. Je sens qu’un pouvoir comme celui-là me sera très utile. »

Il commença à me mordre avec bien plus de violence que ne l’aurait fait Isabelle. Cette fois-ci, cela faisait très mal, il ne prenait même pas la peine de m’anesthésier avec son venin. Peut-être voulait-il que je ressente tout.

Je pouvais entendre mon cœur qui battait de plus en plus vite, nourrissant la bête pendue à mon cou. J’espérai avec les dernières forces qu’il me restait l’arrivée d’un miracle, quand soudain, une violente impulsion projeta mon agresseur sur dix mètres en arrière, brisant deux étagères qui s’effondrèrent sur lui. Isa avait entendu mon cœur s’emballer et était revenue.

« Isa, c’est le vampire du train ! Lui criai-je tout en m’effondrant.

Elle fit briller ses yeux et se tourna vers moi.

-Tu vas bien ? »

Malheureusement, elle n’eut pas le temps d’entendre la réponse. Le vampire aux yeux rouge était déjà dans son dos et elle n’avait toujours pas la capacité de le sentir. Il attaqua Isa par surprise et la rua de coups pendant qu’elle se protégeait tant bien que mal.

« Eh bien, reine Isabelle, je vous pensais plus forte que cela, dit-il.

-Je ne suis pas Isabelle ! Répondit Isa.

Elle lévita et administra un coup de pied à mon agresseur avant d’utiliser le flash de mon téléphone portable pour l’aveugler. Le vampire se frotta douloureusement les yeux comme s’il eut été victime des effets d’une flash bang.

Isa me prit par le bras et nous prîmes la fuite. Une fois à proximité de l’entrée du bâtiment nous fûmes accueillis par des unités d’intervention de la Police, en tenue de combat, accompagnées par un homme étrange vêtu de noir qui se tenait derrière eux. Celui-ci cria d’un seul coup :

« Elle, c’en est une ! »

Confrontés à Isa sous sa véritable forme, les policiers ouvrirent le feu. Puisant dans les dernières réserves d’énergie que je lui avais fournies, Isa me prit dans ses bras et traversa la fenêtre, la faisant voler en éclat. À l’approche du sol, elle lévita de nouveau afin d’amortir notre chute. Malgré tout, l’impact fut violent, je l’entendis pousser un râle de douleur pendant qu’elle se relevait. Je l’aidais à se mettre debout et nous prîmes la fuite à travers les ruelles étroites de Paris.

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